lundi 14 mai 2007

SOS Homophobie...




SOS-Homophobie: Un groupe clé dans la lutte à l'homophobiePar Marc-Olivier Ouellet , AlterHéros
13-05-2007


Paris 13 mai 2007 | Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie, Marc-Olivier Ouellet, délégué d’AlterHéros en France, s’est entretenu avec Julien Lemonnier, trésorier de l’association SOS-Homophobie pour en savoir davantage sur ce groupe important en France et leur travail colossale en matière de lutte contre l’homophobie.

SOS-Homophobie : un groupe clé en France

Fondée en avril 1994, l’association SOS-Homophobie a pour mission de lutter contre les discriminations et les agressions à caractère homophobe. « Nous sommes absolument tous bénévoles. Nous sommes environ 90 bénévoles essentiellement à Paris, et dans aussi 7 régions françaises. Et nous tentons de plus en plus de nous développer dans les régions », raconte Julien Lemonnier. Bien que l’association compte sur la participation de jeunes, la moyenne d’âge de l’association est environ 30-35 ans. « Il y a quelques jeunes, mais pas assez! Les jeunes vont d’abord dans les associations étudiantes, dans les universités ou dans les écoles. Ces associations mélangent convivialité, engagement dans lutte à l’homophobie et prévention des MST et Sida, elles sont plus polyvalentes » nous relate Julien, ce qui explique en partie pourquoi moins de jeunes fréquentent SOS-Homophobie.

L’association SOS-Homophobie se veut un groupe totalement mixte sur le plan des orientations sexuelles, qui recherche la mixité dans toutes ses actions. Par rapport aux questions trans, l’association participe à la fierté trans et les écoutants ont été formés pour pouvoir donner les premiers éléments d’information, mais puisque l’association n’a pas toutes les ressources pour agir, les appels sont référés vers d’autres associations qui sont mieux outillés quant aux questions transsexuelles et transphobie.

Offrant dès ses débuts une ligne d’écoute téléphonique pour les témoins et les victimes d’homophobie, d’acte ou de propos homophobes, l’association a diversifié ses services avec les années. Elle concentre aujourd’hui ses énergies en trois pôles : le pôle « Écoute et soutien » et le pôle « Prévention » et le pôle « Action ».

Pôle « Écoute et soutien » : une aide précieuse et diversifiée

Pour son pôle « Écoute et soutien », l’association met à disposition une ligne d'écoute téléphonique anonyme pour donner un temps de parole et d'écoute aux personnes victimes d’homophobie (Numéro en France 0 810 108 135). Par cette ligne téléphone, l’association souhaite aussi et surtout donner les moyens d'agir et de se prendre en charge. Les écoutants et les intervenants de l’association sont tous spécifiquement formés à ces actions et sont signataires d’un code d’éthique qui encadre leur travail bénévole. De plus, les écoutants ont reçu des notions juridiques de base sur ce que l’on peut faire auprès de la police et de la justice.

« Les gens qui appellent pour témoigner d’un mal de vivre, une difficulté à s’assurer, à s’annoncer homosexualité autour de soi, représente environ 10% des appels que reçoit l’association », explique Julien. SOS-Homophobie s’est fait connaitre pour son soutien aux actes et aux propos homophobes, et il existe en France d’autres lignes plus spécifiques aux questions liées au questionnement de l’orientation sexuelle, telle la ligne d’écoute Azul en France, ou Gai-Écoute au Québec.

En plus du soutien téléphonique, l’association recueille aussi des témoignages par le biais de son site Internet et si nécessaire, SOS-Homophobie peut aussi intervenir concrètement en envoyant par exemple des lettres de soutien, en fournissant de l’accompagnement, en interpellant les employeurs sur leur besoin d’application de la loi, etc. « Nos délégués régionaux peuvent avoir des contact direct avec les victimes pour les accompagner, par exemple à un procès » rajoute Julien. De plus, l’association a initié des groupes de paroles pour les victimes d’homophobie qui sont animés par une psychologue, qui ont lieu au kiosque de Sida-Info-Service.

