mardi 28 août 2007

Vivre son homosexualité au Québec



Au Québec : Pas facile d'afficher son homosexualité sans choquer




Encore en 2007, il est difficile d'afficher son homosexualité sans craindre des répercussions. Marc (nom fictif) est un jeune homme dans la vingtaine qui, après qu'il ait décidé de rencontrer La Voix pour tenter d'aider d'autres jeunes qui vivent leur orientation sexuelle dans l'ombre, a choisi de ne pas dévoiler son identité suite à des pressions familiales. "J'assume mon orientation sexuelle, mais ma famille craint pour ma sécurité. En juin, un gars a reçu toute une raclée au centre-ville à cause de son orientation sexuelle.", explique-t-il. Même s'il désirait dévoiler son nom publiquement, sans toutefois être photographié, Marc a décidé de demeurer anonyme pour respecter la volonté de ses proches.
C'est à l'âge de 20 ans qu'il a découvert qu'il éprouvait des sentiments face à un autre gars. Après trois mois, les rumeurs sur son compte allaient bon train et il a décidé de l'avouer à son meilleur ami. "Va chier, je ne te crois pas", lui-a-t-il répondu. Un silence d'une dizaine de secondes suivit. "Il a fallu un mois pour que notre relation d'amitié revienne. Une simple claque sur l'épaule le rendait mal à l'aise au début", dit Marc. Ce fut ensuite le tour des parents qui ont eu beaucoup de difficultés à accepter ce fait. "Ce fut une bataille psychologique de plusieurs mois. Mon père pensait me guérir au début." Quelque temps plus tard, il tenta de s'enlever la vie en bouchant le tuyau d'échappement de sa voiture. "L'intervenante a rappelé trois fois pour me garder éveillé. Une fois à l'hôpital, on m'a dit que si les secours étaient arrivés 15 minutes plus tard, c'était fini", confie Marc.
Marie-Line St-Arnaud, directrice générale de Suicide Alerte, confirme que le rejet et les pressions sociales rendent les homosexuels plus vulnérables aux tentatives de suicide. "Il y a plus de détresse et les homosexuels sont confrontés à de nombreux stéréotypes et préjugés. Nous tenterons de l'aider dans l'immédiat, mais la personne devra aller chercher de l'aide", dit-elle. Si Montréal possède plusieurs organismes pour aider les jeunes homosexuels, ce n'est pas le cas dans des petites villes comme Sorel-Tracy. "Il n'y a pas de groupe d'entraide, ni de ressource pour eux. Ce serait quelque chose à penser que de créer une association pour les gais et lesbiennes ici", conclut Mme St-Arnaud. Briser les stéréotypesMarc est un sportif. Il a boxé dès son jeune âge et il assume pleinement sa virilité. Après avoir fait son coming out, il a progressivement retrouvé un sens à sa vie. Plusieurs homosexuels, surtout des jeunes, se confient à lui. La majorité d'entre eux vivent leur relation en secret et à l'abri des regards.
Même si les gens acceptent mieux qu'avant l'homosexualité, certaines personnes ont encore de la difficulté à comprendre. "Un collègue de travail a déjà évité de me parler pour éviter que les autres croient qu'il était gai", commente Marc. Les chuchotements, les blagues de mauvais goût et la peur font encore partie de la réalité de Marc. Aider les autresSelon Marc, il existe trois types d'homosexuels qui vivent dans notre société. "Il y a celui qui s'accepte et qui se fout de ce que pensent les autres. Celui qui cache la vérité et qui tentera de dissimuler tous les signes au quotidien. Moi, je fais partie du troisième type, celui qui a réussi à vivre comme avant son coming out", dit-il. Marc se sent mieux aujourd'hui et plus accepté de ses proches. Il a décidé de devenir bénévole pour le Groupe de recherche et d'intervention sociale gaies et lesbiennes de Montréal afin d'aider à démystifier l'homosexualité dans les écoles. "Je voudrais être intervenant. Je veux que les gens qui me parlent comprennent qu'ils peuvent accepter ce qu'ils sont et dire aux gens d'arrêter de pointer du doigt, d'entretenir les commérages et de diminuer les homosexuels", conclut Marc.

jeudi 23 août 2007





Rétrospective sur le PACS



La France était si fière de son modèle, et si tranquille. Chacun vivait sa sexualité librement, du moins le croyait-on. Il y avait, d'un côté, les gens mariés, entendons un homme et une femme. De l'autre, des couples en union libre, hétérosexuels ou homosexuels. Les premiers finissaient parfois par se marier, pour payer moins d'impôts par exemple. Les seconds ne pouvaient célébrer d'union. Ils avaient la réputation d'être les plus libres, les plus jouisseurs. On respectait leur choix d'aimer quelqu'un du même sexe, l'homosexualité était même sortie du code pénal en 1982.

