lundi 30 juillet 2007

Excellent article sur la Tolérance au Canada




Être gai ou lesbienne en milieu collégial et à l'université : zones d'ombre et de lumière

par Jean-François Roberge



Ils sont jeunes, gais, lesbiennes et bisexuels affirmés, et n’ont qu’un but en tête : construire un futur à la hauteur de leurs aspirations. Des jeunes qui croient dur comme fer que leur différence est un atout dans la lutte qu’ils mènent contre les préjugés. Entre deux examens et autant de réunions, ils prennent le temps de se raconter et livrent leurs opinions sur le quotidien des gais et des lesbiennes qui, comme eux, sont toujours sur les bancs d’école. Autant d’expériences uniques, mais ô combien complémentaires, qui tracent un portrait éclairant de leur condition actuelle.

Amélie Gagnon, 28 ans, est présidente de L’Alternative, le regroupement des étudiants d'orientation homosexuelle, bisexuelle et de leurs ami(e)s de l'Université de Montréal. En plus d’être active au sein de son association étudiante, celle du département de démographie, elle contribue au Regroupement des étudiant(e)s démocrates et à l’Action humanitaire et communautaire de son établissement. Citoyenne engagée, elle se considère comme une personne épanouie : « Mon identité a plusieurs facettes : tantôt étudiante, tantôt travailleuse, parfois homo, parfois hétéro. C’est fluide! » Elle pourfend les étiquettes et soutient qu’à la base, ce sont les relations qui sont homosexuelles et non pas les personnes. L’idée est de ne pas catégoriser une personne qu’en fonction de son homosexualité. « Si quelqu’un veut s’identifier en fonction de cela, soit, c’est sa revendication », précise-t-elle. Au courant de ses convictions, c’est un ami qui l’a poussée à assister à sa première réunion de L’Alternative.

Celle qui semble avoir été prédestinée à cette vie revendicatrice, renchérit : « Je suis quelqu’un qui refuse que les uns soient traités différemment des autres en fonction de leur orientation sexuelle. » Interrogée sur ce que vivent les gais et les lesbiennes de son université, elle tente une réponse : « C’est difficile pour moi de commenter cette situation : L’Alternative n’existe que depuis deux ans. Je peux néanmoins dire que ces personnes cherchent à se rassembler, à se connaître, à créer des réseaux de soutien, mais aussi à informer la communauté universitaire de leurs réalités et de la diversité sexuelle. »

«Le pire fléau de notre époque est l’ignorance!»

Elle constate que l’homophobie préoccupe les étudiants qu’elle représente, prenant soin de préciser qu’elle varie en fonction des programmes d’études. Selon Amélie, la lutte contre celle-ci passe par l’information, l’éducation et la communication : « Le pire fléau de notre époque est l’ignorance! L’ignorance crée l’isolement, qui à son tour crée la méfiance, la peur. Avec tant de mauvaises informations sur l’homosexualité diffusées depuis des centaines d’années, ce n’est pas une surprise que l’homophobie existe encore! » Concrètement, elle conseille aux étudiants qui doivent composer avec l’incompréhension de leurs pairs de chercher les réponses à leurs questions auprès de bonnes ressources : organismes, professeurs, intervenants et scientifiques. Il sera alors plus facile de répondre à celles qui leur seront posées. « Souvent, les homophobes ne réalisent pas à quel point une relation homo ressemble à une relation hétéro. Que les questions qu’on se pose, que les choses que l’on vit sont les mêmes », relativise-t-elle pour conclure.

Agir pour changer les choses

Tiago Graça, 22 ans, étudie l’informatique de gestion au Cégep Ahuntsic (Cégep : acronyme de Collège d’enseignement général et professionnel). Responsable de l’association gaie et lesbienne de son Cégep, Le Placard, depuis le printemps 2006, il s’étonne lui-même du chemin qu’il a parcouru en si peu de temps. Tiago s’explique : « Je suis d’origine portugaise. On nous apprend très jeune qu’il y a plusieurs aspects négatifs dans l’homosexualité. Puis, il y a des raisons de religion. C’est très mal perçu. » Il y a deux ans à peine, cet apprenti informaticien avait une peur bleue d’être identifié comme gai. Après en avoir parlé avec quelques ami(e)s près de lui, il livre ses craintes à une travailleuse sociale qui le réfère au Projet-10 qui promeut le bien-être personnel, social, sexuel et mental des jeunes de 14 à 25 ans se questionnant sur leur orientation sexuelle. Il participe à des groupes de discussion régulièrement. C’est la révélation! Il prend conscience qu’il n’est pas seul à vivre cette situation difficile, gagne en confiance et décide de faire le grand saut : « J’avais besoin d’être authentique auprès de mes parents, peu importe la réaction qu’ils auraient », confie-t-il.

Sa sortie du placard n’est pas sans causer des remous au sein de sa famille. Après un déménagement ardu, mais salutaire, Tiago amorce une étape cruciale dans son processus d’affirmation : « Mon déménagement était nécessaire, conclut-il. Signe de mon autonomie et de mon indépendance, il a modifié la perception de mes parents à mon égard qui, même s’ils me voient toujours comme leur petit enfant, me respectent. » Ainsi dynamisé, Tiago commence à s’engager activement dans sa communauté. Il assiste aux réunions de la Coalition jeunesse montréalaise de lutte contre l’homophobie où son énergie est remarquée.

On lui propose d’agir en tant qu’émissaire à la Coalition MultiMundo qui regroupe des organismes communautaires et des individus qui travaillent avec une clientèle LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres) provenant des diverses communautés ethnoculturelles de Montréal. Elle est fondée officiellement le 8 mai 2006. Quelques semaines avant cela, il est approché par AlterHéros, et accepte la présidence de cet organisme qui gère un site Internet afin de contrer, par l’éducation et la communication, l’homophobie. Entre-temps, il s’implique également au sein du Regroupement d’entraide pour la jeunesse allosexuelle du Québec (REJAQ) dont la mission est de favoriser, auprès de la société québécoise, la compréhension et l’acceptation de la diversité sexuelle des jeunes de 14 à 30 ans. Ces temps-ci, il travaille à recruter des membres pour l’association LGBT du Cégep Ahuntsic : « Nous avons de la difficulté à recruter des gens parce que, comme moi auparavant, ils craignent d’être pointés du doigt. »

«Les premiers contacts au Cégep avec les gars hétéros ont été moins évidents»

Il y a quelques années, Sébastien Huard, 20 ans, s’est investi dans l’Association gaie et lesbienne du Cégep du Vieux-Montréal (AGLCVM), avant de migrer au Cégep de Maisonneuve pour étudier en multimédia. C’est durant cette période qu’il annonce à ses parents son homosexualité. Le fait d’être gai ne lui a jamais réellement posé de problèmes, acceptant même les résistances exprimées par ses parents. « J’ai respecté leur façon de penser », affirme-t-il, avant de préciser que la relation s’est améliorée depuis ce temps. Durant ces années militantes, il apprend beaucoup de ses collègues : « J’ai compris que la meilleure attitude à avoir, c’est d’accepter les gens tels qu’ils sont. De ne pas poser de jugement sur eux. » Pas si simple, lorsqu’on se fait servir la médecine inverse : « Les premiers contacts avec les gars ont été moins évidents. Je savais que je ne devais pas trop leur parler. »

Au local de l’association, il trouve du réconfort, mais surtout des gens avec qui discuter. Sans forcer les choses, les contacts avec les autres étudiants évoluent. « Au départ, j’étais ami avec les filles. Comme elles ont une influence sur les gars… Après trois ans, il n’y avait plus de problèmes! », lance-t-il avec une pointe d’humour. Sébastien se rappelle que la distance entre lui et les autres gars s’est estompée au fur et à mesure qu’ils se sont côtoyés. L’homophobie initiale a fait place à la curiosité : « Je me rappelle avoir passé des midis à répondre à leurs questions. Avec le temps, sans m’imposer et en restant moi-même, ils m’ont accepté. »

Evangeline Caldwell enseigne depuis plus de 20 ans au département de psychologie du Collège Vanier. Militante féministe de la première heure et ardente défenseur du droit au mariage entre conjoints de même sexe dans les médias, entre autres, elle abonde dans le même sens qu’Amélie : « La question de l’amour, du respect de l’amour, est un message qui porte de nos jours. » Selon elle, le vent tourne au Québec. « Depuis les huit dernières années environ, je sens que les droits humains sont au centre des préoccupations des Québécois qui jugent la discrimination dépassée », constate-t-elle. Elle attend beaucoup des conclusions d’un rapport sur la situation des gais et des lesbiennes à l’école qui sera émis par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Pour la première fois, un portrait général de la situation sera connu, endossé par notre gouvernement, et des recommandations seront émises afin d’y remédier.

