jeudi 25 janvier 2007

Démystifier l'homosexualité chez les jeunes...





Marie Houzeau, directrice du GRIS-Montréal
Par : Élisabeth S.-Brousseau [ inter-vues@hotmail.com ] [

On avait rendez-vous entre Noël et le jour de l’An. J’étais à peine remise de mes frasques et autres activités nocturnes du temps des fêtes… Elle, fidèle au poste, était au bureau, profitant des vacances des autres pour faire avancer ses dossiers, j’imagine. J’ai voulu la rencontrer. Ou plutôt, rencontrer la directrice du GRIS (Groupe de Recherche et d’Intervention Sociale gaies et lesbiennes). On m’a parlé de cette association dans des termes, ma foi, extrêmement flatteurs. « Une association intelligente. Avec des bénévoles hors pair. » « Des gens issus de toutes les sphères de la société, qui prennent le temps. C’est pour la cause, ils y croient. » Marie Houzeau, directrice du GRIS- Montréal, était ravie de me rencontrer.

Elle est Belge d’origine. C’est à cause de Josée qu’elle a émigré (après l’avoir rencontrée sur le Net). Elles vivent toujours ensemble. En fait, c’est sa belle qui serait allée la rejoindre en Europe si la Belgique avait été ouverte à l’immigration. Et puis, l’accent québécois, la grisaille de nos hivers et nos valeurs sociales l’ont conquise depuis maintenant sept ans. Elle a toujours fait du bénévolat. Marie est impliquée dans la sphère communautaire depuis très, très longtemps. Que l’on parle de développement et d’aide internationale, d’organismes de charité, de regroupement pour les droits des femmes, Marie a toujours été là pour l’aspect organisationnel et la formation, ses deux spécialités. Puis, elle a entendu parler du GRIS. Elle s’y est intéressée, devenant rapidement bénévole. En 2005, le directeur général prend sa retraite et Marie est toute désignée pour le remplacer.
Le GRIS-Montréal est un organisme – et le seul à Montréal d’ailleurs – qui démystifie l’homosexualité dans les écoles. Le GRIS et ses bénévoles œuvrent principalement aux niveaux secondaire et collégial (à quelques exceptions près). L’impact du travail qu’ils font est manifeste. Ils envoient un gai et une lesbienne devant des classes entières pour défaire, voire déconstruire les préjugés à l’endroit des homosexuel(le)s. Simplement, en racontant leur vie. Comment ils ont su qu’ils étaient gais ou lesbiennes. Comment leur coming-out s’est déroulé. Le premier chum. La première blonde. La réaction de leur entourage, les parents, les ami(e)s. L’amour, l’acceptation de soi, les relations, le Village, le sexe, la religion, le mariage, les bébés… Tous les sujets y passent. Un maximum de thématiques sont abordées pour démystifier, pas pour justifier, mais pour expliquer. Parce que lorsqu’on connaît quelqu’un qui « l’est », qui « le » vit, qui « le » fait, ça désamorce la force des préjugés. Surtout pour le gai ou la lesbienne qui se découvrira plus tard dans cette classe-là et qui pourra peut-être mieux l’accepter, mieux s’accepter.

Ainsi, après avoir débuté la rencontre en lançant des pistes sur leur vie, le gai et la lesbienne de service se rendent disponibles pour la période de questions. Et les jeunes s’en donnent à cœur joie avec leurs colles. Et aucune question : « Comment vous êtes-vous aperçu que vous étiez homosexuel? », « Dans votre couple, qui fait l’homme, qui fait la femme? », « Êtes-vous fidèle? », « On dit que vous pouvez vous reconnaître entre vous. Comment faites-vous? », « Pourquoi avez-vous un défilé, un Village, des Jeux gais? », « Pourquoi certains gais sont très efféminés et certaines lesbiennes très masculines? ». Ces bénévoles, ces gais, ces lesbiennes, prennent le temps de se raconter aux jeunes. Il n’y a pas de réponse unique à leurs questions, chacun y va de sa perception personnelle de la chose. De toute façon, on ne se lance pas dans les grands discours sur la génétique ou l’acquisition sociale de traits typiques du sexe opposé! Souvent, c’est l’expérience qui parle. L’objectif est de démystifier, et ce, auprès de jeunes et d’adolescents. Le GRIS oblige chaque candidat intervenant à suivre une formation complète avant de lui permettre de se lancer dans les classes pour ouvrir son cœur, son passé, son expérience personnelle, parfois même un peu son intimité.

Le GRIS veut développer davantage d’outils et produire des statistiques probantes sur l’homosexualité. Marie m’explique qu’un questionnaire est passé avant l’exposé, puis à nouveau après la période de questions. Une amélioration nette est perçue dans les résultats. De « mal à l’aise » qu’ils étaient au départ, les jeunes deviennent « à l’aise » et de « à l’aise », ils deviennent « très à l’aise » avec la chose homosexuelle. Voilà plus de dix années que le GRIS-Montréal récolte des données sur la perception des jeunes par rapport à l’homosexualité. S’ils avaient plus de revenus, un chercheur à temps plein pourrait les colliger et les traiter. L’organisme pourrait ainsi améliorer ses méthodes d’intervention, intégrer une vision positive de l’homosexualité dans le cadre scolaire et, plus globalement, améliorer encore davantage l’image des gais et des lesbiennes.
J’observe le matériel publicitaire du GRIS, les affiches qui sont installées dans les écoles. Je demande à Marie pour quelle raison ils choisissent toujours des hétéros pour leurs campagnes de promotion. Elle me tend un carton publicitaire, largement distribué, où l’on voit France Castel, Pierre Gendron, Vincent Gratton, Charles Lafortune et Dominique Pétin devant un tableau vert affichant le message : « Nos enfants ne seront pas homophobes ». Puis, elle me tend un autre carton sur lequel on voit le comédien Gilles Renaud disant : « En tant qu’hétérosexuel, il me paraît essentiel de m’adresser à d’autres hétérosexuels pour leur dire que l’homophobie, au même titre que le racisme, n’est pas tolérable dans notre société… » Je suis bouche-bée et félicite Marie et son équipe pour ces concepts marketing accrocheurs, voire prenants.

La conversation s’anime. Comme partout, souvent, on se demande où sont les femmes. Où se cachent les lesbiennes? Au GRIS, un des organismes communautaires gais les plus mixtes, on ne retrouve qu’environ 35% de femmes. Et une faible proportion de minorités ethniques. Pourtant, les jeunes ont besoin de voir des personnes qui leur ressemblent : ça facilite la démystification. Marie a longtemps fait ce travail de terrain et sait combien ça peut être important dans la vie d’une fillette de 13 ans de voir une lesbienne pour qu’elle puisse s’y identifier, si besoin est. Dans les projets futurs du GRIS, Marie a en tête la poursuite de la démystification de l’homosexualité dans les classes d’accueil, pour les immigrants tout chauds arrivés. Pas pour leur faire peur, mais pour leur montrer qu’au Québec, ils rencontreront des gais, des lesbiennes : un voisin, un ami, un collègue de travail, un patron… Certains viennent de pays où la peine de mort est ce qui attend les gais. Ils doivent s’adapter à une nouvelle réalité qui, chez nous, est en pleine révolution. Marie Houzeau et son équipe veulent continuer d’améliorer les choses. Parce que l’homophobie n’a plus sa place en 2007, mais qu’il faut continuer de travailler pour l’enrayer.

mercredi 24 janvier 2007

Une bande dessinée originale....



Une vie à travers la littérature

L'autobiographie éblouissante d'une lesbienne américaine figure parmi les 50 livres sélectionnés pour le palmarès du Festival de la bande dessinée d'Angoulême.

Titre: Fun Home. Une tragicomédie familiale
Auteurs: Alison Bechdel, Corinne Julve, Lili Sztajn
Editeur: Denoël Graphic
Autres informations: 236 p. en bichromie


Ariel Herbez, Samedi 20 janvier 2007

La bande dessinée, on le sait depuis Rodolphe Töpffer, est une expression littéraire singularisée et magnifiée par le mariage du texte et de l'image. Mais il est rare qu'on se laisse emporter par la qualité incandescente d'un texte sans que le dessin soit relégué à un rôle mineur de faire-valoir, que ce soit du fait du lecteur absorbé par le verbe, ou de l'auteur dont le talent de dessinateur ne serait pas la préoccupation première.