Un jour, c'était en l'an 1998, une formidable éruption ébranla l'Hexagone. L'apparition d'un mot nouveau dans les conversations déclencha des querelles dans toutes les chapelles : le pacs, pacte civil de solidarité. Un contrat qui consacrait la reconnaissance des couples "quel que soit leur sexe" allait être débattu au Parlement. Les socialistes venaient d'arriver au pouvoir.
Quelques parlementaires avaient arraché cette promesse à leur chef de file, Lionel Jospin, après des années de militantisme et quelques projets restés dans un tiroir, tel le contrat d'union sociale (CUS). Le pacs répondait aussi à une urgence. Depuis les années 1980, le développement du sida avait brisé nombre de couples, surtout homosexuels. Après des années de vie commune, le compagnon survivant pouvait être délogé de l'appartement par les parents du défunt. Surtout lorsque ceux-ci avaient mal digéré l'homosexualité de leur enfant. En mettant fin à ces pratiques, le pacs brisait le tabou de l'homophobie ambiante.


Pas fou, le premier ministre avait fixé les règles du jeu. Le pacs ne doit pas être assimilé au mariage. Pas de passage devant le maire, pas d'adoption. On ne touche pas à la famille, compris ? On vote le texte, et on referme la fenêtre parlementaire. Pas dupes, répliquèrent nombre d'intellectuels et d'experts. Le pacs va forcément ouvrir la porte, à terme, au mariage gay et à l'homoparentalité. La droite applaudit, qui vota contre le texte, à l'exception notable de la députée (RPR) Roselyne Bachelot. Ringards, homophobes !, tonnait la gauche "moderne".


Le débat s'est donc ouvert sur un malentendu. On s'écharpa autant sur les hypothétiques conséquences du pacs que sur le projet lui-même. La France était mal préparée à cette discussion. Fidèle à sa tradition universaliste, elle n'avait guère coutume de légiférer sur les minorités, sous peine, craignait-elle, d'embrasser le communautarisme américain.


Des psychanalystes n'eurent pas de peine à faire entendre leur voix : celle de la différence des sexes, principe anthropologique qui fonde l'institution du couple et de la filiation. "Il n'est pas discriminatoire de dire que la relation homosexuelle, qui n'est pas un couple, ne peut pas représenter cette triple symbolique qui débouche, elle, sur la relation père, mère et enfant", défendit le prêtre et psychanalyste Tony Anatrella.


Quelques rares voix de psys dénoncèrent cet "ordre symbolique, estuaire théorique où confluent Lévi-Strauss, Lacan et le droit positif de la famille", décrypta Michel Tort. "Il est impossible de proposer du couple, de la famille ou de la filiation quelque définition anhistorique : dans le temps et dans l'espace, les sociétés remodèlent les institutions qui les définissent", approuvèrent, en écho, les juristes Daniel Borrillo et Marcela Iacub, ainsi que le sociologue Eric Fassin. Au-delà du pacs, les trois auteurs plaidèrent pour l'égalité des droits entre tous les couples, afin de ne pas "s'arrêter à mi-chemin".


Une autre gauche défendait une logique opposée. "Faut-il faire comme s'il allait de soi qu'un choix de vie sexuelle doive faire l'objet d'une reconnaissance institutionnelle ?", s'interrogèrent, dans une tribune, l'anthropologue Françoise Héritier, l'historien Paul Veyne, le philosophe Heinz Wismann, etc. Plutôt que le pacs, pourquoi ne pas étendre le concubinage aux homosexuels ?, proposa le sénateur socialiste et ancien garde des sceaux, Robert Badinter, approuvé par une partie de la droite. Le gouvernement lui donna satisfaction pour colmater la brèche. Tout en maintenant le pacs, évidemment.


Des philosophes relayés par la droite conservatrice déplorèrent l'esprit du contrat, révocable sans préavis. "Dans le cadre du mariage, les avantages financiers et fiscaux ne visent pas à conforter les comportements d'une morale traditionnelle, mais à rendre matériellement réalisable l'engagement sur le long terme (...). Vouloir étendre ces avantages aux couples pacsés, donc libérés d'engagement sur le long terme, revient à signifier que l'engagement vis-à-vis des enfants et du conjoint n'a pas plus de sens que le non-engagement", expliquait Chantal Delsol, professeur de philosophie. "Peut-on enfin reconnaître que le pacs ouvre une solution de plus et non une solution contre le mariage ?", répondait la députée socialiste Catherine Tasca, alors présidente de la commission des lois de l'Assemblée nationale. On taira avec indulgence les noms des avocats qui affirmèrent, dans ces colonnes, que compte tenu de certaines modalités juridiques (l'indivision, par exemple), "la loi est inapplicable et restera lettre morte".