Entre-temps, Evangeline Caldwell met toutes ses forces au service des étudiants de son école qui ne possède pas encore d’association étudiante LGBT. Elle s’occupe depuis un an d’un « espace positif » – de l’anglais positive space – nommé Open Door Network qui propose des événements sur les questions d’orientation et d’identité du genre aux élèves et au personnel enseignant et qui forme le personnel du collège (cadres inclus) sur ces thématiques-là. Evangeline Caldwell se réjouit du support de la direction du Collège Vanier qui a même débloqué un budget pour cette initiative. Le volet formation remporte d’ailleurs un franc succès : environ dix-huit personnes le suivent par session. Ainsi formées, elles restent à la disposition des élèves qui ont besoin d’écoute et de support. Un logo, clairement identifiable, indique à ces étudiants l’ouverture d’esprit et la volonté d’aider de la personne qui l’affiche. Par cet « espace positif », Evangeline Caldwell tente de démystifier l’homosexualité et ainsi, peut-être, dissiper la crainte chez les étudiants de participer à une future association LGBT.

Patricia Caissy, 26 ans, étudie en ressources humaines à l’Université du Québec à Montréal. Elle raconte comment elle a connu le REDS, le Regroupement étudiant pour la diversité sexuelle, après avoir affirmé sa bisexualité : « Je n’avais pas de modèles, pas d’amis gais, pas de ressources! Alors j’ai été voir l’association gaie de mon université pour connaître des gens qui ressentaient la même chose que moi. » Celle qui est aujourd’hui la vice-présidente aux activités du REDS a bien retenu la leçon : « Moi, je suis bien dans ma peau et à cause de ça, les gens qui me rencontrent peuvent me poser les questions qu’ils veulent et je vais leur répondre du mieux que je peux. Si ces gens préfèrent alimenter leur crainte ou leur haine envers moi sans me connaître, tant pis pour eux! » Appelée à commenter le quotidien des gais et des lesbiennes à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), qui n’affiche pas toujours le même aplomb, elle nuance : les homosexuels doivent s’afficher différemment selon leur domaine d’études. L’étudiant gai en théâtre ou en mode pourra s’afficher tandis que l’étudiant en économie ou en génie va peut-être garder sa vie privée pour lui. » Pour contrer ces inégalités, Amélie croit beaucoup aux vertus de l’engagement social. Et pour ceux qui douteraient du dynamisme de la jeunesse, elle lance : « Les jeunes travaillent sur le terrain, à s’afficher, à s’entraider, à faire du bénévolat, mais surtout à trouver des nouvelles façons de s’intégrer dans la société. »

«On demande aux homosexuels de se sortir du ghetto du Village gai »

Elle semble avoir trouvé dans le REDS un moyen de favoriser la diversité des points de vue, d’encourager la compréhension mutuelle, l’harmonie entre les individus et l’effacement des préjugés. « Le REDS n’est pas un groupe exclusif à la communauté LGBT. Nous représentons la diversité sexuelle, donc nous avons comme membres des gais, lesbiennes, hétéros, bis, etc. Ainsi, on demande aux homosexuels d’être ouverts d’esprit et de se sortir un peu du ghetto du Village gai et aux hétérosexuels de comprendre la dynamique d’entraide de la communauté LGBT et de constater les similitudes entre leur réalité et celle des homosexuels », explique-t-elle. D’autre part, elle déplore le fait que l’homosexualité soit quasiment évincée dans les cours de son université : « Une chose est sûre, c’est qu’il n’y a qu’un cours qui traite d’homosexualité à l’UQÀM et il est optionnel, même pour les étudiants de sexologie... »

«La diversité sexuelle doit être présente dans tous les cours » - Michel Dorais, professeur

Michel Dorais, professeur et chercheur à la faculté des sciences sociales de l’Université Laval à Québec, s’inquiète aussi du fait qu’il n’existe à peu près pas de cours sur l’homosexualité dans le parcours collégial et universitaire d’un étudiant au Québec. « Par exemple, au niveau de la maîtrise, il n’existe qu’un cours qui traite de la diversité sexuelle à l’Université Laval. Il n’y en a qu’un! Et oui, c’est moi qui le donne… Et il ne se donne qu’aux deux ans parce qu’on pense que peu de personnes y seraient intéressées. Quand on pense qu’il y aurait autant de personnes LGBT que d’anglophones au Québec… On donne des cours complets sur les mouvements des femmes et des autochtones. Je suis très content de cela, mais pourquoi n’en est-il pas de même pour les gais et les lesbiennes? » questionne l’auteur de Éloge de la diversité sexuelle (1999).

D’après lui, ce silence s’explique par le caractère encore marginal de l’homosexualité, un sujet qui ne serait pas « digne » d’être abordé en classe. Il félicite l’initiative de certains professeurs qui introduisent dans leur cours cette thématique, mais d’après lui, cela n’est pas suffisant. « Si je parle du développement humain et que je ne mentionne pas qu’une personne puisse se développer avec quelqu’un du même sexe, je ne m’en sors pas. L’aspect de la diversité sexuelle doit être présent. Il faut qu’on en parle partout, dans tous les cours qui parlent de l’être humain », renchérit-il.

Consulté sur la place des associations étudiantes LGBT dans les Cégeps et les universités, Michel Dorais n’est pas complaisant : « Les groupes de jeunes gais et lesbiennes sont importants, mais ce n’est pas suffisant. Les jeunes des associations doivent faire du démarchage. Ils doivent exiger que leur réalité soit abordée dans les milieux d’éducation. » D’après lui, le rôle des professeurs est aussi important. « Ça en prend deux ou trois ouverts d’esprit pour que l’ambiance générale change », convient-il. Pour lui aussi, l’ignorance est source d’homophobie. Ayant déjà reçu des menaces de mort parce qu’il avait écrit en faveur du mariage gai, Michel Dorais persiste et signe : « Il faut prendre la parole socialement. Se défendre soi-même. Je souhaite que les jeunes exigent quelque chose pour eux-mêmes : exiger d’être reconnus, exiger que lorsqu’on parle de la nature humaine, on doive parler d’eux. C’est normal, sinon c’est de l’homophobie passive. »

Des lendemains meilleurs?

La vie des étudiants gais et lesbiennes au collégial et à l’université est loin d’être toujours facile. Heureusement, ces derniers peuvent de plus en plus compter sur des associations qui leur sont destinées pour briser leur isolement et faciliter leur propre acceptation. Il est encourageant de savoir qu’à l’initiative d’étudiants et de professeurs dévoués, les préjugés à leur égard tendent à s’estomper à condition qu’un travail de sensibilisation, de communication et d’éducation soit effectué afin de contrer l’ignorance. À en croire les parcours brillants des étudiants rencontrés, il est possible d’entrevoir pour la jeunesse LGBT autant de réussites édifiantes dans un contexte moins ardu.

jeudi 19 juillet 2007

Homoparentalité....



Homoparentalité : les enjeux


Avec le temps, la société a fini par mieux à accepter l’homosexualité. L’homoparentalité, par contre, n’est pas encore entrée dans les mœurs. Si un couple homosexuel souhaite accueillir un enfant au sein de leur foyer, les démarches risquent d’être longues et démotivantes par moment, voire impossibles.

La décision d’accueillir un enfant ne se prend pas à la légère. Elle ne se prend pas non plus sur un coup de tête quand il s’agit d’accueillir un enfant au sein d’un couple homosexuel. Pourtant l’orientation sexuelle différente est un frein à l’adoption. Préjugés ou réticences fondées ? Les arguments des uns et des autres se font face.

Le débat est centré sur le bien-être de l’enfant. Comment grandir au sein d’un foyer pas comme les autres, avec deux papas ou deux mamans ? La construction identitaire de l’enfant peut être perturbé par le fait qu’il lui manque un parent de sexe opposé comme modèle référent. Sans parler des discriminations et moqueries cruelles que peut subir le petit à l’école, au cours de ses activités sportives ou culturelles avec ses petits camarades. Bien qu’aucune étude ne le mette formellement en lumière, les décisions de justice rendues sur ce sujet s’appuient sur le fait que l’homosexualité d’un couple peut porter atteinte au développement normal d’un enfant pour justifier son refus d’accorder aux couples homosexuels le droit d’avoir des enfants. La société française est construite sur la cellule familiale composée traditionnellement d’un homme, d’une femme et d’enfants.

Plus de 30 000 couples !

Et c’est justement sur cette absence d’études prouvant que les enfants élevés dans les couples homosexuels subissent des traumatismes psychologiques que les partisans de la parentalité homosexuelle se basent pour fonder leurs revendications. Pourquoi refuser à un enfant en attente d’adoption la chaleur d’un foyer ? Le fait d’être hétérosexuel suffit-il à faire de ces hommes et de ces femmes de bons parents ? Le débat se poursuit donc. Mais au-delà des échanges d’arguments et des positions de principe, il y a la réalité. Bien que l’adoption entre homosexuels ne soit pas légale en France, on estime à plus de 30 000, le nombre de couples homosexuels ayant un enfant, naturel ou adopté.

L’enjeu majeur de l’homoparentalité est le regard des autres, une certaine vision de la société dans laquelle on vit et l’avenir de l’enfant. Bien que les couples restent discrets afin de préserver leur enfant, il reste quand même que la chose n’est pas encore bien acceptée par la société. Il est alors très important pour les couples de s’armer de patience et de s’entourer de personnes ayant l’esprit ouvert afin que leur famille puisse s’épanouir sainement et sans contrainte.

lundi 16 juillet 2007

Ne pas se taire !