Fun Home, autobiographie minutieuse et saisissante de l'Américaine Alison Bechdel, 47 ans, publiée en français par Denoël Graphic, fait partie de ces réussites harmonieuses, avec un texte - bulles, récitatifs, inserts - brillant et un dessin minutieux, qui refuse l'épate mais joue un rôle capital de témoignage pour la compréhension du cadre et des personnages. Le livre est à juste titre sélectionné parmi les cinquante œuvres qui entrent en lice pour le palmarès du Festival de la bande dessinée d'Angoulême, qui se tient la semaine prochaine, du 25 au 28 janvier. Et son auteure fera le voyage, pour un débat des Rencontres internationales samedi.

Publié en feuilleton l'an dernier dans Libération, le livre d'Alison Bechdel a soulevé l'enthousiasme aux Etats-Unis. Malgré son humour apparemment détaché (une forme d'autodéfense à coup sûr), il n'est pourtant pas de la pâte habituelle du best-seller. Il est tout entier traversé par la mort, celle de son père, fauché par un camion, certainement un suicide camouflé (à 44 ans, à trois jours près au même âge que l'écrivain Scott Fitzgerald, on verra l'importance de ce rapprochement, et après avoir ostensiblement laissé traîner La Mort heureuse d'Albert Camus dans la maison). Le récit entrecroise, dans une relation troublée, la révélation pour l'auteure de sa propre homosexualité (par la lecture et l'esprit plus que par la chair, note-t-elle) déjà subodorée depuis l'enfance, et la découverte tardive de l'homosexualité de son père, secrète mais sous-jacente dès le début.

De plus, Alison Bechdel, à partir des notes plus ou moins assidues de son journal, réfléchit, s'interroge, triture, pour les comprendre, sa vie et celle de sa famille (moins une famille qu'une «colonie d'artistes» autistes, décrit-elle, «nous n'avions que nos moi»). Elle ne se contente pas d'ahaner un récit en se cantonnant à l'ennui existentiel et aux broutilles du quotidien, comme c'est le cas de trop d'autobiographies dessinées, ni à une linéarité chronologique fastidieuse.

Ce travail sur elle-même lui a pris sept ans, cloîtrée, perdant tout intérêt pour autre chose, distendant ou perdant relations et amitiés: «Je l'ai fait parce que j'avais à le faire», disait-elle au Washington Post en juillet dernier. Sa famille en revanche, sa mère pas ravie et ses deux frères, n'a pas fait obstacle à l'écriture du livre ni à sa publication; elle le souligne et leur rend hommage avec cette dédicace à la fois affectueuse et un brin cynique adressée à maman, Christian et John: «On s'est bien amusés malgré tout.»

Bruce Bechdel enseigne la littérature anglaise à des élèves apathiques dans une petite ville de Pennsylvanie, mais il est aussi thanatopracteur, ayant hérité de l'entreprise funéraire familiale. C'est la Fun Home du titre, pour Funeral Home, mais aussi pour le fun, baptisée ainsi par les enfants de la famille qui y trouvent une source inépuisable de jeux et d'amusement, dans la proximité familière de la mort. Le père entretient et restaure la maison et le jardin avec une maniaquerie obsessionnelle, qui le pousse à une tyrannie domestique soft, mais pas moins insupportable. Il se préoccupe plus du bon goût et du juste ton décoratif d'une volute tarabiscotée, d'un meuble retapé ou d'un habillement que de ses enfants. Une autre façon de cacher la réalité des choses, en relation avec son refoulement, note Alison, qui découvre l'intérêt de son père pour elle ne s'éveiller qu'à l'âge où ils peuvent trouver une complicité sporadique dans leur passion commune pour la littérature.

D'ailleurs, et c'est l'aspect passionnant du livre, toute la vie de la famille est lue à l'aune de la littérature, dans des allers et retours vertigineux et des transpositions étonnantes avec les œuvres de Fitzgerald, Proust, Camus, Joyce, Wilde (et son procès pour homosexualité). «C'est en termes de fiction que mes parents m'apparaissaient les plus réels», écrit Alison Bechdel, qui fait cette confession étonnante, lorsque son père lui annonce qu'il doit aller consulter un psychiatre: «Le rapprochement soudain de ma vie terne et provinciale avec un cartoon du New Yorker [un patient sur un divan] était enivrant.»

mardi 23 janvier 2007

Le réchauffement de la planète...



Un scénario terrifiant

pour notre planète


Les conclusions d’une importante étude internationale sur le réchauffement climatique
offrent un véritable scénario apocalyptique.

Selon les auteurs, les changements s’opèrent plus rapidement que prévu
et les résultats seront plus dramatiques que ceux annoncés.

Plus de 500 auteurs, secondés par des centaines de chercheurs,
travaillent depuis des mois à la préparation d’un rapport d’évaluation pour les besoins
du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Avant sa présentation prévue en février, le journal britannique The Observer a obtenu une ébauche.

Première constatation de ce document très attendu par les leaders écologistes du monde entier : les citoyens doivent se préparer à affronter une multitude de phénomènes climatologiques.

Ainsi, nous devrons faire face à un plus grand nombre de tempêtes dévastatrices et à des élévations de température beaucoup plus fréquentes. Les auteurs prévoient également que le niveau océanique devrait augmenter d’environ un demi-mètre d’ici à la fin du présent siècle, que la neige pourrait disparaître dans la plupart des régions sauf sur les plus hautes montagnes et que les zones désertiques continueront de s’étendre.

On fait également le point sur les changements de température. Pour l’instant, une hausse moyenne de 0,6 degrés Celsius est observée. Les chercheurs croient cependant que cette augmentation pourraient atteindre les 3 degrés d’ici à 2100. Les plus pessimistes parlent même de 4,5 à 5 degrés.

La fonte de la calotte glacière, l’augmentation du niveau océanique, la multiplication d’inondations, d’ouragans et de tempêtes seront les conséquences inévitables de ce changement. De leur côté, les océans vont devenir plus acides, ce qui engendra la perte de récifs de coraux et d’atolls.

Ce rapport a comme principale caractéristique de rassembler les points de vue de divers experts des changements climatiques dans le monde ayant des opinions très différentes quant aux scénarios à entrevoir. Alors que certains prédisent le pire, comme c’est le cas avec les exemples énumérés, d’autres se font plus rassurants.

«Je crois qu’il ne faut pas avoir peur d’être trop alarmiste, dit Daniel Breton, porte-parole de la Coalition Québec Vert Kyoto. C’est maintenant une réalité et il faut accepter de la regarder en face. En fait, j’ai très hâte que ce rapport soit rendu public dans son intégralité. Quand je regarde la façon dont l’Amérique du Nord gère les programmes reliés aux changements climatiques, je me dis qu’il lui faut une taloche. Et ce rapport sera à mon avis la taloche nécessaire.»

Daniel Breton est persuadé que ce rapport aura un grand impact. «Le GIEC a présenté une étude similaire en 2001 et elle a confirmé que l’homme était réellement responsable des changements climatiques. Celle-ci va prouver ce que d’autres rapports affirment depuis quelque temps : que ces changements progressent plus vite que prévu.»



Un impact socio-économique



Au-delà des effets des changements climatiques sur l’écosystème, le rapport note que les impacts seront extrêmement importants d’un point de vue socioéconomique. Ces catastrophes forceront des millions de personnes à fuir leur habitat, particulièrement les régions tropicales situées à basse altitude. Ce phénomène engendra des vagues de mouvements migratoires qui bouleverseront plusieurs pays, même les plus riches.

«Nous en sommes là, dit Jean-Pierre Revéret, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. On réalise enfin que ce phénomène est multidimensionnel et qu’il aura un impact socioéconomique. C’est ce que laissait déjà entrevoir le rapport Stern l’automne dernier.»