Pôle « Prévention » : la France loin derrière le Québec

Le deuxième pôle de la mission de l’organisme SOS-Homophobie consiste à mener des actions de prévention de l'homophobie, dont principalement en effectuant des interventions dans les établissements scolaires et en organisant ou en participant à des actions visant à sensibiliser l'opinion publique contre l'homophobie.

En matière d’intervention scolaire, SOS-Homophobie peut intervenir à la demande d’un professeur, d’un conseil d’établissement, ou même des élèves. En 2006-2007, l’association a rencontré 50 classes, pour un total d’environ 1200 élèves rencontrés. C’est une augmentation de 70% par rapport à 2005-2006. « Nous pensons qu’il faudrait généraliser la sensibilisation dans les collèges et les lycées. Il est indispensable que chaque jeune, au moins une fois dans sa scolarité, ait entendu parler d’homosexualité, et soit amené à comprendre que homosexualité est normal, et qu’il y a des gens à qui en parler autour » explique Julien, déplorant la difficulté à rencontrer plus de jeunes en milieu scolaire, comparativement au Québec où des associations comme le GRIS-Montréal rencontre plus de 10 000 jeunes par année.

À ce sujet, SOS-Homophobie revendique une politique de prévention à grande échelle et cohérente, et que les textes officiels de loi contre la discrimination soient appliqués, ce qui n’est pas toujours le cas. Cette année, une expérience a été menée dans une école où un questionnaire a été remis à tous les élèves pour connaitre leur perception de l’homosexualité sous forme de questions assez générales, par exemple « comment réagisseriez-vous si vous appreniez que votre meilleur ami était homosexuel? Connaissez-vous des personnalités connues homosexuelles? ». « L’analyse du questionnaire révèle que 42% des répondants disait que l’intervention les avait amené à réfléchir sur leur perception de l’homosexualité. Rien que ça, c’est un résultat fantastique! » se réjouis Julien.

Pôle « Action » : vers l'égalité juridique et sociale


SOS-Homophobie est une association apolitique, mais a aussi pour mandat de travailler à l’obtention de l'égalité des droits entre les couples homosexuels et les couples hétérosexuels, et entre les personnes homosexuelles et les personnes hétérosexuelles. À cette fin, elle peut réagir par rapport aux déclarations que font les politiciens et à leurs programmes. « Dans les deux dernières années, l’asso a peu intervenu directement auprès des ministères » déplore Julien. Au contraire, l’association a plutôt présente sur le terrain. Elle jouit d’ailleurs pour le moment d’un bon accueil au niveau du Ministère de jeunesse et des sports, qui finance le Colloque contre l'homophobie et pour la diversité par l'éducation.

Cela dit, par le passé, SOS-Homophobie a effectué des actions ponctuelles avec d’autres associations, telles que Act-Up Paris, sur des sujets touchant l’homophobie. Par exemple, SOS-Homophobie s’est associée à des associations en Guadeloupe et en Martinique pour réagir au propos violents prononcés là-bas, comme eux de chanteurs de reggae.

De plus, l’association a mis en place une cellule de veille sur Internet à qui l’on peut signaler les propos homophobes sur les sites Internet hébergés en France. « Dans ces cas, on envoie systématiquement un rappel de la loi à l’hébergeur, et l’on constate que les propos sont retirés » explique Julien, qui précise que ces actions ciblent aussi les blogs et que les actions de SOS-Homophobie ont même parfois menées à la fermeture de site avec des propos homophobes très violents.

Le Rapport sur l'homophobie: la carte de visite de SOS-Homophobie


En plus de toutes les actions mentionnées, une grande partie des efforts fournis par les bénévoles de l’association sont dirigés vers la rédaction d’un rapport annuel qui fait état de l’homophobie en France. Ce rapport en est à sa 11e édition cette année. Julien en est le co-responsable avec sa collègue Marion Lemoine depuis l’an dernier.

« Le premier rapport montrait les différents aspects de l’homophobie, pas seulement par les appels reçus à l’association, mais aussi par une série de documents, d’articles de presse, etc. Je crois que la première idée des gens qui ont décidé de publier ce rapport, c’était d’avoir un document qui pose la crédibilité de l’association et du travail qui a été fait. C’était un document qui permettait d’aller vers les politiciens, les médias, les responsables associatifs, pour montrer la réalité de l’homophobie en France » raconte Julien.