Ne nous taisons pas sur les violations des droits de l’homme en Turquie !


Publié le : 15-07-2007



Lettre d’information de la Commission LGBT pour les droits de l’homme
(Collectif Kaos – Lamba – MorEl – Pembe Hayat)

(traduction Yevrobatsi)


Les associations homosexuelles d’Ankara, d’Istanbul et d’Izmir tiennent à rappeler les violations des droits de l’homme que subissent les gays, les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels. Nous lançons un appel à toutes les personnes concernées par la discrimination et la violence.

Jusqu’à maintenant, les personnes homosexuelles n’entraient en contact avec les associations homosexuelles que lorsqu’elles étaient soumises à une forme de discrimination et de violence. Toutefois, ces associations ne pouvaient enregistrer les informations de manière régulière, ou elles le faisaient en oubliant des points importants destinés à assurer la véracité des faits, dans le « cadre du dossier ». Elles ne pouvaient ensuite ni accéder aux informations consignées, ni suivre le processus de l’enquête.

Alors que ces mêmes associations homosexuelles déclarent haut et fort lutter pour les droits de l’homme, elles apportent en général des réponses standard et mémorisées aux violations que subissent les personnes homosexuelles, faisant l’impasse sur des questions telles que : « Combien de violations ces personnes ont-elles subi l’année dernière et comment se répartissent ces violations ? » ou « Quelles sont les violations les plus fréquentes ? ». En outre, les autres organisations de défense des droits de l’homme [en Turquie] ne s’intéressent pas de manière systématique aux victimes homosexuelles et ne recourent pas systématiquement aux dispositifs de défense de ces droits dans leur cas.

Prenant acte de ces manques et de ces urgences, des associations telles que Kaos GL à Izmir, Pembe Hayat (La Vie en rose) et Lambda Istanbul ont commencé à travailler sur un projet intitulé « Un usage efficace des dispositifs de défense des droits de l’homme pour les personnes LGBT ». Grâce à ce projet, conçu pour résoudre l’ensemble de ces problèmes, et à la mobilisation des associations homosexuelles, le but est de leur permettre d’utiliser les dispositifs nationaux et internationaux de défense de ces droits, et aussi de mettre un terme, contrôler et recenser les violations que subissent les personnes homosexuelles.
Les associations Kaos GL et Pembe Hayat à Ankara, Kaos GL à Izmir et l’association LGBT Lambda à Istanbul lancent un appel à toutes les personnes homosexuelles pour qu’elles fassent état des violations des droits de l’homme qu’elles subissent.

Nos libertés d’association ne s’arrêteront pas !

En tant que personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels), nos droits sont violés dans tous les domaines de notre existence et nous subissons une discrimination. Et pourtant, lorsque nous voulons lutter contre ces abus et cette discrimination, on empêche notre Collectif d’agir. Plusieurs obstacles bureaucratiques, institutionnels et sociaux font barrage à la mise en place d’associations de personnes LGBT. Nous devons lever ces obstacles.
Nous pensons que les violations à l’encontre des associations LGBT, qui se sont produites en mai dernier contre la liberté de conscience, d’expression et d’association, sont graves, car elles témoignent des problèmes que rencontrent les personnes LGBT dans ce domaine. Au nom de la démocratie et d’un monde de liberté, nous demandons l’élimination de tous les obstacles à la liberté d’association.
Lorsque nous voulons créer une association en tant qu’homosexuels, ils veulent nous en empêcher, en brandissant l’article « Nul ne peut former une association contraire à la loi et à la morale ». En refusant le classement de l’affaire par le service du directeur des poursuites, Kaos GL a achevé son processus d’organisation. Toutefois, les mutuelles LGBT Lambdaistanbul et Pembe Hayat (La Vie en rose), qui demandent un même statut d’association, sont confrontées à des obstructions de la part des gouverneurs d’Ankara et d’Istanbul. Après les avoir enregistrées au service des associations, ces deux services ont demandé par lettre au bureau du procureur la fermeture de ces deux associations.

Les Directions des poursuites à Ankara et à Istanbul ont à nouveau refusé le dossier du service des associations, au motif que ces associations ne contrevenaient pas à la loi et à la morale. Mais les services des associations des gouverneurs d’Ankara et d’Istanbul ont contesté cette décision et en ont appelé à la juridiction supérieure. La 5e Cour d’assises d’Istanbul décida d’instruire le dossier. Actuellement, la mutuelle LGBT Lambdaistanbul, qui avait lutté pour les droits des homosexuels, fait l’objet d’une demande de fermeture. Notre association ne peut être fermée. Notre liberté d’association ne s’arrêtera pas !

Par ailleurs, la mutuelle LBGT Pembe Hayat, après avoir organisé une assemblée générale, agissant ainsi en accord avec la décision de la Direction des poursuites, a été frappée d’une amende de 498 livres turques, au motif d’avoir « organisé une assemblée générale avant la date légale », attitude discriminante et restrictive des libertés quant aux moyens d’organiser une ONG, qui n’est pas démocratique, mais contraire au développement de la société civile. Nous protestons contre cette attitude. Nous condamnons les interventions non civiles à l’encontre de la société civile.

Le 15 mai 2007, les militants se sont rendus au commissariat d’Esat pour faire une déclaration de presse afin de protester contre les détentions arbitraires, les mauvais traitements et les amendes injustes, dans ce même commissariat qui utilise la loi criminelle contre les drag-queens et les transsexuels. Mais les policiers qui étaient en service tentèrent de les en empêcher. Aux yeux de la presse, les membres de la mutuelLe LGBT Pembe Hayat ont été soumis à de mauvais traitements et à la torture. Nous ne permettrons pas ces entraves à notre liberté de pensée, d’expression et d’association. Nous continuerons à dénoncer les violations des droits de l’homme et à nous battre pour les droits des homosexuels.

La section turque d’Egitimsen Hatay Dortyol a déposé une plainte criminelle contre l’association étudiante LGBT de l’Université Bilgi d’Istanbul au motif qu’elle avait autorisé une association d’étudiants homosexuels. Le Haut Conseil de l’Education (YOK) a aussi ouvert une enquête contre l’université Bilgi d’Istanbul et demandé à être défendu. Nous condamnons ces tentatives contre la liberté d’association des lesbiennes, des gays, des drag-queens et des transsexuels.

L’accès aux sites internet des associations Kaos GL, Pembe Hayat et Lambdaistanbul est bloqué sur tous les ordinateurs du campus de l’Université Anadolu à Eskisehir. Les étudiants de cette université lisent un avertissement « Sujet gay, lesbien et bisexuel » ou « Contenu adulte », avec un encadré « L’accès à ce site est bloqué ». Ce blocage est une violation des droits de l’homme contre la liberté de pensée, d’expression et d’association des personnes LGBT. Nous protestons contre cette attitude à notre encontre et ce déni contre la liberté d’expression, d’information et de communication des personnes LGBT, qui n’est dû qu’au fait que nous sommes lesbiennes, gays, drag-queens et transsexuels !
Ces tentatives de déni contre l’organisation des personnes LGBT constituent une discrimination et une agression contre la liberté d’association.

Nous ne resterons pas silencieux sur ces agressions.

dimanche 15 juillet 2007

L'homosexualité et le foot !


l’homosexualité et le foot

S’il y a bien un sujet tabou dans le monde machiste du football, c’est bien celui de l’homosexualité. Retour sur un sujet tabou voir tragique. A méditer.



zoom - galleria Le football est peut-être le dernier sport médiatique à refouler l’homosexualité. Un sujet véritablement tabou, alors que le tennis en a fait une « tendance » avec le coming-out de Martina Navratilova et de notre française Amélie Moresmo. Si on devait rentrer dans le cliché, le joueur de foot doit avoir de grosses voitures, être à la pointe de la mode, ou encore faire de la pub pour McDo. Alors que les footballeurs sont les premiers à monter au créneau afin de dénoncer le racisme ou encore pour des œuvres caritatives, l’homophobie reste une attitude fréquente dans le milieu professionnel comme amateur. Une cause que tente de défendre une association comme le club de foot : Paris Football Gay. Une attitude nihiliste symbolisée par les propos de David Ginola : « Je n'ai jamais croisé quelqu'un du côté obscur de la force au cours de ma carrière. », faisant de l’homosexualité un tabou au sens biblique de la chose. Une attitude paradoxale alors que le joueur de football n’a jamais autant véhiculé une attitude métrosexuelle. On utilise ce terme pour qualifier des personnes qui font très attention à elles, prennent soin de leur corps, de leur alimentation, etc. Un comportement à la frontière entre l’homosexualité et l’amour tel que le conçoit la Bible. Selon Philippe Liotard, chercheur à l’université de Lyon, « cette négation est révélatrice d'un malaise. Comme si le sport pouvait échapper aux statistiques démographique ». Des études récentes ont prouvé qu’il y a entre 5 et 10% de gays dans notre société. Ce chiffre est indicatif, car la population gay pourrait être bien plus importante sans la barrière des préjugés et des tabous. Alors pourquoi le monde du foot échapperait à ce phénomène ?