Dirigé par l’ex-économiste de la Banque mondiale Nicholas Stern, le rapport Stern arrivait à la conclusion que pour contenir les émissions de gaz à effet de serre, les pays devaient réinvestir 1% de leur PNB par an. Une avalanche de commentaires flatteurs et de critiques avait accompagné la parution de cette étude.

Avec plus ou moins de succès, les changements climatiques font maintenant partie des préoccupations des grands gouvernements à l’échelle mondiale. Il est de plus en plus difficile pour eux de baisser les yeux sur les phénomènes ambiants et les mesures à adopter pour les contrôler.

«Nous connaissons bien sûr l’existence de ce rapport, dit Mike Van Soelen, porte-parole du ministre fédéral de l’Environnement, John Baird. Nous l’attendons. C’est sûr que nous allons en prendre connaissance avec beaucoup d’intérêt.»

Créé en 1988 à l’initiative de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le GIEC a pour mission d’évaluer les risques liés au changement climatique. L’une de ses principales activités consiste à procéder, à intervalles réguliers, à une évaluation de l’état des connaissances.

Jusqu’à maintenant, trois rapports d’évaluation majeurs ont été publié ainsi que plusieurs études.

lundi 22 janvier 2007

L'Islam est-il homophobe ?....




L'ISLAM EST-IL HOMOPHOBE ?


D’abord, il y a eu l’affaire du Queen Boat et la condamnation à grand spectacle
de 23 homosexuels égyptiens.

Puis vint la mort par décapitation de trois homos en Arabie Saoudite.
De quoi alimenter les pires préjugés sur l’Islam.

Mais la troisième grande religion monothéiste est-elle vraiment homophobe ?

Eléments de réponse.

Source : Jean-François Laforgerie, Didier Roth-Bettoni


Il aura fallu la mort horrible de trois homosexuels décapités en Arabie Saoudite
en raison de leur homosexualité, et la condamnation presque concomitante
de 23 autres en Egypte à des peines de prison pour que le monde s’émeuve et proteste.

Alors qu’en Occident les droits des gays progressent, alors que la société semble accepter
en son sein les homosexuels et entreprend de les protéger contre les discriminations,
cette "justice" d’un autre âge choque.

D’autant que ces affaires surviennent à un moment historique où, à la suite des attentats du 11 septembre
et des menaces des terroristes islamistes, l’Islam dans son ensemble n’a pas très bonne presse
et où tous les amalgames sont possibles.

C’est oublier un peu vite l’extrême diversité de cette religion qui, par sa structure même
(absence d’autorité suprême à l’image du pape chez les chrétiens par exemple),
permet à toutes les interprétations des textes sacrés de coexister et de se développer,
des plus fondamentalistes (comme dans l’Afghanistan des Talibans, en Iran ou en Arabie Saoudite)
aux plus modernistes (celles qui prônent l’adaptation des règles du Coran aux évolutions de la société).

La question homosexuelle ne se pose donc pas de manière uniforme d’un pays à l’autre,
d’une société à l’autre même si on sent bien, depuis quelques années,
la pression de plus en plus grande des groupes les plus extrémistes dans tout le monde musulman : même des pays officiellement laïques
(c’est-à-dire où la Constitution et les lois ne découlent pas de la charia)
comme la Turquie ou l’Egypte y sont soumis.

Fragilisés, les pouvoirs de ces pays sont acculés à donner des gages à leurs opposants :
dans ces conditions, les homosexuels, minorité toujours peu acceptée même si elle n’est pas
explicitement interdite, forment des boucs émissaires idéaux.

C’est à l’évidence une des raisons de la médiatisation, voulue par le ministère égyptien de l’Intérieur,
du procès qui a abouti à la condamnation des 23 Egyptiens, ce qui a eu également pour résultat
de détourner l’attention de la crise que traverse par ailleurs le pays.

On avait connu un phénomène équivalent en Malaisie en 1998 lorsque le chef de l’Etat
avait fait emprisonner son plus dangereux rival sur l’accusation de "sodomie",
ce qui suffisait à jeter sur lui le discrédit et l’opprobre.

Le cas de l’Arabie Saoudite est différent puisque ce pays, l’un des plus rétrogrades du monde,
a toujours appliqué ce type de sentence. Ce qui a changé, c’est le fait que l’Occident,
sensibilisé aux atteintes aux droits de l’homme (dans lesquelles est incluse désormais l’homophobie),
s’est ému publiquement de ce qui jusque-là passait inaperçu.

La situation actuelle est donc complexe et il est un peu rapide de taxer l’Islam
dans son ensemble d’homophobie. Car contrairement à ce que tentent de laisser croire les fondamentalistes,
il n’existe pas qu’un seul Islam qui serait celui, appliqué à la lettre, des origines.

Certes, comme la Bible ou la Torah, le Coran n’est guère tendre envers les homosexuels,
et comme dans l’Eglise catholique et chez les Juifs, les hiérarques religieux ont tendance aujourd’hui
encore à rejeter les homosexuels.

Mais c’est, à l’inverse de ce qui existe en Occident où l’Eglise et l’Etat sont généralement séparés,
l’imbrication de plus en plus profonde des Etats et d’une religion incarnée par ses extrémistes
les plus virulents qui pose si crûment le problème.

Aurevoir l'abbé !

« Sur ma tombe, à la place de fleurs et de couronnes, apportez-moi les listes de milliers de familles, de milliers de petits enfants auxquels vous aurez pu donner les clés d’un vrai logement. »

Adieu L' Abbé

Henri Grouès est né dans une famille aisée et pieuse de soyeux lyonnais, originaire, du côté paternel, de la vallée de l'Ubaye (dans les Alpes), et de la région de Tarare (Rhône) du côté maternel. Il est le troisième de sept enfants. Il passe son enfance à Irigny, près de Lyon. À 12 ans, il accompagne son père à la confrérie séculaire des Hospitaliers Veilleurs, où les bourgeois se font coiffeurs barbiers pour les pauvres.
À 16 ans, il veut se faire franciscain, mais devra attendre 17 ans et demi. À ce sujet il déclara : « On me disait beau gosse, peut-être même un peu mondain, pourtant, le lendemain je serai moine. ».


En 1931, entre chez les capucins et prononce les voeux. En religion, Henri Grouès devient frère Philippe. En 1932, il entre au cloître au couvent de Crest. Il est ordonné prêtre en 1938. En avril 1939, il devient vicaire à Grenoble. Il est mobilisé comme sous-officier dans le train des équipages, en décembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale.
Selon certains écrits le concernantréf. nécessaire, il aurait été impliqué dans l'aide aux Juifs pourchassés par les nazis : « En juillet 1942, deux juifs pourchassés lui demandent de l'aide. Il découvre alors les persécutions et s'engage immédiatement, apprend à faire les faux papiers. Dès août 1942, il commence à faire passer des juifs en Suisse. » Cependant, ces affirmations n'ont pas été corroborées par des témoignages authentifiés.
Il participe à la création de maquis dans le Vercors et la Chartreuse.
Il aide les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Il prend le nom d'Abbé Pierre dans la clandestinité. En 1944, il passe en Espagne puis rejoint Charles de Gaulle à Alger.
Il deviendra une figure importante de la Résistance.