Depuis son entrée en vigueur, le 15 novembre 1999, plus de 260 000 pacs ont été signés (chiffres de janvier 2007). La droite a remisé ses positions hostiles. La controverse semble presque rétro. Et le pacs bien timide au regard des réformes engagées chez certains de nos voisins européens (mariage homosexuel au Danemark, en Espagne, etc.).


Mais le pacs reste actuel au sens où les débats qu'il a ouverts n'ont plus quitté le paysage politique. Aujourd'hui, l'UMP fait grincer les dents avec son projet de "contrat d'union civile" qui conférerait les mêmes droits que le mariage aux homosexuels, sauf la filiation. Huit ans après l'éruption, le volcan fume encore.

mardi 7 août 2007

Une enquête sur l'homosexualité




Les ambassades néerlandaises ont reçu la consigne d'enquêter sur la situation et les droits éventuels des homosexuels dans les 36 pays avec lesquels les Pays-Bas entretiennent des rapports de coopération.
A l'issue de cette enquête, ils pourraient décider soit de faire pression sur les gouvernements les plus répressifs, soit d'aider les groupes de défense des homosexuels, voire d'adapter les montants de leur aide financière.
Même si cette dernière mesure a les faveurs de certaines organisations non gouvernementales et de défenseurs de la cause homosexuelle, elle ne semble pas privilégiée, a priori, par le ministère de la coopération, qui ne l'exclut cependant pas complètement. Dix-neuf des 36 Etats qui bénéficient de l'aide des Pays-Bas, dont le Nigeria et l'Indonésie, répriment l'homosexualité en la punissant, selon les cas, d'amendes, de la détention à perpétuité ou de la peine de mort. La puissante Association néerlandaise pour l'intégration de l'homosexualité (COC) - le plus ancien mouvement gay au monde, créé en 1946 - a convaincu le nouveau ministre de la coopération, le travailliste Bert Koenders, de dresser un inventaire mondial du droit des homosexuels.
M. Koenders a, en parallèle, invité ses ambassadeurs à faire pression sur les régimes les plus répressifs, mais a précisé qu'il ne s'agissait pas d'exporter le modèle néerlandais, qui autorise notamment le mariage entre personnes du même sexe. Une disposition qui, il faut le noter, a fait récemment l'objet de modifications, les fonctionnaires municipaux pouvant invoquer leur refus de célébrer de telles unions.
La question du droit des homosexuels dans le monde est vive aux Pays-Bas depuis qu'en 2006, le gouvernement chrétien libéral de l'époque a longuement hésité à accorder le droit d'asile à des homosexuels iraniens. Alors que la ministre de l'immigration, Rita Verdonk, affirmait qu'ils ne courraient aucun risque s'ils étaient expulsés vers leur pays d'origine, l'opposition et diverses associations rappelaient l'exécution de deux homosexuels iraniens en 2005. Les demandeurs d'asile ont finalement reçu un titre de séjour.
Les autorités néerlandaises manifestent leur intérêt pour les conclusions auxquelles sont arrivés, en 2006, des experts internationaux qui ont mis au point les principes dits de Jogjakarta, du nom de la ville indonésienne où ils ont été signés. Le groupe, qui a établi que 91 Etats répriment toujours l'homosexualité, a fixé des normes juridiques et des recommandations afin d'assurer une égalité entre toutes les personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ce texte a été présenté, en mars, au Comité des droits de l'homme des Nations unies. Comité devant lequel, en 2005, 54 Etats avaient demandé une action contre les violations flagrantes des droits des personnes homosexuelles, lesbiennes, bisexuelles ou transsexuelles.
Jean-Pierre Stroobants

samedi 4 août 2007

Un film africain sur l'immigration....




