Récemment, Andrew Walmsley et Corny Littman, respectivement présidents des clubs de Stonewall (Angleterre) et Sankt Pauli (Allemagne), réputés pour leur engagement en faveur de la cause gay, ont tenté de faire bouger les choses en déclarant connaître des joueurs gays dans les clubs de l’élite en Angleterre, ainsi que dans les sélections nationales. Walmsley ajoutait aussi: « Mais faire son coming-out n'est pas envisageable ». Non seulement ce n’est pas envisageable mais de plus cela peut s’avérer tragique. Ainsi, dans l’histoire du football, trois cas de coming-out ont été recensés. Deux ont fini par une tragédie. Le premier fut Heinz Bonn, un défenseur allemand d’Hambourg dans les années 70, retrouvé assassiné par un prostitué le 5 décembre 1991 dans son appartement d’Hanovre après avoir au préalable sombré dans l’alcool. Autre cas, toujours aussi morbide, avec l’ancien international anglais : Justin Fashanu. D’origine nigériane, il avait vendu ses confessions au News of the World pour 80 000 livres (118 300 euros) en 1990, alors qu’il était encore en activité. On le retrouvera pendu le 2 mai 1998 après avoir été accusé d’abus sur mineur. On peut également citer les noms de l’Uruguayen Wilson Oliver qui a fait son coming-out dans la revue Gay Barcelona. Il devra arrêter sa carrière en raison de la discrimination et de la marginalisation dont il souffre. De même l’arbitre international néerlandais, John Blankenstein, a été écarté de la Coupe du Monde 1990. Pas besoin d’aller chercher hors de nos frontières des témoignages concernant l’homosexualité dans le milieu du foot. Ainsi, en 2001, Jonathan Denis, alors jeune journaliste, a vécu une « belle histoire compliquée » avec un joueur de Sochaux. Il raconte: « Ce joueur sortait avec une fille, avec qui il s'est marié depuis. Sochaux, c'est une petite ville, et notre relation s'est ébruitée. Professionnellement, ça a été un drame pour lui. Du jour au lendemain, il n'était plus sur la feuille de match et ses coéquipiers le regardaient de travers. Il a été totalement exclu du groupe. Ça l'a déprimé et il a dû changer de club ». Au niveau amateur, Yoann Lemaire, joueur de division d’honneur avait décidé de faire son coming-out auprès de ses coéquipiers afin de soulager sa conscience. Finalement mal lui en pris, comme il le confie : « Je me suis planté. C'est une catastrophe. Jamais je ne conseillerai à un joueur de foot de révéler son homosexualité. Je comprends que les pros ne veuillent pas le faire. C'est le meilleur moyen de briser sa carrière et de faire fuir les sponsors. Je ne suis même pas sûr que ça puisse avoir un effet positif. Parce que si ça se passe mal pour le joueur, ça se retournera contre tous les homos ». On voit que le football a encore des efforts, d’énormes efforts, à faire afin de se libérer de son tabou. Des phrases telles que celles tenues par Didier Deschamps, « Cette couleur [le rose du maillot de la Juve ] ne me plaît pas parce qu'en France c'est la couleur des p**** », ou encore Louis Nicollin, « Quelle bande de p**** d'avoir raconté ça [que les matches de Montpellier étaient arrangés] », ne font rien pour libéraliser un phénomène qui ne devrait plus de nos jours être tabou. Il faudra beaucoup de patience, ou le coming-out d’un grand nom du football afin d’en finir une bonne fois pour toute par un mal qui cache une discrimination latente.

L’homosexualité est bien plus qu’un sujet marrant pour les comptoirs de café, il est un sujet tabou qui parfois se termine en véritable tragédie pour les personnes concernées. Donc, pour faire évoluer les mentalités, je ne vous demande pas de comprendre les footballeurs gays mais de les tolérer. Interrogez-vous sur cette question : un footballeur est-il moins fort s’il est gay ? Je vous laisse le soin de répondre à la question, j’ai mon avis à vous d’avoir le votre.

Sébastien Renard

samedi 14 juillet 2007

Le Maroc et l'homosexualité




Société : Portrait. Homosexuel Envers en contre tous: Abdellah Taïa le premier Marocain qui a eu le courage d’assumer publiquement sa différence.
Posté par unique le 17/6/2007 21:01:23 (493 lectures) Articles du même auteur
L’histoire poignante du premier Marocain qui a eu le courage d’assumer publiquement sa différence.


“Il a accepté de donner son c… pour se faire connaître”, “Il est publié et on parle de lui parce qu'il est homo”, “Il se prostitue pour plaire à l'Occident”, “C'est son postérieur qui parle, pas lui”, “Il nuit à l'image du Maroc et de l'islam”, “Si nous étions réellement en terre d'islam, on le lapiderait”. Le nom de Abdellah Taïa, pour ceux qui le connaissent, ne laisse guère indifférent. Il délie les langues et déclenche, dans les discussions de café comme sur les forums Internet, des échanges au
contenu très peu amène. Un internaute a écrit ceci : “En ce temps de malheur, pour être publié dans le monde occidental, il faut écrire des romans sur la sexualité .....


La plupart de ces récits sont des autobiographies où des homos racontent avec fierté leurs exploits. Abdellah Taïa en est un. Il raconte sa vie de pédé depuis son jeune âge quand il vivait à Salé. Il a été l'invité de 2M cinq fois, un privilège dont ne bénéficie pas par exemple Mehdi El Menjra (ndlr : écrivain et “futurologue” marocain). Taïa, lui, a été reçu par toutes les maisons d'édition en France et son roman sera traduit”. L'homosexualité déclarée du jeune écrivain traumatise jusque dans les cercles de lettrés, pourtant réputés pour leur tolérance et leur ouverture d'esprit. Quand Taïa a publié conjointement dans les colonnes de TelQuel et celles du quotidien Le Monde, un texte personnel en réaction aux attentats kamikazes survenus au Maroc en mars 2007, un lecteur averti a trouvé le moyen de s'indigner en ces termes : “Taïa ne peut pas se mettre à la place d'un kamikaze parce que lui, c'est son c… qu'il se fait exploser. Alors si vous pouviez nous épargner les tribunes de votre pédale vedette…”. Quelques semaines auparavant, un chercheur dont on taira le nom a trouvé d'autres mots, un autre ton, pour exprimer sa colère : “Honte sur vous qui donnez de la
visibilité à un zamel !”.

==>Demain le scandale:
Abdellah Taïa n'a évidemment pas que des détracteurs. Il a aussi des amis, des supporters… qui se taisent. Ceux qui ne l'aiment pas, en revanche, l'expriment violemment, méchamment, l'assimilant sans problème à une honte nationale. Un “zamel”, c'est-à-dire un homosexuel, une pédale, une insulte. Le phénomène n'en est sans doute qu'à ses débuts, puisque l'auteur, dont les publications sont diffusées aujourd'hui à une moyenne de 10 000 exemplaires (mais vendus autant au Maroc qu'en France !) est appelé à grandir. Il vient d'être traduit en espagnol, bientôt en néerlandais. Son potentiel commercial et sa marge de progression en France sont énormes puisque, contrairement à ce que pensent ses nombreux adversaires, l'écrivain ne fait pas le tour des plateaux de télévision. Pas encore, du moins. Et au Maroc, il n'a jamais capitalisé sur son homosexualité à la télévision. Son coming out, selon l'expression consacrée, n'a été opéré que via ses propres écrits, en plus de l’entretien accordé à TelQuel, en février 2006.

Que se passera-t-il demain lorsque Taïa, par la force de son talent d'écrivain et sa singularité d'homme, deviendra une authentique star (inter)nationale ?

Al Massae, le quotidien le plus diffusé au Maroc, a déjà tranché la question : Taïa, il faudra le brûler ! Dans l'une de ses chroniques quotidiennes, le directeur de la publication, Rachid Nini, a pratiquement appelé au lynchage du jeune écrivain, accusant au passage l'Etat de “complicité” et traitant plus généralement les homosexuels d'êtres anormaux, qu'il ne faudrait surtout pas “exhiber” en public. “Comment accepter qu'un tel individu passe sur la deuxième chaîne de télévision nationale, qui est financée par l'argent du contribuable marocain ?”, écrit notamment Nini. Nous avons tenté de comprendre le point de vue pour le moins extrémiste du directeur d'Al Massae. Joint par téléphone, il a commencé par accepter l'idée avant de se désister sans aucune forme d'explication… Attajdid, le quotidien officieux des islamistes du PJD, a été à peine moins extrême qu'Al Massae : “Pourquoi Taïa bénéficie-t-il de tous ces passages à la télévision (marocaine) et pas les autres ?”. Un dirigeant du parti nous a fait, en off, le commentaire suivant : “Nous, on n'aime pas les homos !”. On aurait pourtant tort de prendre la formule pour une simple boutade. Le PJD est parfaitement capable de poser, demain, une question orale au Parlement, pour demander le jugement ou l'interdiction de l'écrivain. L'offensive menée, sur un autre plan, par le parti de Saâd-Eddine El Othmani, contre le film Marock risque de se reproduire, cette fois contre une personne : Abdellah Taïa. Ce qui sauve (pour le moment) le jeune écrivain peut se résumer, comme nous a expliqué ce dirigeant du parti islamiste, de la manière suivante : “Taïa ne représente pas grand-chose, il ne vend pas - encore - assez de livres”. Demain, donc, tout peut changer et tout changera, puisque Taïa vendra fatalement plus de livres, fera plus d'apparitions à la télévision, parlera davantage de son homosexualité, etc.