Carrière politique

Après la guerre, il est député de Meurthe-et-Moselle aux deux Assemblées nationales constituantes (1945-1946), comme indépendant apparenté au Mouvement républicain populaire (MRP), puis à l'Assemblée nationale de 1946 à 1951, où il siège au groupe MRP.
En 1947, il est vice-président de la Confédération mondiale, mouvement fédéraliste universel. Avec Albert Camus et André Gide, il fonde le comité de soutien à Garry Davis, citoyen du monde.
Fondation d'Emmaüs
Il fonde en 1949 l'association Emmaüs (en référence à un épisode des évangiles) vouée à l'aide aux déshérités, et particulièrement aux sans-abris. Il commence ainsi dès 1950 par la communauté d'Emmaüs Neuilly-Plaisance.
Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériels et d'objets de récupération et construisent des logements. C'est une organisation laïque.
Sportif, il n'hésitera pas à faire des plongeons spectaculaires pour attirer l'attention du public et des médias.
En 1952, il participera au jeu « Quitte ou double » pour alimenter financièrement son combat, où il gagnera 254 000 francs.
Hiver 54
L'abbé Pierre acquiert sa notoriété à partir du très froid hiver de 1954, meurtrier pour les sans-abris pour une « insurrection de la bonté ». « Il y a 50 ans, tous sortaient à peine des atrocités de la guerre. Tous avaient dû fuir, chacun se sentait proche des réfugiés. Les gens se rappelaient la souffrance et la peur. Ils étaient davantage prêts à réagir. Mais on ne renouvelle pas des faits historiques comme celui-là.»
Il lance le 1er février 1954 un appel sur les antennes de Radio-Luxembourg (RTL) : « Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée. Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre les hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous en prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l'âme commune de la France, merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux sans-abri. Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain : 5000 couvertures, 300 grandes tentes américaines, 200 poêles catalytiques. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse, ne couchera ce soir sur l'asphalte ou les quais de Paris. Merci.» Le lendemain, la presse titra sur « l'insurrection de la bonté ». L'appel rapportera 500 millions de francs en dons.
Réforme de la doctrine de l'Église
En 2005, dans son livre Mon Dieu… pourquoi ?, rédigé avec Frédéric Lenoir, il déclare qu'il a eu des relations sexuelles alors qu'il était tenu par son vœu de chasteté. Aucune de ses relations n'a duré, car il était tiraillé entre son désir et son vœu de célibat. À ce sujet, il se prononce pour une réforme de la doctrine de l'Église en faveur de l'ordination des hommes mariés. Et ne comprend pas l'opposition de Jean-Paul II et de Benoît XVI, l'ordination des hommes mariés étant autorisée par l'Église dans certains rites orientaux. En outre, il voit dans cette autorisation un moyen de lutter contre la pénurie de nouveaux membres de l'Église.
Il se prononce également pour l'ordination des femmes et ne s'oppose pas à l'homoparentalité, à condition que les enfants ne subissent aucun préjudice psychologique ou social. Il explique notamment son opinion sur le fait « qu'un modèle parental classique n'est pas nécessairement gage de bonheur et d'équilibre pour l'enfant », mais il se déclare contre le mariage gay et préfère y substituer une « alliance » homosexuelle. Car selon lui, le mariage homosexuel « créerait un traumatisme et une déstabilisation sociale forte ».

Sa mort

L'abbé Pierre meurt le lundi 22 janvier 2007, tôt le matin (5 h 25 heure locale), à l'hôpital du Val de Grâce à Paris, des suites d'une infection pulmonaire. Il était âgé de 94 ans.
Les réactions en France sont rapides.
Le jour de sa mort, le président de la République française Jacques Chirac a salué la mémoire de l'abbé Pierre et estimait qu'avec sa disparition « c'est la France entière qui est touchée au cœur ».
« Au mouvement Emmaüs et à la Fondation Abbé Pierre, à tous ses militants et bénévoles, le président de la République fait part de sa grande peine et l'expression de toute sa solidarité », ajoute le président.
L'ensemble de la classe politique française reconnaît le travail réalisé par l'abbé Pierre, notamment Dominique De Villepin, premier ministre qui saluait « l'homme de cœur et d'engagement ». Dans un communiqué publié par Matignon, le Premier ministre souligne que « l'abbé Pierre a été, toute sa vie durant, une force d'indignation capable de faire bouger les cœurs et les consciences » : « Défenseur du droit au logement, fondateur des communautés d'Emmaüs, il s'est consacré sans relâche à aider les plus pauvres à tracer leur chemin. L'abbé Pierre nous a montré la voie de la générosité individuelle et collective. Il manquera à tous les Français », conclut Dominique de Villepin.
De tous bords, les politiques ne tarissent d'éloges pour l'abbé Pierre. Ainsi, par exemple, Ségolène Royal — candidate socialiste à l'élection présidentielle française, déclare-t-elle au micro de la radio RTL que « Le long cri de colère de l'abbé Pierre contre la pauvreté ne doit pas s'éteindre », tandis que Nicolas Sarkozy, candidat UMP à la même élection déclarait, lui, dans un communiqué, que « avec la disparition de l'Abbé Pierre, le cœur de la France est en berne ».
Image publique
L'image du grand barbu en soutane, en grosse pèlerine et godillots, forge vite son statut de « héros légendaire », de « juste ». Il a une très grande popularité en France, les enquêtes d'opinion qui la mesurent le placent souvent en tête, notamment celle annuelle du Journal du Dimanche. Il a demandé à être retiré de l'enquête. « C'est à la fois une arme et une croix », dit-il.
Encore ces dernières années, malgré la maladie et l'âge, il est descendu dans la rue pour soutenir la cause des pauvres. Il a soutenu l'association Droit au Logement (DAL).
Il a été régulièrement malade, notamment des poumons quand il était jeune. Il s'est sorti indemne de situations dangereuses :
tombé dans une profonde crevasse quand il aidait des gens à s'enfuir pendant la guerre
rescapé quand l'avion dans lequel il se trouve réussit un atterrissage d'urgence, sans réacteur, dans les années 1950 en Inde
et surtout, naufragé miraculé en 1963, au Rio de la Plata entre l'Argentine et l'Uruguay. Quatre-vingts personnes perdent la vie autour de lui, qui survit accroché à un bout de bois. Peu de temps après, lors de son voyage à Alger, il exhibait avec une sorte de joie pleine de gratitude un couteau suisse qui avait été déterminant pour lui en cette aventure. Il se montra plein de compassion pour les orphelins hébergés à l'école Lavigerie (Casbah) et demanda pour eux une aide particulière au cardinal archevêque d'Alger, monseigneur Duval.
Tous ces accidents vont participer à lui forger une image de miraculé.

Controverse

Lorsque son ami Roger Garaudy est traduit en justice pour négationnisme, en 1996, il lui apporte son soutien « à titre amical », et accompagne ce soutien de propos ambigus sur les Juifs et le judaïsme qui lui vaudront d'être exclu du comité d'honneur de la LICRA. L'abbé Pierre se démarquera ensuite des tentatives pour « nier, banaliser ou falsifier la Shoah », mais non du livre de Garaudy. Selon les termes du quotidien L'Humanité, « ce revirement tardif ne dissipe cependant pas le malaise » [3].

Distinctions

14 juillet 2004 : élevé à la dignité de Grand' Croix de la Légion d'honneur. Il est promu Grand officier de la Légion d'honneur en 1992 mais il refuse de la porter jusqu'en 2001 pour protester contre le refus de l'État d'attribuer des logements vides à des SDF.
Croix de guerre 1939-1945 avec palmes
Médaille de la Résistance
Plusieurs décorations étrangères

Un homme aimé et connu ici en France, au Québec et dans le monde : JMarc " Froggy "

dimanche 21 janvier 2007

Rubrique cinéma...



LES FILLES DU BOTANISTE
Dans le jardin des interdits

Valérie Lesage


Dans un pays qui a quasiment consacré le mariage gai, on oublie parfois qu’ailleurs dans le monde, l’homosexualité est non seulement taboue, mais interdite. Les Filles du botaniste, dont l’histoire se situe dans la Chine des années 80, vient nous rappeler le sort cruel réservé aux couples de même sexe à une époque encore récente.

Li Min (Mylène Jampanoï), une jeune orpheline, part étudier chez un botaniste réputé. Intimidée par cet homme froid et autoritaire, elle trouve néanmoins la douceur et le réconfort chez la fille du professeur. Obligée de partager la vie solitaire de son père, au cœur d’un jardin insulaire isolé, An se réjouit de l’arrivée de la stagiaire.

Petit à petit, les deux jeunes femmes voient leur amitié se transformer en histoire d’amour passionnée. Et elles imaginent une dangereuse solution pour ne plus se séparer.

Le scénariste et réalisateur Dai Sijie (Balzac et la petite tailleuse chinoise) s’applique à montrer la naissance de l’amour à force de petits détails, surtout à travers le regard de l’orpheline. Il le fait dans une savoureuse lenteur et en résulte une délicate sensualité, magnifiée par des images d’une grande beauté, tournées dans la campagne viêtnamienne. (Évidemment, la Chine n’aurait pas autorisé le tournage d’un film qui se trouve à dénoncer son manque d’ouverture à l’égard de l’homosexualité.)