Entretien : Joséphine Ndagnou “ Mon film est l’expression d’un sentiment d’indignation et de révolte ”
Premier rôle dans le film, scénariste, dialoguiste et réalisatrice, Joséphine Ndagnou parle de “ Paris à tout prix ”, des moyens financiers et matériels et des conditions de tournage. La prostitution, les voies anormales pour obtenir un visa, l’homosexualité…
Quelle est la place qu’occupe le vice dans votre film ?
Une place très importante. Quand on parle d’une jeunesse en perdition, c’est celle qui est confrontée à toutes les tentations d’une société en plein tumulte. A partir du moment où les gens n’ont plus d’autres sources de revenu, le commerce du sexe prend une part très importante dans la société. Cette jeunesse en détresse interpelle le cinéaste que je suis. Le vice dans le film permet de montrer l’ampleur de la tourmente et surtout à quel point les jeunes sont amenés à aller jusqu’au bout du sacrifice suprême pour assouvir leur rêve. L’homosexualité défraie la chronique depuis quelque temps dans notre société. Comment aurais-je pu l’éluder ? Les jeunes s’abandonnent dans l’homosexualité à cause de la misère et du chômage. En tant que cinéaste, je me suis trouvée profondément affligée, devant cette jeunesse africaine, victime de la misère et de la pauvreté. En la voyant sombrer dans la déshumanisation et la fatalité, j’ai compris qu’il fallait faire quelque chose. “ Paris à tout prix ” est avant tout, ma riposte à la dérive collective d’une jeunesse en manque de repères. Une jeunesse qui n’a d’autres rêves que la fuite, l’exil et l’émigration. Mon film est l’expression d’un sentiment d’indignation et de révolte.
Vous avez choisi de montrer l’aspect catastrophe de l’émigration. Certaines langues pensent que vous vous êtes profondément inspiré du discours de Nicolas Sarkozy.
Il y a des Africains qui réussissent à se tirer d’affaire en Occident certes. Mais ils sont combien ? Quoi qu’on dise, l’Africain n’est pas le bienvenu en Occident. Quand on a vécu en France (j’en sais quelque chose), on mesure l’ampleur du mépris et de la condescendance. Très peu de personnes, en dépit de leurs qualifications, y sont utilisées selon leurs compétences réelles. Mais très souvent on entend les Africains dire qu’il vaut mieux être balayeur là-bas plutôt que de rester dans son pays. On oublie une chose ; l’Occident est saturée. Tout le monde n’a plus accès au balai. Ne balaye plus les rues de l’Occident qui veut. Je ne dis pas stop à l’émigration. Je pense qu’il faut y aller, avec conviction, en sachant ce qu’on va y chercher. Il faut opter pour le départ utile. Je suis allée, je suis revenue pour travailler, être utile à ma manière pour mon pays. J’aimerai que tous ceux qui partent gardent en tête, le retour au pays natal. Qu’ils pensent que les bénéfices de leur émigration doivent profiter à leur pays. L’Afrique a besoin d’être bâtie. Si nous faisons partir tous les bras valides, si nous assistons impuissamment à l’extraversion des valeurs et compétences de l’Afrique, qui va bâtir ce continent ? C’est un questionnement qui interpelle tous les hommes de pouvoirs et les dirigeants africains. Il peut y avoir une ressemblance entre ma démarche et le discours du président français. Mais je ne suis pas pro-Sarkozy. La manière par laquelle, il tolère que les Africains soient rapatriés, me révolte. Son discours sur l’aide à concéder aux gouvernements africains, pour permettre la création des emplois, en vue de limiter le flux des candidats au départ, manque encore de visibilité. Tant qu’il n’y aura pas de chronogramme et de vigilance sur l’utilisation de cet argent. Je suis d’accord avec le président Nicolas Sarkozy pour l’aide qu’il faut apporter à l’Afrique. Comment rester insensible, en regardant, les jeunes Africains être traités comme du bétail humain ?
Parlons-nous des conditions techniques du film. A sa création, le projet de ce film était très modeste. J’avais juste mon scénario en mains.
Sans le moindre sou, ne sachant pas par quel bout commencer. Et pourtant, j’étais motivée et prête à prendre les risques qu’il fallait, pour présenter à l’écran, les affres et les dessous scandaleux d’un rêve, qui dans la plupart des cas, s’achève par un cauchemar. Au regard des souffrances, les misères de la jeunesse africaine et de l’amère désillusion, qui couronne souvent la mésaventure. Pour pallier l’absence des moyens financiers et matériels, j’ai tendu la main, à des collègues techniciens, dont le talent et l’expérience en matière de l’audiovisuel sont avérés. Si après 17 années d’expérience professionnelle, je n’ai pas pu réaliser de film alors que j’en étais bien capable, je me suis dit qu’il y avait des jeunes comme moi, armés de courage et de bonne volonté, capables de braver le challenge. Sur le plan technique, je me suis essentiellement appuyée sur une équipe camerounaise pour tourner le film. Claude Pountu a accepté d’assurer les prises de vue et d’être en même temps, le chef opérateur. Joseph Awoulbé a assuré les cadrages et l’éclairage. Ces deux frères et amis m’ont motivée à aller jusqu’au bout du projet, à parfaire le scénario et à le mettre en pellicules. Même Sosthène Fokam Kamga, l’ingénieur de son, a abattu un énorme travail. Pour assurer le montage et la post-production en France, j’ai pris attache avec des expertises qui ont l’habitude du montage des longs-métrages et des chefs d’œuvres cinématographiques.