==>Un extra-terrestre à Paris:


En allant à la rencontre de Abdellah Taïa dans sa nouvelle vie, à Paris, on a du mal à croire que cet homme frêle, timide, pudique, tellement humble, corresponde au monstre décrit dans les délires de ses adversaires. “Je ne fais pas de littérature, je ne cherche à reproduire les plans d'aucun écrivain, je ne représente personne, je ne suis qu'un étranger qui vit seul dans un studio de vingt mètres carrés”. L'histoire de Taïa est celle d'un malentendu : fils de pauvre, il a appris à manier la langue française alors que beaucoup parmi ses copains du derb n'ont jamais mis les pieds à l'école. Il a fait des études en littérature, mais il a toujours rêvé d'écrire pour le cinéma. Et il ne s'est pas exilé en Europe pour découvrir les mondanités parisiennes ou le chocolat suisse, mais “pour suivre l'homme de sa vie”. Ce serait beau dans la bouche d'une femme, c'est impardonnable pour un homme marocain.

Dans son minuscule studio du 19ème arrondissement, quartier plutôt “pop” de la capitale française, le jeune homme n'a aucune photo de lui accrochée au mur. Il fait vite le tour du propriétaire sans quitter sa place, en bougeant son seul index : “Ici, sur ce matelas, je dors, j'écris, je fais tout. Là, ce sont les livres que j'aime, et puis là c'est une vieille photo de Mohammed V pour laquelle j'ai une grande tendresse, des disques, des films”. L'écrivain marocain le plus décrié du moment a un quotidien de Monsieur tout le monde à Paris, un homme très seul qui pense à ses fins de mois : “J'ai longtemps tenu le coup grâce aux petits boulots habituels. Aujourd'hui, je vends des livres mais pas assez pour être à l'abri du besoin, alors je donne des cours (d'arabe), je traduis les écrits des autres, j'écris occasionnellement pour des journaux”. Le grand dénuement dans lequel vit cet homme de 34 ans traduit l'intensité de sa vie intérieure. Abdellah Taïa vit avec des images et des mots du Maroc, des morceaux de vie de ce Hay Salam à Salé où il a grandi, dixième enfant d'une fratrie de onze. Une vie de pauvre où les corps, poussés par l'exiguïté, vivent pratiquement les uns sur les autres, créant au final une communauté charnelle, voire sentimentale : “Le sujet de ce que j'écris est et ne peut être que moi-même, mais je ne raconte rien en continu, plutôt des fragments de ce que je vis, ce que je suis”. Ce qu'il est ? “Un Marocain révolté, qui croit à l'individu, qui refuse l'idée selon laquelle notre histoire, personnelle ou collective, ne nous appartient pas, qu'on n'a pas le droit de se la réapproprier”. Taïa est une mosaïque humaine au centre de laquelle le mot homosexualité est évidemment inscrit en lettres d'or, inévitable, incontournable. “J'ai toujours été homosexuel et je ne m'en suis jamais caché. L'homosexualité se vit et ne s'explique pas. Ce n'est pas un trip, c'est ma vie. Je ne peux pas le cacher, je l'écris, je le raconte au milieu d'autres choses”.
Contrairement à un Rachid O., premier écrivain marocain à déclarer son homosexualité (dès 1994 avec L'enfant ébloui, puis Plusieurs vies, parus chez Gallimard), mais sans décliner son identité complète, Abdellah Taïa a décidé, dès le départ, de signer de son vrai nom, sans se cacher derrière un diminutif ou un pseudonyme. “Au Maroc, tout passe, mais dans le silence. Il y a eu un moment pour moi où ce silence n'était plus suffisant. Il fallait que je brise le tabou, que je parle. De moi”. Jusqu'en 2005, l'écrivain fait allusion à son homosexualité sur le mode du “Alfahem yfhem”, pour les initiés seulement, avant de la révéler ouvertement, sans détour, dans Le Rouge du tarbouche. En février 2006, il franchit un palier supplémentaire dans les colonnes de TelQuel : “J'ai eu un nœud à l'estomac au moment de l'entretien. L'heure de mon coming out avait sonné. Vous pouvez dire ce que vous voulez dans les livres, mais à partir du moment où vous le dites dans les journaux, cela devient l'affaire de tous, vous avez franchi le point de non-retour”. D'autres journaux francophones (Le Journal, le défunt Maroc-Soir, Maroc Hebdo, etc) relaient le coming out de l'écrivain. “Ma famille, mes anciens amis ont préféré ignorer, pour eux j'étais toujours dans mon hmaq de jeunesse, un truc réparable avec le temps et dans tous les cas camouflable dans l'immédiat. On ne me prenait pas au sérieux, même si les voisins venaient dire à ma mère : on a vu ton fils à la télévision. Une fois, mon grand frère m'a même appelé pour me dire, tout fier : je t'ai vu à la télévision, c'est très bien, mais dis-moi, quand est-ce que tu vas passer à la fiction ? Il voulait bien sûr dire : oui, on sait de quoi tu es fait, maintenant il faut arrêter ces déballages pour penser à devenir - enfin - écrivain !”, explique Taïa. Un autre de ses frères va se plaindre directement chez la mère : “Dis à ton fils d'arrêter de raconter son tkharbiq (charabia) et de revenir à la raison !”. La rupture avec le “maskhout Al walidine”, celui qui a osé briser la loi du silence, guette.


==>Coming out et déchirement familial


Le coming out de Taïa a pris une autre dimension, beaucoup plus dramatique, lorsque l'écrivain a expliqué son homosexualité dans des journaux arabophones (AlAyyam et Al Jarida Al Oukhra). “Cela a tout changé, puisqu'on est passé de la langue des riches (le français) à la langue de tout le monde (l'arabe). Un peu comme si on était dans la pure théorie, et que là, d'un coup, on atterrissait dans le réel”, se souvient l'écrivain. Cette fois, c'est sûr, le jeune homme est devenu “l'autre”, l'extra-terrestre, le clochard montré du doigt par les gosses de Hay Salam, le héros monstrueux des contes transmis par les grand-mères à leurs petits-enfants. La vie de Taïa bascule.

A Salé, les nouvelles vont très vite et les Taïa, au grand complet, sont obligés de tenir un conseil de famille : “Tel neveu n'arrivait plus à mettre le pied dehors, de peur d'être la risée des gamins du quartier, telle sœur avait des problèmes au bureau parce que son frère était zamel (et il n'avait aucune gêne à l'écrire et à le dire)”, se rappelle Abdellah Taïa. Catastrophe. C'est finalement la mère de l'écrivain, 74 ans, chef de famille depuis le décès du père, qui prend les devants pour appeler son fils en France. Elle pleure, son fils aussi. Ses mots à elle : “Ach derti lina, ach derna lik, wach nta khrej lik la'akel, wach hadak klam kaytgal (As-tu perdu la tête pour nous faire ça ? Pour dire toutes ces choses qu'on ne dit pas) ?”. Abdellah a les larmes aux yeux à l'évocation de ce douloureux souvenir : “Pour moi, je souffrais d'avoir involontairement causé du mal aux miens, d'être un peu lâche puisque loin de Salé, je souffrais surtout de voir que personne, dans ces moments de détresse, n'a pensé à moi, à tout ce que j'avais longtemps endossé en étant réduit au silence, à tout ce que j'avais à endurer pour poursuivre mon cheminement naturel”.
La mère ignore le contenu des livres les plus explicites (Le rouge du tarbouche et L'armée du salut), elle ne s'arrête que sur le contenu de l'interview accordée par son écrivain de fils à l'hebdomadaire Al Jarida Al Oukhra. “Elle était effondrée devant l'annonce de mon homosexualité et, plus encore, devant mon rejet définitif du concept de mariage”. “Ne me dis pas que mon fils ne va jamais se marier, qu'il n'ira jamais au Haj, que je ne pourrais jamais prendre ses enfants dans mes bras. Moi, je ne veux que ton bien”, pleure la vieille femme. Taïa, de son côté, essaie d'argumenter, il cherche des mots “qui rassurent (un peu)” entre deux sanglots : “C'est quelque chose qui me dépasse, mais il ne s'agit pas seulement de moi, je m'inscris dans un mouvement qui est plus grand que moi, et qui traverse tout le Maroc”, répond-il à sa mère. L'écrivain s'accroche à son rêve d'être lui-même et sa mère s'accroche au rêve de voir son fils être celui qu'elle souhaite. Qu'il referme la parenthèse homosexuelle pour revenir à la “normalité”.
Aucun autre membre de la petite famille Taïa ne contacte l'écrivain dans l'immédiat. La mère canalise à elle seule tous les mécontentements, chaque jour plus nombreux, plus difficiles à contenir, plus difficiles à vivre. Et Abdellah Taïa, dans son minuscule studio parisien, vit dans le noir le plus absolu, coupé du monde, réfléchissant sur la nouvelle tournure que prend son existence. Jusqu'au jour où l'une de ses sœurs, analphabète, lui envoie un SMS, qui arrive à point nommé comme une bouée de sauvetage : “Ma sœur ne m'avait jamais appelé, ni écrit. Elle a fait appel à sa fille pour m'écrire dans un arabe rédigé en français : son message ne disait rien de particulier mais il traduisait, quelque part, avec ses idées et sa manière à elle, un soutien extraordinaire de sa part”. Le SMS disait : “Khouya Abdellah, Wach nta labass ? Wach mazal D'aïf oula s'hahiti chouiya ? Rah koulna kansallmou alik”. Traduction : “Mon frère Abdellah, est-ce que tu vas bien ? Tu es toujours aussi maigrichon ou bien as-tu grossi un peu ? On te salue tous”.