Toutefois, le parti pris du réalisateur pour un esthétisme très soigné semble parfois devenir un piège. Comme si, en voulant faire beau, il oubliait parfois de faire vrai. Comme si l’émotion parvenait mal à traverser le vernis des images.

Ici et là, on se dira que ça frôle la mièvrerie. Par contre, il faut bien se rappeler que cette histoire, c’est le premier amour de deux jeunes filles qui ont tout à découvrir et qui n’ont jamais eu sur elles de regards aussi caressants.

On se dira aussi que les personnages du botaniste et de son fils sont montrés sous des dehors un peu simplistes et qu’il aurait mieux valu leur donner un peu plus de profondeur.

Cela dit, Les Filles du botaniste parvient à vraiment toucher dans ses derniers instants. Et en dépit de certaines maladresses, le film est quand même intéressant.

mercredi 10 janvier 2007

Candide....





Candide à Rainbowland
Ce texte est extrait d'un roman satirique de Franck Resplandy (non encore publié) dont le héros, Félix, est un Candide contemporain, auteur de livres un peu désuets. Dans les extraits qui suivent, il est question d'un militant gay, auteur dans la même maison d'édition (dirigée par Maxime Gauthier) que Félix.


Michael Cagnoux serait une voix de la prochaine décennie, c'est en tout cas ce qu'affirmait Maxime, enthousiaste. Et de fait, ce garçon à peine plus âgé que moi dirigeait un mouvement dont les médias parlaient déjà beaucoup. Pour dire les choses plus clairement, celui-ci regroupait des homosexuels, hommes et femmes (j'appris à cette occasion que des femmes pouvaient en être), des homosexuels, donc, qui militaient très activement pour «la reconnaissance de leurs droits» et «l'affirmation de leur identité».
Ces revendications (sociales, culturelles, politiques), dont certaines me semblaient légitimes, s'exprimaient de manière souvent violente et tapageuse au moyen de techniques d'intimidation éprouvées outre-atlantique : actions coup de poing, harcèlement téléphonique, confessions extorquées, dénonciations (l'outing, dans le jargon des militants). Les résultats, il faut l'avouer, se révélaient spectaculaires. Mais leur arme suprême, incontestablement, était un mot de neuf lettres, l'un des mots les plus nobles de la langue française dont ils usaient à l'envi devant micros et caméras : la tolérance (que peut-on opposer à une exigence de tolérance ?).
Je ne sus jamais en quelles circonstances Maxime avait connu Michael (Jean-Michel, en réalité) mais les deux ne furent pas long à s'entendre.
Maxime se disait convaincu qu'un «élitisme rose» était en voie d'émerger (les principales associations comptaient déjà d'importants relais dans les médias, les arts, la culture; elles possédaient en propre une station de radio, des magazines, des messageries télématiques...), et que négliger ce «créneau» pour un éditeur en vue eût constitué une lourde faute. Michael quant à lui, en bon stratège, voyait dans la littérature un excellent moyen de propager ses valeurs. Il se trouvait qu'il taquinait lui-même la plume, avec talent, et qu'il venait d'achever un texte. Damant le pion aux maisons qui le courtisaient, Maxime obtint de Michael qu'il signât pour deux livres aux Editions Gauthier et lui fit à cette fin des avances (je veux dire des à-valoir sur ses droits) substantielles.
Ce premier ouvrage, Backroom, en fait une autobiographie déguisée de l'auteur, se voulait une description fidèle et précise de la vie d'un jeune pédéraste aujourd'hui ; de la vie d'un quartier également puisque l'histoire, pour l'essentiel, se déroulait dans le Marais.
A l'intention du lecteur de province qui l'ignorerait encore, je dois ouvrir une courte parenthèse pour évoquer l'étonnante spécialisation de ce vieux quartier parisien.
Autrefois pittoresque avec ses échoppes, ses enseignes, ses ateliers d'artisans, son petit peuple des rues, cadre également de tant de romans d'aventures, le Marais est devenu en quelques années un carrefour mondial de l'inversion (un Gaytown comme l'écrit Michael). Outre les nombreux bars et discothèques gays, on y trouve des restaurants gays, des fleuristes gays, des pharmacies gays, des boutiques de vêtements gays, des agences de voyages gays, des librairies gays (j'allais ajouter inutilement des coiffeurs gays)...
Mais revenons au livre.
L'intrigue, au fond, n'avait pas grande importance : Stan (Michael) aimait Jacques qui lui-même s'était amouraché d'Eric, lequel ne semblait pas indifférent au charme de Wilfried, ni à celui plus exotique de Marcos, un instituteur brésilien. De son côté, Jean-René (l'ancien amant de Stan), s'il ne dédaignait pas la compagnie d'Alexandre, de Pascal, et de Jack, n'avait d'yeux que pour Ingmar, un pasteur suédois (lui-même entiché, successivement ou non, de Michel, Jeremy, Jean-Claude et William). Mais les stratégies amoureuses des uns et des autres se voyaient bientôt bousculées par l'irruption croisée d'une troupe de danseurs new-yorkais (Andrew, Peter, Brian, Leonardo, Brad, Stephen, Burt, Jonathan, Richard, Sydney, Andy, Mose, Freddy, Scott) et d'une équipe de handballeurs corfiotes (Yannis, Nikos, Andreas, Mikis, Yorgos, Aristote, Apollonios et les cinq remplaçants, Dimitris, Constantin, Theodoros, Kostas et Demis).
L'important pour l'auteur, au-delà des idylles et des tourments secrets de ses personnages, était à l'évidence de montrer ceux-ci en action (mais on s'en doutait peut-être). A deux, à trois, à quatre... par huit, par dix... par douze quelquefois, les groupes se faisaient et se défaisaient au fil des pages (au fil de quelques lignes, bien souvent !), dans des appartements, des parkings, des toilettes publiques, sous les portes cochères, sur les quais de la Seine...
Je ne sus, à sa lecture, s'il fallait prendre ce livre comme une épreuve de mémorisation (soixante-treize prénoms recensés, vingt-neuf lieux différents) ou bien comme un roman à énigme (qui n'avait pas couché avec qui ?).
Quant aux pratiques elles-mêmes, que Michael prenait un soin maniaque à détailler, elles dépassaient de loin la limite du soutenable. Qu'on s'échangeât si volontiers les rôles dans ces accouplements était le propre, sans doute, de l'homosexualité, mais autant de vice et d'abaissement choquait le sens commun. (Que l'on recherche, si on le souhaite, la traduction des anglicismes suivants : «fistfucking», «goldenshower», «bondage», «cocktorture», «scateating»... une horreur !)
Et puis il y avait ce lieu extravagant qui donnait son titre à l'ouvrage : la backroom..
Installées au sous-sol ou à l'étage d'un bar, les backrooms (il y en avait une dizaine dans le Marais : Les Nyctalopes, l'Ass you want, Frère éjac, Le Serre-au-pot, L'Anus Mundi...) accueillaient chaque soir, pour certains, jusqu'à six ou sept cents clients, six ou sept cents corps d'hommes qui, dans l'anonymat de la pénombre, s'abandonnaient à la plus folle dépravation. Les descriptions suggestives de Michael me révulsaient (imagine-t-on ces peaux moites et odorantes, ces souffles courts, ces gémissements, toutes ces bouches et ces mains qui se cherchent, se joignent ?...), et en même temps, je dois l'avouer, elles insinuaient en moi un trouble... que je m'expliquais mal et qui m'indisposait.
Les séductions de la langue, sans doute, dont l'auteur en militant habile savait user.