Encore aujourd’hui, le rapport s’inscrit toujours dans le même esprit bien qu’il s’est beaucoup professionnalisé sur le fond et sur la forme. Le rapport donne lieu pour l’association à une prise de parole publique. En 2006, c’est 25 personnes, membres de l’association, qui ont participé à ce grand projet, qui sera mis à disposition au grand public dès cette semaine.

La base du rapport reste encore les témoignages reçus par téléphone et par internet. En 2006, c’est 1332 témoignages ont été recueillis et analysés, soit une augmentation de 10% par rapport à 2005. La première partie du rapport aborde plusieurs grands thèmes : le travail, la vie publique, le voisinage, le commerce et service, le mal de vivre, la police et la justice, le milieu scolaire, etc. Le rapport présente ensuite une analyse transverse de ces thèmes et fait aussi une analyse spécifique des agressions physiques qui représentait 12% des appels reçus par SOS-Homophobie. « Ce n’est pas parce que les témoignages sont en augmentation que l’homophobie en France est en augmentation » signale Julien. « L’association est plus connue grâce à nos efforts pour être mieux implanté en province, et la retombée de notre présence dans les médias » rajoute Julien.

La deuxième partie du rapport se veut un suivi de l’actualité vu du regard des grands médias. On y traite du mariage gai, de l’adoption, de l’homoparentalité, de la lutte contre l’homophobie, de la religion.

« La conclusion que l’on tire du rapport 2006, c’est qu’il y a de plus en plus de gens qui sont prêt à réagir » explique Julien. « Personnellement, je crois qu’il y a énormément de travail à faire, mais je suis convaincu que [mon engagement à SOS-Homophobie] est une action efficace » ajoute-t-il en terminant.

Le rapport est en vente dans plusieurs libraires en France, dont les FNACs, et est aussi disponible en vente sur internet, au coût de 10 euros, un montant bien investi qui aide l’association à financer ses actions bénévoles.

Pour plus d'information sur l'association et pour se procurer une copie du rapport, visitez le site Internet: http://www.sos-homophobie.org/

samedi 5 mai 2007

Les abus sexuels en Afrique du Sud



Le Groupe national de travail sur les délits sexuels,
un consortium de 25 organisations qui inclue la Clinique Teddy Bear pour les enfants abusés, et le Centre de conseils juridique Tshwaranang (TLAC) spécialisé dans les affaires d’abus sexuels, a remis les résultats de sa récente enquête à la Commission sud-africaine des droits de l’homme (SAHRC). D’après l’étude, près d’un tiers des praticiens des structures sanitaires gouvernementales dans les 31 centres nationaux de prise en charge du viol a dit ne pas considérer le viol comme un cas médical sérieux.

Si le viol n’a pas été signalé dans un poste de police, les personnels de santé dans les centres refusent aussi de fournir le traitement médical, dit de prophylaxie post-exposition (PEP), composé d’antirétroviraux, qui permet de prévenir le risque d’infection au VIH. « Etant donné le délai de 72 heures pendant lequel la PEP doit être administrée, cette répugnance des travailleurs de la santé a généralement des conséquences à long terme pour les survivants d’agressions sexuelles », a dit à IRIN/PlusNews Lisa Vetten, chargée principale de recherche et de programme au TLAC.

Par ailleurs, de nombreux services destinés aux victimes de viols sont situés dans les sections des hôpitaux réservées aux accidentés. « Ces salles sont très bruyantes, très fréquentées, pleines de sang, effrayantes... ce sont exactement les services inadaptés pour accueillir des patients victimes de viols », a-t-elle dit, soulignant que ce genre de lieu constituait rarement un environnement idéal pour une personne en état de choc. Moins de la moitié (47,2 pour cent) des structures visitées dans le cadre de l’enquête disposent d’une salle à part pour examiner les victimes, ces salles étant en outre souvent fermées à clé en dehors des heures habituelles de travail.