==>Comment tourner la page ?

Abdellah Taïa n'est pas encore passé au chapitre suivant. Les siens non plus. Depuis le dernier épisode de ce coming out qui n'en finit pas, couronné par l'interview accordée à Al Jarida Al Oukhra en mai 2006, l'écrivain n'a plus jamais remis les pieds chez sa mère, sa famille, à Salé. “Je n'ose pas, parce que c'est trop tôt, trop chaud. Je ne sais pas quelle sera mon attitude, ni la leur, je n'ai pas envie de rouvrir toutes nos blessures, je ne veux pas plonger dans de nouvelles béances, pas encore. Je veux que l'on se donne, eux et moi, le temps de digérer tout ça”. Ses derniers séjours au Maroc, Taïa les a passés à Casablanca, Tanger ou Rabat, dans des chambres d'hôtel ou chez des couples d'amis. Des refuges anonymes et des cocons protecteurs. Le seul lien véritable qui le rattache à son pays est resté le même : une conversation téléphonique échangée toutes les deux à trois semaines avec sa mère. “Je n'en veux à personne, car ma démarche est d'aller au bout : de l'exil, de l'écriture, de l'homosexualité, de moi-même. J'ai choisi la voie de la liberté, je dois la mener jusqu'au bout”. Et le scandale ? “Mais quel scandale ? Ce n'est que dans l'individualité que l'on peut faire avancer les choses et être soi-même, pas en demandant la bénédiction de qui que ce soit. Parce que dès que tu demandes à quelqu'un son opinion, tu sais que c'est perdu d'avance : il évoquera la pensée moyenne, consensuelle, qui n'est pas la sienne mais qu'il te servira uniquement pour te briser”.

L'écrivain, aussi humble que percutant, en a encore dans le ventre. Il a longtemps été nourri au spectacle des humbles et des anonymes, les voisins de quartier ou les hommes et femmes de passage, aux parcours personnels si lisses… en apparence. “Je pourrais écrire des livres entiers sur les scandales de mœurs des uns et des autres, même parmi les plus conservateurs dans mon entourage. La transgression se pratique au quotidien et à une très large échelle. Elle est seulement tue pour mieux sauver les apparences. Moi, si j'arrive à briser le cliché du Zamel efféminé, prostitué, dépravé, ce serait déjà bien”.

En dehors de Rachid O, l'autre écrivain homosexuel avec lequel il est en contact, Abdellah Taïa ne fréquente aucun cercle littéraire. Pas plus marocain que français. Il est seul dans son coin. Quelques contacts (Frédéric Mitterrand, le cinéaste Faouzi Bensaïdi), des discussions avec une poignée d'anciens camarades de promotion, le tour des relations mondaines et sociales est vite fait. “Mais quand je suffoque, j'ouvre mon petit balcon qui donne sur les toits de Paris”, souffle l'écrivain, jamais à court d'idées pour éviter de tomber dans le pathétique ou se lamenter sur son sort.

L'attitude qui résume le présent de l'enfant de Hay Salam est celle qu'il adoptait, un jour, sur le plateau d'une émission littéraire sur 2M : la tête basse, un côté gauche, l'air plus simple, plus timide que la moyenne des écrivains à l'ego hypertrophié. Il était fidèle à lui-même, sans artifice intellectuel, refusant de théoriser ou de s'ériger en pourfendeur des tabous. Un peu dans la posture qu'avait, parfois, les soirs de mauvaise humeur, son idole de toujours : l'auteur du mémorable Pain nu, l'écrivain Mohamed Choukri (“Lui, c'était quelqu'un, il nous a fait comprendre, à nous les misérables, que tout était possible, que tout le monde pouvait faire ou être n'importe quoi. Parce qu'il a été le premier à raconter la réalité, la sienne, celle de tous les jours, y compris dans sa dimension sexuelle”). Clin d'œil du destin : la traduction hollandaise de L'armée du salut, attendue en septembre prochain, devra paraître chez l'éditeur hollandais… de Mohamed Choukri.

Source: Telquel

jeudi 12 juillet 2007

UN FILM ARGENTIN : La Léon




Critique : La Leon






En Amazonie, sur une île, un homme vit son homosexualité malgré la controverse que cela pourrait apporter.

La Léon est le premier film de l'argentin Santiago Otheguy. Etudiant en fac de la Sorbonne et d'abord musicien, il livre une œuvre intime et tranquille, un film qui vit au fil de l'eau. Tourné avec très peu de moyens (environ 300 000 euros), Santiago Otheguy parvient tout de même à utiliser un magnifique cinémascope qui font des décors amazoniens la star véritable de son cinéma. La fascination qu'a le cinéaste pour cette rivière qui découpe le sauvage de cette forêt amazonienne indomptée est retranscrite à l'écran, tout comme celle qu'il a pour ces hommes, qui à coup de machette abattent les feuillages marécageux pour agrandir, davantage encore, cette étendue d'eau.

La Léon, c'est la double histoire d'Alvaro, un homosexuel qui vit reculé sur une île amazonienne, et d'El Turu qui, conduisant le bateau El Léon, s'occupe de réapprovisionner le village et est donc le seul personnage à entrer en contact avec la société citadine. Le film présente ainsi un microcosme dans lequel tout se sait et où tout le monde finit par tout savoir, un peu comme pour le film Salvatore Giuliano, de Francesco Rosi, sur la Sicile ; Santiago Otheguy choisit d'ailleurs aussi le noir et blanc, et il l'inaugure par une scène de meurtre dont la nouvelle se repend instantanément. L'esprit "village" est donc d'emblée fortement marqué, il ne fait que se renforcer au fil du film et des saisons. C'est toujours le même bateau-bus qui embarque les mêmes habitants, et à une heure bien précise ; ceux-ci s'occupent avec un ballon de football, organisent une partie entre deux pêches où autres activités.

En réalité, c'est surtout l'apaisement et la tranquillité qui se dégagent de La Leon, le réalisateur ne cherchant pas tant à raconter une histoire qu'à suggérer les relations entre les personnages à travers les non-dits, les déplacements. Leurs discussions sont brèves et vont à l'essentiel, mais elles sont aussi très reposantes. A la manière des premiers avant-gardistes russes, Santiago Otheguy les positionne dans son montage final, en alternance avec une bande-son sobre, envoûtante et ambiancée de Vincent Artaud (relativement semblable à celle d'Inland Empire, de David Lynch), un peu comme on construit un puzzle : il dissémine ainsi les éléments de réponse de bout en bout, et un fait anodin resté mystérieux peut ne s'expliquer que bien plus tard. Le film gagne en calme plutôt que d'être confus, tout est résolu et expliqué de manière surprenante, le fleuve suit son cours, le village aussi. Les vieux commencent à succomber, les hommes s'entretuent pour le commerce ; deux meurtres pour ce qui s'avère être tout sauf un thriller.

Quant à l'homosexualité, thème central du film, elle est abordée à travers celle d'un villageois footballeur, Alvaro, qui range sa pudeur au vestiaire lorsqu'il s'agit de prendre sa douche. Mais rien de malsain, ni d'offensant, la caméra de Santiago Otheguy reste neutre et impassible pour que le lyrisme de la nature s'applique de la même manière aux personnages. La relative absence de femmes, un des attributs du western, est encore un choix de mise en scène qui souligne le caractère particulier du personnage. Elle marque aussi la violence de l'opposition qu'il vit avec El Turu, ambigu, qui ne mâche pas ses mots lorsqu'ils parlent de l'homosexualité. Il en éprouve une haine sans commune mesure, suffisamment repoussante pour noyer Alvaro dans sa solitude, mais, accoudé au même bar qu'Alvaro ou sur le stade de football, il cherche définitivement à s'en rapprocher. Une erreur ? Sa baisse de vigilance envers les étrangers, nouveaux commerçants, traduit par un magnifique plan renversé de l'eau et du ciel, pourrait devenir un soupçon de réponse.

Publié le 12/07/2007 par Florent Boucheron

dimanche 8 juillet 2007

Le cinéma GAY !




Les films de la semaine: homosexualité à Tel Aviv et paparazzi à New York
PARIS (AFP) - 02/07/2007 16h56



Le réalisateur israélien Eytan Fox, le 25 juin 2007 à Paris



Le dernier film d'Eytan Fox sur le quotidien de la jeunesse de Tel-Aviv, le retour de Tom Di Cillo avec "Delirious", une fable sur les paparazzi, et la naissance de la CIA racontée par Robert de Niro dans "Raisons d'Etat" sont sur les écrans de cinéma cette semaine.



- "The Bubble" d'Eytan Fox (Israël, 1H57) avec Ohad Knoller, Yousef Sweid, Daniela Wircer, Alon Friedman. Ils sont jeunes, beaux, et liés par l'amitié: Noam, disquaire, Yali, gérant d'un café à la mode et Lulu, qui travaille dans une boutique de produits de beauté, partagent un appartement dans un quartier branché de Tel-Aviv. Entre rendez-vous d'un soir, rêves d'avenir et raves dans le désert, tous trois s'efforcent de mener une existence ordinaire, en dépit du conflit israélo-palestinien qui déchire la région et bouche leur horizon. Mais Noam, réserviste, tombe amoureux d'Ashraf, un jeune Palestinien. Lorsque celui-ci vient vivre à Tel-Aviv parmi ses amis juifs, il bascule dans la clandestinité, faute de permis de travail, tout en cachant son homosexualité à sa famille. Une situation intenable qui met le trio à l'épreuve. Un sujet tabou filmé par l'auteur de "Tu marcheras sur l'eau", l'Israélien Eytan Fox, un film remarqué au dernier festival de Berlin où il a remporté deux prix, dont celui du public.




Le réalisateur américain Tom Di Cillo, le 22 juin 2007 à Lyon
- "Delirious" de Tom Di Cillo avec Steve Buscemi, Michael Pitt, Alison Lohman. Les Galantine est un paparazzi new-yorkais qui vivote de ses clichés médiocres, accablé de mépris par les stars, les attachées de presse et même ses propres parents. Il rencontre un jeune SDF qui lui propose de devenir son assistant et d'apprendre les ficelles de son "art", en échange d'un lit improvisé dans un placard de l'appartement miteux du photographe. Par un concours de circonstances invraisemblables, Toby croise la route de Kharma (Alison Lohman), avatar de chanteuse pop américaine à succès, et ils tombent amoureux. Une fable drôle, à la fois cruelle et optimiste, qui a remporté deux prix au dernier Festival de San Sebastian en Espagne, celui du scénario et du meilleur réalisateur.



- "Die Hard 4: retour en enfer" de Len Wiseman (Etats-Unis, 2H20), avec Bruce Willis, Justin Long. John McClane, employé par la police de New York, est chargé de "rendre service" à ses collègues du renseignement, le FBI, en allant arrêter chez lui un ado "hacker", qui pirate des logiciels sensibles sur internet. La corvée se mue soudain en mission commando, lorsque des tueurs lourdement armés font irruption chez le jeune homme et que McClane, n'écoutant que sa conscience, le protège d'un délirant déluge de feu. Débute alors une course-poursuite effrénée, où McClane et l'ado vont tenter de déjouer les plans d'une nébuleuse terroriste décidée à saper les fondements de la société américaine en sabotant ses réseaux de communication et ses centres d'approvisionnement énergétique. Des effets spéciaux et des cascades ultra spectaculaires, mais aussi une idéologie ouvertement conservatrice voire réactionnaire, au fil d'un scénario qui stigmatise les jeunes, les femmes et les non-Américains.



- "Raisons d'Etat" de Robert de Niro (Etats-Unis, 2H47, titre original "The good shepherd") avec Matt Damon, Angelina Jolie, Robert de Niro. Brillant étudiant à l'université de Yale, Edward Wilson alias Matt Damon est recruté pendant la Seconde Guerre mondiale par l'ancêtre du renseignement américain, l'Office des services stratégiques. Il se marie alors avec une fille de sénateur, Margaret Russell et prend la direction des opérations à l'étranger de la CIA. Là, Wilson se "salit les mains", mène de violents interrogatoires, combat les régimes procommunistes sur tout le continent et orchestre le désastreux débarquement de la Baie des cochons à Cuba en 1961. Les fautes commises par la CIA dès sa création, vues par l'acteur fétiche de Martin Scorsese, dans son deuxième film en tant que réalisateur, treize ans après "Il était une fois le Bronx". Produit par Francis Ford Coppola, le film a été couronné de l'Ours d'argent de la "performance artistique exceptionnelle", décerné à ses acteurs à Berlin.



- "Je déteste les enfants des autres" d'Anne Fassio (France, 1H26), avec Elodie Bouchez, Valérie Benguigui, Lionel Abelanski. Des parents font face à des enfants à qui ils n'ont pas su inculquer le sens des limites.



- "New Délire, les aventures d'un Indien dans le show-biz" d'Eric Le Roch (France, 1H20). Un détournement de la comédie indienne Saajan Chale Sasural, réalisé en 1996 par David Dhawan. Eric Le Roch et Pascal Légitimus ont remonté le film, réécrit une histoire, supprimé le son original et réenregistré des dialogues pour donner une seconde vie à un film bollywoodien.



- "Tenacious D in The Pick of Destiny" de Liam Lynch (Etats-Unis, 1H45), avec Jack Black, Kyle Gass, Tim Robbins, Ben Stiller. Pas de chance pour le jeune JB. Il est passionné de rock'n'roll dans une famille ultra religieuse qui voit dans cette musique l'oeuvre du diable. JB part pour Hollywood chercher le secret du rock'n roll.



- "La traversée du temps" film d'animation de Mamoru Hosoda (Japon, 1H38, titre original "Toki wo kakeru shôjo"). Makoto est une jeune lycéenne comme les autres, un peu garçon manqué, peu intéressée par l'école et absolument pas concernée par le temps qui passe. Jusqu'au jour où elle reçoit un don particulier: celui de pouvoir traverser le temps. Mais influer sur le cours des choses est un don parfois bien dangereux.



* Rééditions :



- "Punishment Park" de Peter Watkins (Etats-Unis, 1h28), avec des acteurs non professionnels, pacifistes, Black Panthers, policiers. Sorti en 1970, ce film imagine l'utilisation abusive, sous la présidence de Richard Nixon en 1970, du "McCarran act", une législation d'exception autorisant le gouvernement à emprisonner toute personne "susceptible de mettre en péril la sécurité intérieure". De jeunes pacifistes et activistes de gauche, opposés à la guerre au Vietnam, sont jugés par des tribunaux spéciaux qui les condamnent soit à de lourdes peines de prison, soit à un bref séjour à "Punishment Park". Tous choisissent la seconde option, sans se douter de ce qui les attend: trois jours de course dans le désert de Californie par plus de 40 degrés, sans eau, pour atteindre un drapeau américain planté dans les montagnes à 85 km. Pour corser l'épreuve, des policiers armés et motorisées sont lancés à leurs trousses. Le Britannique Peter Watkins instruit le procès d'une Amérique paranoïaque en pleine guerre du Vietnam.



- "Mickey and Nicky" de Elaine May (Etats-Unis, 1h59), John Cassavetes, Peter Falk. Nicky apprend que la mafia a mis sa tête à prix. Il appelle Mickey qui comme toujours vient le tirer d’affaires. Mickey l’aide à surmonter sa paranoïa et propose un plan pour s’enfuir. Mais un tueur est bientôt à leurs trousses.

lundi 2 juillet 2007

Halte à l'homophobie !



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Halte à l'homophobie !

Hostilité explicite ou implicite à l'encontre des homosexuels relevant de la peur, de la haine, de l'aversion ou encore de la désapprobation envers l'homosexualité, l'homophobie latente ou décomplexée de notre société (dite moderne !) continue de faire des ravages. Les préjugés et les discriminations anti-homosexuels ont plus que jamais la cote. Il serait bon de mettre fin à cette persécution sociale et religieuse qui relève d'un autre temps. C'est une simple question d'humanisme.

Un petit rappel historique s'impose. Ce n'est que le 27 juillet 1982 que la France vote l'abrogation du délit d'homosexualité, à l'initiative de Robert Badinter.

L'homosexualité est retirée de la liste des maladies mentales de l'OMS seulement en 1991. En France, la loi du 30 décembre 2004 créant la « Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité » a, pour lutter contre l'homophobie, complété les dispositions de la loi sur la presse de 1881 en faisant des délits de l'injure, la diffamation, l'incitation à la haine ou à la discrimination envers des personnes ou groupes de personnes en raison de leur orientation sexuelle par tous les moyens d'expression publique.

De nos jours, les actes homosexuels sont encore passibles de peine de mort dans sept pays : Afghanistan, Arabie saoudite, Iran, nord du Nigeria, Mauritanie, Soudan et Yémen. Ces législations sont effectivement appliquées. L'homosexualité est toujours punie d'emprisonnement (de quelques mois à la perpétuité), de sévices corporels, de déportation ou de travaux forcés dans une soixantaine de pays dont : Algérie, Bangladesh, Botswana, Cameroun, Chine, République démocratique du Congo, Émirats arabes unis, Équateur, Éthiopie, Îles Fidji, Guyana, Jamaïque, Kenya, Libye, Malaisie, Maroc, Mozambique, Nicaragua, Nigeria, Oman, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Tanzanie, Togo, Zambie. Cette liste n'est pas exhaustive. En Grande Bretagne l'interdiction des homosexuels était en vigueur dans l'armée jusqu'à il y a un an.