Il y a peu, je me trouvais dans le Marais (au passage, n'est-il pas troublant que l'interprète à l'écran de Lagardère et du capitaine Fracasse se soit choisi ce nom de scène ?), rue de la Verrerie précisément, et je croisai ce spectacle aujourd'hui familier de deux hommes se tenant par la main : un quadragénaire finissant et un garçon de dix-huit ans à peine. En voyant ce presque adolescent, au visage tendre, à l'air un peu perdu, un jeune provincial sans doute, je me souvins de mes premiers moments dans la capitale bien des années plus tôt...
Qui sait alors si, dans la solitude et l'ignorance qui étaient miennes, sans les solides valeurs que m'avaient inculquées ma mère et après elle ma tante, je ne me serais pas laissé tenter ?
On est si vulnérable à cet âge. (…)

(…) Deux ans après le succès d'estime rencontré par son roman Backroom, Michael Cagnoux publia un essai, un manifeste plutôt, dont le titre à lui seul était tout un programme : L'Hétéro par les cornes.
L'homme et la femme, osait-il soutenir dans cet ouvrage ardu, n'étaient pas faits l'un pour l'autre et l'exigence seule de la survie de l'espèce les avait conduit à se rapprocher. Tout les séparait selon lui et la biologie, l'anthropologie, la morphopsychologie, la neuropsychiatrie, aussi bien que l'histoire de l'art ou des idées le démontrait chaque jour un peu plus : la femme était aussi proche de l'homme que la carpe du lapin. Cette «altérité radicale», «ontologique» (?), interdisait de fait tout dialogue, toute entente véritables entre les deux sexes et de cette union «contre-nature» ne pouvaient naître qu'amertume et frustration, haine parfois. Michael estimait d'ailleurs que la violence du monde était le fruit vénéneux de cette «promiscuité sexuelle», et de ce qu'il nommait sans rire le «péché originel de l'Humanité».
Notre époque avait changé bien des choses, certes. L'amoindrissement des contraintes sociales, la disparition des interdits religieux et l'affranchissement des servitudes de la procréation permettaient à chaque sexe désormais d'exprimer librement et pleinement sa singularité. C'était là un acquis essentiel de la première révolution des mœurs, mais la seconde était déjà en marche...
A ce stade, l'on pouvait s'interroger : Devait-on vivre seul ? Fallait-il demeurer chaste ? (sans le savoir, j'aurais donc été un pionnier). Etait-ce là, selon l'auteur, le but ultime de notre évolution ?
Michael, on s'en doute, ne pensait rien de tel.
La vocation de tout être humain, écrivait-il sans sourciller, était l'homosexualité... C'était là son penchant naturel, son inclination profonde et spontanée refoulée depuis la nuit des temps par une morale cœrcitive et aliénante. A mesure que progressaient les libertés personnelles et que tombaient les masques hideux de la peur et de l'hypocrisie, la «vérité du désir» apparaissait au grand jour. Hébétés, titubants et comme sortis d'un mauvais songe, des millions d'hommes et de femmes se levaient à présent aux quatre coins du globe et rejoignaient fièrement la bannière arc-en-ciel (les couleurs que le mouvement s'était appropriées). Pour Michael, le XXIe siècle serait homosexuel ou ne serait pas et il prophétisait à horizon de vingt ou trente ans la création, en Australie ou en Afrique du Sud (que l'on se tienne bien !) d'un vaste Etat... gay et lesbien : Rainbowland !
En attendant ce jour de gloire, il exhortait lecteurs et militants à promouvoir par tous les moyens possibles (la mode, la publicité, les arts, le journalisme) ce qu'il appelait la «sexualité d'avant-garde» ou plus volontiers, la «nouvelle sexualité»...

Cette vision des choses me rendait perplexe.
Qu'il existât des différences entre hommes et femmes, différences qu'accentuaient l'égoïsme et l'âpreté de la vie moderne, cela n'était pas contestable. Pour autant, «l'altérité radicale» que se plaisait à souligner Michael ne pouvait-elle être transcendée, sublimée, aujourd'hui comme hier, par ce sentiment puissant et magnifique : l'Amour ? L'Amour, dont curieusement il parlait si peu.
La critique reconnut à ce livre de nombreuses qualités et promit à son auteur une destinée brillante. Maxime n'eut guère le temps de s'en réjouir cependant car Michael, sitôt libéré de ses obligations contractuelles, s'empressa de rejoindre un éditeur plus prestigieux. (…)

dimanche 7 janvier 2007

samedi 6 janvier 2007

Le PACS Tchèque... différences !


Le partenariat enregistré tchèque plus proche des modèles scandinaves que du PACS français
[30-06-2006] Par Alexis Rosenzweig

C'est ce samedi 1er juillet qu'entre en vigueur la nouvelle loi tchèque sur le partenariat enregistré pour les couples homosexuels. Quel est l'esprit de cette nouvelle loi tchèque et en quoi le partenariat enregistré se distingue-t-il du Pacte civil de solidarité (PACS), instauré en France depuis plus de six ans ? Réponse du juriste David Elischer, qui travaille à la faculté de droit de l'Université Charles de Prague et a écrit une thèse sur le sujet :

« Au départ, il faut constater qu'il y a une grande différence dans l'approche de ces deux législations. Tandis qu'en France, le PACS est un vrai contrat qui est dépourvu de connotation sexuelle, le partenariat enregistré est destiné aux couples homosexuels. Un couple hétérosexuel ne peut conclure un partenariat enregistré en République tchèque. »

Quelles sont les autres différences entre PACS français et partenariat tchèque ?

« Je vois une grande différence dans le caractère juridique de ces deux législations. Alors que le PACS représente un contrat - un contrat atypique - qui est entré dans le Code civil, sans aucune dimension familiale, chez nous, les partenaires enregistrés changent leur état-civil. Cela a de grandes conséquences. Sur les cartes d'identité on avait jusqu'à présent les mentions 'marié(e)', 'divorcé(e)', 'célibataire', etc. Et dorénavant il y aura également la catégorie 'enregistré(e)', ce qui à mon avis représente un problème et une collusion de droits : parmi les droits constitutionnels, vous avez le droit à la vie privée et les préférences sexuelles appartiennent à ce droit à la vie privée. Notre législateur a donc fait ce que j'appellerais le « coming out de tous », parce que sur votre carte d'identité n'importe quel officier de l'administration ou agent de police peut voir que vous êtes enregistré. »

Vous avez expliqué que PACS et partenariat enregistré n'étaient pas basés sur les mêmes approches. Par quoi les Tchèques se sont-ils davantage laissés inspirer ? Si ce n'est pas par le PACS, est-ce plus par les partenariats qui existaient dans les pays scandinaves ?«

Vous savez, en République tchèque il n'y a pas beaucoup de juristes francophones... J'ai d'ailleurs été le premier à faire rentrer le PACS dans le discours juridique tchèque... Au Parlement, il y a eu quelques références faites au PACS, mais assez inexactes en général. Pour la République tchèque, le modèle d'inspiration a plutôt été les modèles de partenariats scandinaves. Même si la voie de la France, qui a choisi cette voie différente et sui generis, nous a aussi inspirés. Mais pas autant que les pays scandinaves, parce que ce qu'on a fait ici est le partenariat typique copié sur les législations déjà existantes depuis quelques années au Danemark ou en Suède. »

le partenariat gay en Suisse


Pas (encore) de ruée sur le partenariat enregistré…
Associations LGBT et services d’état-civil s’attendent à une hausse des demandes ce printemps. En pratique, les premiers partenariés de Suisse s’embrasseront le 3 janvier.



Pink Cross

A la veille de l'entrée en vigueur officielle de la Loi suisse sur le partenariat enregistré, la LPart, les demandes de partenariat arrivent en nombre relativement restreint dans les services d’état-civil cantonaux. La presse quotidienne a fait état d'une centaine de demandes à Zurich, et d'un nombre équivalent à Genève et dans le canton de Vaud. A Berne, en revanche, seuls une dizaine de couples se seraient annoncés. Cette absence de «ruée» s’explique notamment par la formation tardive des officiers d'état-civil sur l'application du texte, mais aussi, pour l’organisation faîtière des gays suisses Pink Cross, par le fait que beaucoup de couples préféreront célébrer leur union au printemps, comme c’est le cas avec les mariages.