Homosexuels et prostitués sont souvent exclus des traitements

Un autre obstacle au traitement de ces victimes est « l’attitude antipathique, de jugement et impatiente » des travailleurs de la santé, qui empêche l’accès au traitement pour les personnes marginalisées telles que les gays, les lesbiennes et les travailleurs ou travailleuses du sexe. « Pour les gays qui survivent au viol, ce manque de sensibilité de la part de la police et des travailleurs de la santé signifie d’être étiqueté comme des personnes ayant des relations sexuelles multiples et donc méritant d’être violées », a dit Glenn de Swardt, directeur du Triangle project, un groupe de défense des droits des gays basé dans la ville du Cap, dans le sud du pays.

M. de Swardt a dit que l’homophobie et l’ignorance en ce qui concerne les viols d’hommes par des hommes empêchait souvent non seulement les hommes homosexuels, mais aussi les hommes hétérosexuels et jeunes garçons victimes de viols, d’avoir accès à la PEP. « Pour les hommes [hétérosexuels] il y a la peur d’être ‘efféminisés’ par leur communauté, mais cela est vrai aussi pour les familles de jeunes garçons, qui préfèrent garder l’agression secrète », a-t-il dit.

Partageant les inquiétudes de M. de Swardt, Shaheda Omar, responsable thérapeutique à la clinique Teddy Bear, a expliqué que de nombreux viols de jeunes garçons n’étaient pas rapportés à cause de cela. « Les jeunes garçons ont toujours compté parmi les victimes de viols, mais ce n’est que depuis récemment que les cas ont commencé à être rapportés », a-t-elle dit.

Le Groupe national de travail sur les délits sexuels a estimé que 42,7 pour cent des quelque 50 000 viols rapportés à la police en 2005-2006 concernaient des enfants, mais Mme Omar soupçonne que ce chiffre pourrait en fait être beaucoup plus élevé. Le viol étant défini par la loi comme un acte perpétré par un homme –ou garçon- sur une femme –ou fille-, les statistiques de la police ne prennent pas en compte les agressions sexuelles commises contre des hommes et des garçons.

Le rapport soumis par le Groupe de travail a aussi souligné que dans certains cas, le refus des médecins de venir témoigner devant un tribunal minait le processus légal. « Les parents hésitent aussi à rapporter des cas, en raison de la peur de devenir à leur tour les victimes de l’auteur du viol, que la police est souvent trop lente, ou carrément incapable, d’arrêter », a dit Mme Omar.

Elle a souligné le besoin d’établir des discussions franches entre les parents et les enfants sur les questions sexuelles, sur les « bons et les mauvais gestes » de même que sur les dangers du VIH et ses moyens de transmission. Un Sud-Africain sur neuf vit avec le virus, selon les estimations nationales. La SAHRC a prévu d’organiser le mois prochain des débats sur « la disponibilité, l’accessibilité et l’acceptabilité » des services sanitaires.

Un livre intéressant....



L’Homosexualité au cinéma par François Xavier

Impression


Voici la première somme qui reprend toutes les représentations des gays et lesbiennes dans le 7ème art, de son invention à nos jours. Au sommaire, l’histoire du cinéma détaillé par grandes périodes et par pays, des encadrés sur des personnalités, des films phénomènes ou des approches singulières, une sélection de 100 films emblématiques, une éphéméride retraçant les grandes dates de cette histoire, des index regroupant plus de 5000 films et 5000 personnalités ; bref ? THE encyclopédie !
Né en 1967, Didier Roth-Bettoni est journaliste et critique de cinéma. Ancien rédacteur en chef du Mensuel du Cinéma, de La Saison cinématographique et du magazine culturel gay Ex æquo, il dirige actuellement le magazine Illico, tout en continuant à écrire régulièrement sur le cinéma. Il est aussi un militant gay engagé qui nous offre ce pavé comme l’aboutissement de son travail, de sa quête, de ses amours …

Le cinéma est le reflet de notre société, il scrute l’état de nos consciences, il met à nu les blocages qui entravent nos libertés, il étudie les évolutions des comportements, il parle de nous, de notre époque aussi. Il dénonce nos interdits, il se joue de nos désirs, il épingle nos contradictions. Le cinéma est donc notre miroir magique à qui l’on peut parler, et qui nous réponde en affichant sur grand écran nos pulsions de mort, nos aspirations, nos fantasmes, nos tabous et en nous les renvoyant en pleine figure pour que nous les digérions mieux … Grâce à ce miroir aux alouettes, quelque gogos furent plumés ; mais il y eu aussi de la Rédemption et le miroir aux alouettes se mua en un drôle de miroir à facettes : grâce à lui les exclus entraient de plain-pied dans le monde. La réalité de nos quotidiens ne pouvaient plus nous échapper. Et l’homosexualité se révéla à nous, en nous, tapie au cœur du monde comme le marqueur de notre évolution, de notre tolérance … Mais que la bagarre fut rude pour en arriver là !

Car nous savons très bien de quelle manière nous avons traité les minorités depuis des siècles. Et, si l’important dans un miroir tient à ce qu’il renvoie, le cinéma – comme miroir absolu de notre psyché collective – a ceci de particulier de proposer un reflet à la fois extrêmement collectif et profondément intime. Répondant en cela en tout point à ce qu’il peut dénouer comme blocage inconscient, le cinéma a permis à l’homosexualité – qui est une question à la fois absolument personnelle et totalement publique – de prendre part à la vie sociale, au même titre que les clandestins, les handicapés, etc.

La façon dont le cinéma aborda l’homosexualité fut donc tout sauf neutre puisqu’il du intégrer la manière dont les homosexuels étaient, soit réprimés, soit tolérés, reconnus voire méprisés ; et cela selon tel pays et à un instant T pour se traduire par des films orientés, qui multiplient les personnages ou les sujets à caractère gay, ou au contraire qui nient jusqu’à l’existence des homosexuels des deux sexes, les tournant en ridicule ou alimentant les préjugés les plus tenaces à leur encontre.

« C’est donc cette histoire complexe, » nous rappelle Didier Roth-Bettoni dans son avant-propos, « faite d’avancées et de reculs, de mouvements temporels et géographiques contrastés, où se mêlent des aspects purement cinématographiques et d’autres de nature plus politique, que ce livre va s’efforcer de retracer. Une histoire qui débute presque en même temps que l’histoire du cinéma lorsque les comédies burlesques usaient du travestissement pour divertir les foules, et dont les traces n’ont pas cessé de se diversifier au fil des décennies. Une histoire longtemps vue au travers d’un prisme purement américain et dont il est clair pourtant qu’elle ne saurait se limiter à ce seul aspect, Hollywood, on le verra dans ces pages, ayant globalement véhiculé des images bien plus négatives de l’homosexualité que ses contemporains européens.
Une histoire portée par le cinéma grand public bien sûr, mais aussi par les franges plus marginales et plus expérimentales du septième art, dans lesquelles les homosexuels ont pu prendre en charge leurs représentations d’eux-mêmes. Une histoire durant laquelle une catastrophe (le sida, par exemple) peut engendrer, par contrecoup, d’inattendus progrès pour les droits des homosexuels et un changement évident d’images à l’écran … »

Cette extrême variété de motifs et d’approches, ce foisonnement de pistes et de modes de représentation selon les lieux et les époques forment le cœur même de cet ouvrage, sa raison d’être, en effet, tant Didier Roth-Bettoni s’efforce, en y faisant écho, de battre en brèche les a priori quant à l’invisibilité des gays et des lesbiennes sur les écrans avant une période récente ou hors de la zone des USA/Europe.

Mais doit-on y voir – aussi – un livre militant ? Sans doute, certainement, pourquoi pas puisque l’on peut y lire aussi une manière de corriger l’axe en mettant sous les feux de la rampe l’injustice faite aux homo et ainsi en tentant de les réhabiliter, en affirmant qu’ils ont toujours été là, dans le paysage, même si l’on s’évertuait à ne pas vouloir les voir … perversité d’autant plus retorde que ne pas voir un personnage au cinéma demande un effort intense (sic) … Mais le mode de lecture des spectateurs était un peu bloqué, sclérosé et les modèles manquaient aussi. Désormais le tournant a été pris et ce livre militant, donc, mais pas seulement, est aussi une bible, un ouvrage cinéphile qui propose une relecture de l’histoire du cinéma sous un angle différent afin de montrer que l’homosexualité peut avoir le premier rôle !

Didier Roth-Bettoni, L’Homosexualité au cinéma, La Musardine, avril 2007, 747 p. – 34,90 €