Rappelons aussi que de 1941 à 1945 de nombreux homosexuels furent déportés dans les camps de concentration nazis. Le triangle rose qu'ils portaient sur la poitrine est devenu, avec le drapeau arc-en-ciel, l'un des symboles de ralliement gays.

Que l'hostilité envers les homosexuels relève de la peur irrationnelle ou bien de la désapprobation morale, elle a dans tous les cas des conséquences dommageables. Une enquête publiée par l'Institut de veille sanitaire (InVS) indique que les tentatives de suicide sont cinq fois plus élevées chez les homosexuels que chez les autres, et encore plus chez les moins de 25 ans. Cela doit nous interpeller. Le rejet systématique de l'homosexualité par la société est dévastateur. Force est de constater que les préjugés homophobes sont toujours aussi tenaces, malgré les avancées législatives. Les passages à tabac, les moqueries, les mises à l'écart, les insultes « tapette », « tantouse », « pédé », etc. sont monnaie courante.

Certains argueront qu'ils ne sont pas homophobes, au sens où ils n'ont ni peur des homosexuels ni peur de devenir homosexuel, mais voient dans l'homosexualité une perversion morale. Ce débat sémantique n'a aucun sens, il ne fait que dissimuler les conséquences de l'homophobie : humiliation, isolement, exclusion, solitude, repli sur soi, dépression et suicide.

Les hommes politiques Emmanuel Hamel, François Abadie et Bernard Seillier ont, en séance de lecture au Sénat lors des discussions sur le Pacs, déclaré, entre autres, que l'acronyme Pacs signifiait « Pacte de contamination sidaïque » ou bien que « les citoyens normaux n'ont pas à payer pour les pédés », ou enfin que le projet en question était une « quête pathétique des homosexuels à l'égard du mariage, [qui] allait précipiter la société vers une aggravation de ses pathologies, déjà perceptibles par la drogue, les suicides... ». Les débats sur le PACS à l'Assemblée nationale seront prétextes à certaines répliques : « Il n'y a qu'à les stériliser », « et les animaux de compagnie ? ».

On a tout entendu lors de ce débat, que le Pacs détruirait la structure familiale et remettrait en cause les fondements mêmes de la société. La droite a eu un comportement honteux, excessif et lâche lors de la discussion. Seule Roselyne Bachelot a démontré tout son courage et sa force de conviction à la tribune en se prononçant en faveur de cette mesure.

Le député UMP Christian Vanneste avait affirmé que l'homosexualité était « une menace pour l'humanité ». « Je n'ai parlé que d'infériorité morale et sociale du comportement homosexuel par rapport au comportement hétérosexuel qui conduit au mariage et à la procréation » ou encore « L'homosexualité n'est pas innée, mais acquise [...]. Si l'homosexualité est acquise, elle peut aussi être rééduquée. »

On peut estimer que l'homophobie est un effet de l'« hétérocentrisme », c'est-à-dire la suprématie du modèle social hétérosexuel, présenté comme le seul existant par défaut dans les sociétés actuelles.

Curieusement, lorsque l'on parle de l'homosexualité, on pense davantage à l'union de deux hommes qu'à l'union de deux femmes, comme si la première était plus à même de choquer. Une hypothèse est que l'homophobie n'est qu'une conséquence de la conception machiste de la société aussi bien chez les hommes que chez les femmes, qui impose à l'homme un devoir de domination et de virilité. Ce carcan interdit à l'homme d'apparaître en situation d'infériorité. La femme est son faire-valoir. Cela explique que les hommes efféminés soient traités de « tapette » puis de « pédé », et qu'inversement tous les homosexuels soient perçus comme efféminés. L'homme pénétré effraie l'homophobe car il contredit l'ordre « naturel » des choses, comme si la pénétration d'un homme pouvait être le symbole d'une perte d'intégrité et de virilité. En sorte, c'est le fait qu'un homme puisse être pénétré qui contredit le schéma stéréotypé dévolu aux sexes : la femme est passive, l'homme actif. Or, entre deux hommes, la notion de rôle actif et de rôle passif est réduite à néant.

On en est arrivé à l'équation homosexuel = efféminé = faible = séropositif = pervers = malade. Cet amalgame immonde est une arme de destruction massive.

Une expérience menée par l'American Psychologist Association montre que l'homophobie peut être le résultat de désirs homosexuels refoulés : sur un public d'hommes se disant hétérosexuels - et se déclarant homophobes ou non - auxquels on a fait visionner des images érotiques homosexuelles, 44% des non-homophobes ont montré des traces d'excitation, contre 80 % des homophobes. De même, 24 % des non-homophobes étaient en érection complète contre 54 % pour les homophobes.

On trouve le plus grand nombre d'homophobes parmi les hommes, surtout les jeunes. L'homophobie peut être simplement culturelle ; ce n'est ni une peur innée ni une réflexion construite qui en est à l'origine, mais souvent un trait culturel acquis au contact d'une société globalement homophobe par habitude. Beaucoup des jeunes se disant dégoûtés par l'homosexualité n'ont en effet aucun avis réel sur la question et ne sont pas capables d'expliquer leur homophobie. Celle-ci fait partie de la culture dans laquelle ils se développent, souvent influencée par la religion.

Sida

Ajoutons que le Sida a considérablement retardé la lutte contre l'homophobie, une grande partie de la société étant persuadée que les pratiques homosexuelles étant plus libres et supposées plus dangereuses, les homosexuels contribuent plus que les autres à propager le Sida. Cela a renforcé l'idée d'une communauté homosexuelle. Enfin, cessons de parler de communauté homosexuelle. A-t-on déjà parlé de communauté hétérosexuelle ? Le fait d'accorder un statut spécial participe de la discrimination. L'orientation sexuelle ne constitue pas la caractéristique première, essentielle et congénitale d'un être humain ! Ce n'est qu'une des nombreuses composantes de la personnalité. Dans le même ordre d'idée, la Gay Pride est peut-être contre-productive car elle véhicule une image unique et fantaisiste.

Condamnation religieuse

Dans une lettre datée de 1986, le cardinal Ratzinger, aujourd'hui devenu pape sous le nom de Benoît XVI, décrivait l'homosexualité comme un « mal moral », « un désordre objectif qui est contraire à la sagesse créatrice de Dieu ». Mgr Ratzinger recommandait qu'un « souci spécial devrait être porté sur les personnes de cette condition, de peur qu'ils soient menés à croire que l'activité homosexuelle est une option moralement acceptable ». Il concluait sa lettre en souhaitant que soit retiré « tout appui envers un organisme qui cherche à contredire ces enseignements ».

En juillet 1992, le Vatican envoie une lettre aux évêques américains signée par le cardinal Ratzinger, dans laquelle les discriminations envers les homosexuels sont justifiées dans certains domaines : le droit à l'adoption, les homosexuels dans l'armée, l'homosexualité des enseignants. Ratzinger soutient que tenir compte de l'orientation sexuelle n'est pas « injuste ». Poursuivant le raisonnement, il n'hésite pas à affirmer qu'en demandant des droits, les gays et les lesbiennes encourageraient les violences homophobes. « Ni l'Église ni la société ne devraient être étonnées quand les réactions irrationnelles et violentes augmentent ».

Le grand rabbin Richard Wertenschlag tenait les propos suivants dans Lyon Capitale le 13 février 2007

“Les homosexuels ont des problèmes médicaux de type génétique ou des problèmes de pulsions. Il faut donc mettre des parapets, des limites, ou alors on devient une société décadente avec des zoophiles et des pédophiles.”

“L'homosexualité est contraire aux codes voulus par Dieu.”
“Il ne faut pas aller plus loin que le Pacs qui est déjà une grande concession !”
“Les homosexuels n'ont pas de respect pour les croyants puisqu'ils voulaient faire une gay pride à Jérusalem. Pourquoi pas sur la place Saint-Pierre ou à la Mecque ?”

Le mufti suprême de la région de Talgat Tajuddin en Russie a également déclaré à l'occasion de la Gay Pride : "S'ils vont dans la rue, il faudra les frapper. Tous les gens normaux le feront, qu'ils soient musulmans ou orthodoxes." Il a ajouté que le prophète Mahomet a ordonné de tuer les homosexuels, car "leur comportement conduirait à la fin de l'espèce humaine".

Les « fidèles » prennent désormais de plus en plus leurs distances avec ces directives, mais le chemin pour le « désendoctrinement » reste long.

Enfin, les « homophobes tolérants (!) » qui disent ne rien avoir contre l'homosexualité du moment qu'elle est dissimulée, ou du moins pas affichée, condamnent de fait les homosexuels à l'isolement : sur son lieu de travail, dans sa famille ou son cercle d'amis, on imagine mal l'intéressé dire « ce week-end avec ma copine... » comme les autres.

Alors ceci est un appel à tous les progressistes. Nous sommes au XXIe siècle. Tous ceux qui se font les chantres de l'antiracisme devraient être aux premières loges de la lutte contre l'homophobie, bien plus destructrice. Car contrairement au racisme, la victime ne peut pas se tourner vers un soutien familial ou communautaire. Nous ne pouvons plus tolérer cette violence gratuite.