Premiers baisers

En Romandie, Pink Cross et la LOS (l’Organisation suisse des lesbiennes) ne suivront pas, comme ils le souhaitaient, les premiers couples sur le chemin des mairies le 3 janvier. En effet, les deux célébrations prévues à Genève ce jour-là ont dû être reportées. Les couples comprenant des partenaires étrangers, ceux-ci n’ont pu obtenir à temps de leur ambassade les documents nécessaires. Dans certains cantons, les dossiers des futurs «partenariés» pourront être déposés auprès des services compétents le 2 janvier déjà. Dans ce cas, le partenariat pourrait être enregistré dès le lendemain.

Peoples à partenarier

Outre-Sarine, les peoples alémaniques n'ont pas hésité à s'afficher avec leurs futurs partenaires en une du Sonntagsblick. Ainsi l'ancienne coureuse cycliste Baba Ganz qui sera l'une des premières à signer un contrat d'union avec son amie Priska. Présentateur à la télévision alémanique, Patrick Rohr envisage également de passer bientôt devant l'officier d'état-civil avec son ami Simon En revanche, le chanteur Michael von der Heide et son compagnon le styliste Willi Spiess ont avoué à l’hebdomadaire être «ni l'un ni l'autre du genre à se marier.»

Arnaud Gallay

Le droit des tchèques





L'Initiative des gays annonce la fin de ses activités
[04-01-2007] Par Jaroslava Gissubelova
Écoute 16kb/s ~ 32kb/s L'Initiative des gays, pendant 17 ans la plus grande association défendant les droits des gays et lesbiennes en République tchèque, a décidé de terminer définitivement ses activités, au début de l'année 2007. Son fondateur et porte-parole, Jiri Hromada, explique :
Jiri Hromada« Après 17 ans d'activités en faveur de la minorité gay et lesbienne, après que nous étions parvenus à accomplir nos objectifs, d'abord en tant que « SOHO » - Association de personnes homosexuelles, puis sous le nom d' « Initiative des gays, » nous avons décidé de terminer définitivement nos activités.

Par l'adoption de la loi sur le partenariat enregistré, nos efforts en vue d'améliorer la situation de la minorité gay et lesbienne ont culminé et il est maintenant aux plus jeunes, à une nouvelle énergie, de continuer... »

Effectivement, après une longue bataille politique et malgré le veto du président de la République, le parlement a adopté, au milieu de l'année écoulée, la loi sur le partenariat enregistré. L'une des plus libérales en Europe, inspirée du modèle scandinave, la norme tchèque permet notamment aux couples d'inscrire leur relation sur les registres d'état-civil, d'obtenir un accès aux informations relatives à l'état de santé des partenaires, et de posséder le droit d'héritage. En dépit du succès que l'adoption de la loi représente, Jiri Hromada, considère toutefois comme le plus grand succès le changement de climat et d'attitude de la société à l'égard de la communauté minoritaire des personnes homosexuelles. Il l'illustre par un exemple : en 1991, 10% seulement des personnes interrogées ont répondu par l'affirmative à la question de savoir s'ils souhaiteraient avoir un homosexuel comme voisin. En 2006, c'était 70%.

Jusqu'à maintenant, plus de 200 couples homosexuels ont profité de la loi sur le partenariat enregistré, depuis son entrée en vigueur au mois de juin dernier. Une dizaine de couples ont conclu le partenariat le jour même où la norme a pris force de loi. Selon Jiri Hromada, c'est beaucoup, on a pensé que les couples vont attendre pour voir quel impact ces unions vont avoir sur l'opinion publique. Cette année, il compte sur une centaine de cérémonies chaque mois. Selon le quotidien MfD, le partenariat enregistré commence à être pris en considération par les agences nuptiales, par différentes firmes et des banques qui préparent pour les « enregistrés » des crédits avantageux réservés jusqu'ici aux époux, uniquement.

mardi 2 janvier 2007

Inédits sur l'homosexualité....

Cette rubrique propose des documents inédits sur l'homosexualité maghrébine.Elle sera enrichie de nouveaux textes régulierement.
Kelma

L'érotique du beur, de Gide à Kelma
L'érotique du beur, de l'Arabe, du musulman, du Sarrazin musclé, a de tout temps titillé le cortex de l'occidental judéo-chrétien. André Gide ou Henri de Montherlant sont à cet égard, deux figures emblématiques de cette fascination homo? érotique pour les corps .


L'Islam est-il Homophobe ? : D'abord, il y a eu l'affaire du Queen Boat et la condamnation à grand spectacle de 23 homosexuels égyptiens. Puis vint la mort par décapitation de trois homos en Arabie Saoudite. De quoi alimenter les pires préjugés sur l'Islam. Mais la troisième grande religion monothéiste est-elle vraiment homophobe ?

Les corps ouverts
Le récit d'un jeune beur de banlieue, errant de rencontres en lieux de dragues...
Tout sur le 1er film de Sebastien Lifshitz: interview avec Kelma, critiques du film et propos du comédien Yasmine Belmadi.

Rachid O :"Chocolat Chaud", c'est l'initiation d'un jeune marocain qui grandit avec la tête pleine de rêves et d'images de la France.
C'est aussi le troisième roman de Rachid O., ensoleillé de joie de vivre, de doutes, de simplicité et d'une langue qui caresse le plus beau sens du mot naïf.

Homophobie et Hip Hop : Dans le monde hypermasculin et souvent homophobe du hip hop, les gais qui en font partie, vivent un dilemme, déchirés qu'ils sont entre l'expression de leur sexualité au grand jour et le style de vie qui va avec la musique qu'ils aiment.

Karim Nasseri: Chronique d'un enfant du hammam Karim Nasser Chassé du hammam des femmes, je me suis pas rué au hammam des hommes. Dans chaque regard, je ne pouvais m'empêcher de déceler une menace. De penser à mon père. Ou au fquih. Je ne voulais pas qu'ils anéantissent ce qui restait de mon enfance. Je n'arriverai jamais à me libérer de cette violence. Elle hante mes jours et mes nuits. C'est comme ça. Il faut vivre avec, jusq'au dernier souffle

Abdelhank Sehran : L'amour au maroc
Kelma vous propose la transcription de l'interview d'Abdelhak Serhane, réalisée par la réalisatrice Yamina Benguigui pour son documentaine "Le jardin parfumé"

Vous avez été nombreux à nous écrire pour témoigner votre émotion à la lecture du roman d'Eyet Djaziri
Un poisson sur la balançoire.Avec l'accord de l'auteur, voici de nouveaux chapitres de ce merveilleux roman autobiographique, l'histoire de Sofiene, un adolescent de Tunis à la découverte de la sensualité et de l'amour.

Une promesse de douleur et de sang.
La suite d'Un poisson sur la balançoire.

Le journal de Sofiene :
le roman d'Eyet-Chekib Djaziri, "Un poisson sur la balançoire" a été élaboré à partir du journal intime qu'il tenait pendant son adolescence.

Autres documents

Interview de malek
Anthropologue et spécialiste de l'Islam, Malek Chebel a consacré plusieurs ouvrages au corps, à la sexualité et à l'homosexualité dans l'Islam. Il est, depuis des années, un des plus actifs partisans d'une interprétation du Coran qui tienne compte de l'évolution du monde.

Interview sur Kelma-BBB dans la presse gay de Province.
Chaude ambiance aux Folies Pigalle lors des nombreuses soirées Black Blanc Beur. Métissage et rencontres insolites, entre ceux qui aujourd'hui encore ne peuvent vivre leurs désirs au grand jour, dans la froideur violente et rigide des tours de leurs quartiers. Rencontre aussi avec Fouad Zeraoui, le président de Kelma, l'association parisienne des beurs gays pour se comprendre davantage, supprimer quelques blocages et briser la glace.

Interview : Karim Malki, responsable de Kelmaghreb
sponsable de Kelmaghreb, le site du premier magazine gay maghrébin on line, Karim parle de la situation des homos dans les pays du Maghreb.

Interview : Brian Brennan porno homo latino
Brian Brennan, la cinquantaine, est l'inconnu illustre qui bouleverse le petit monde du porno gay américain depuis plus de dix ans. Tout chez lui est atypique: son amour des hétérosexuels, sa passion des Latins, le réalisme foncier de ses productions et la bonne humeur manifeste de ses films. Aux antipodes du très conventionnel milieu du X américain, le travail de Brian Brennan est foncièrement cru, naturel et métisse.

Interview :Enrique Cruz
Enrique Cruz était l’invité d’un BBB Spécial Latino Boyz 2. Il est venu avec ses modèles qui ont accompli un show hip hop very hot. .

Interview : Fouad, responsable de Kelma
Depuis sa création en janvier 97, Kelma a pour tâche essentielle d'essayer de rompre l'isolement des beurs gays et d'œuvrer pour davantage de visibilité, tout d'abord dans le milieu homo où règne un certain sectarisme (le coming-out étant impossible au-delà, en raison de l'attachement important des beurs à leurs familles et à leur culture d'origine.)

Interview : Malek Boutih: L'homophobie en banlieue
Président de sos racisme.


Interview : Jean Noel René Clair
Kelma a rencontré le réalisateur de films gays JNRC. STUDIO BEUR, sa livraison récente est déjà
un best seller vendu à plus de mille exemplaires en moins de trois mois. Nous l’avons interrogé
sur la place des beurs dans la production gay et sur la difficulté de leur représentation à l’image.


Interview : Les gays en turquie
"les homosexuels représentent une minorité à part entière en Turquie"


Interview : Rachide O
RACHID O : Rencontre avec Rachid O à la Librairie " les Mots à la Bouche "
Rachid O présente son troisième ouvrage, "Chocolat chaud".C'est la première fois qu'il rencontre ses lecteurs.
Découvrez l'intégralité de cet l'interview .

Interview : Yousry Nasrallah
Kelma a rencontré la veille de son retour au Caire le cinéaste égyptien Yousry Nasrallah.
La quarantaine, ancien assistant de Youssef Chahine (Adieu Bonaparte, Alexandrie encore et toujours),
réalisateur de deux films très remarqués et audacieux (Vols d’été, Mercédès), il vient de
terminer à Paris son nouveau film avec comme personnage principal Bassem (acteur chez
Chahine), beau jeune homme touchant de simplicité, son compagnon dans la vie.


Tiger tyson

Jonelle est né à Brooklyn d’un père portoricain et d’une mère black. Sa carrière a démarré il y a 3 ans. Depuis il est devenu la star du x Tiger Tyson. Dans "Tiger’s Brooklyn Tails" il tient le role d’un jeune de banlieue qui passe sa vie dans la rue et rencontre d’autres racailles avec lesquels il s’envoie en l’air. Une découverte Kelma

lundi 1 janvier 2007

L'homosexualité au Kénya (1)

Nairobi

Bien que l'homosexualité demeure illégale au Kenya, des services d'information en matière de VIH/SIDA et de santé sexuelle sont désormais ouverts aux hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes (MSM en anglais), une population longtemps négligée et stigmatisée.

Le centre de conseil et de dépistage volontaire de l'Ecole de médecine tropicale de Liverpool (LVCT en anglais), par exemple, est ouvert aux MSM depuis 2003. Il propose un éventail de services, de l'information sur le sexe à moindre risque au traitement antirétroviral (ARV), en passant par le conseil et le dépistage volontaire.


Compte tenu de la forte stigmatisation et de la dénégation qui entourent l'homosexualité, il est littéralement impossible pour les MSM de s'informer ouvertement sur le VIH ou de débuter un traitement. En conséquence, cette population continue à adopter des comportements sexuels à risque.

« Il existe un lien étroit entre le VIH et la sexualité hétérosexuelle pour la reproduction », a déclaré Angus Parkinson, coordonnateur des services destinés aux MSM du LVCT.

« Cela crée l'illusion que les comportements sexuels non reproductifs, comme les rapports oraux ou anaux, ne présentent aucun risque de contamination par le VIH. Et c'est la raison pour laquelle peu de services de prévention s'adressent à la population homosexuelle au Kenya », a-t-il ajouté.

Seulement O,1 pour cent des hommes reçus au LVCT confient avoir eu des rapports sexuels avec un autre homme, a indiqué M. Parkinson. Cependant, en réalité, le pourcentage est nettement supérieur.

« D'après les résultats de diverses études menées dans différents pays, entre cinq et dix pour cent de la population masculine mondiale a eu une expérience homosexuelle », a affirmé Angus Parkinson.

Une ignorance dangereuse

Le LVCT et Iishtar MSM, une organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits des MSM au Kenya, sensibilisent la population homosexuelle aux rapports sexuels à moindre risque et à l'utilisation correcte et systématique du préservatif.

Une étude menée en 2005, par le Conseil de la population, sur les MSM à Nairobi, la capitale kenyane, a révélé que 75 pour cent des personnes interrogées avaient utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel avec un autre homme.

Cependant, l'utilisation correcte du préservatif constitue un problème de taille. En effet Emmanuel Ilamau, coordonnateur national de Iishtar MSM, a indiqué que les lubrifiants à base d'eau n'étaient ni bon marché ni produits localement et que par conséquent, beaucoup d'hommes utilisaient de l'huile pour bébé ou des lubrifiants à base d'huile, qui peuvent endommager le préservatif.

D'après le rapport rédigé par le Conseil de la population, seulement 26 pour cent des personnes interrogées savaient que seuls des lubrifiants à base d'eau pouvaient être utilisés avec des préservatifs en latex.

Iishtar apprend à ses membres à utiliser correctement les préservatifs et les lubrifiants. L'ONG distribue gratuitement des préservatifs, mais par faute de fonds, elle n'est pas en mesure d'offrir des lubrifiants.

« Je trouve immoral de distribuer des préservatifs sans lubrifiants », a confié M. Ilamau.


En outre, les MSM ont des partenaires sexuels multiples et ont également des rapports sexuels avec des femmes, exposant ainsi un large groupe de personnes aux risques de contamination par le VIH/SIDA. Selon le rapport du Conseil de la population, nombreux sont les MSM à avoir des partenaires sexuels multiples : 79 pour cent des personnes interrogées ont indiqué avoir eu au moins deux partenaires sexuels différents au cours de l'année précédente et 30 pour cent d'entre elles ont confié « ne plus se souvenir du nombre exact de partenaires. »

Une société qui n'est pas prête à accepter les MSM

Ishtar propose à ses membres des services de soutien et de conseil sur les rapports sexuels à moindre risque, mais beaucoup d'hommes hésitent à adhérer à l'organisation car très peu d'entre eux admettent avoir des rapports sexuels avec d'autres hommes. L'ONG compte 75 membres, mais attire en général davantage de personnes lors d'événements spéciaux.

L'homosexualité au Kénya (suite)

Kenya: De timides efforts pour sensibiliser les MSM aux rapports sexuels protégés
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Toujours selon le même rapport, au cours des douze mois précédant l'enquête, 22 pour cent des hommes interrogés ont été victimes de violence verbale, physique ou sexuelle après que d'autres personnes ont découvert qu'ils avaient des relations sexuelles avec des hommes.

« Au Kenya, les MSM sont victimes de stigmatisation et de discrimination », a déploré M. Ilamau.


Au Kenya, l'homosexualité est un crime passible de cinq à quatorze années de prison. Par conséquent, il est difficile pour le gouvernement et les ONG de proposer des programmes de sensibilisation au VIH/SIDA à ce groupe de population. Les conservateurs et la droite religieuse, pour qui l'homosexualité va à l'encontre des principes religieux et des valeurs africaines, refusent de modifier la loi.

« Il y a un solide argument de santé publique qui milite en faveur d'une modification de la loi, mais celui-ci pourrait être battu en brèche par un argument religieux et moral plus persuasif qui plaiderait pour le maintien du statu quo. C'est un problème politique », a souligné Angus Parkinson du LVCT.

Toutefois, de timides progrès sont en train d'être accomplis.

« Ce groupe [les MSM] est désormais inclus dans notre plan stratégique et nous aidons les organisations qui s'adressent aux MSM », a rappelé Stephen Malai du Conseil national de lutte contre le sida. « Nous aidons les organisations à distribuer des préservatifs et à sensibiliser les MSM aux rapports sexuels protégés. »

[ Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies ]