lundi 22 octobre 2007

L'homosexualité à l'île Maurice.... Témoignage





Faire mieux comprendre l’homosexualité
Lorsqu’ils entendent prononcer le mot “gay”, bon nombre de Mauriciens ont à l’esprit l’image caricaturale de la ‘grande folle’, incarnée à l’écran par feu Michel Serrault dans le film “La Cage aux Folles”. C’est justement ce cliché-là et d’autres mauvaises conceptions que Laurent Laroche, le nouveau président du Collectif Arc-en-Ciel, veut briser.
Laurent Laroche, n’a rien d’efféminé. Ni dans son physique, ni dans son comportement général. Et pas même dans ses intonations. Et pourtant, il vit et assume pleinement son homosexualité.
Oui, reconnaît-il, il est un homo comme ils disent. “Lorsqu’une personne m’interroge à demi-mot sur mon orientation sexuelle ou en me montrant son index à la phalange recourbée, je réplique qu’effectivement, je suis p... Le terme ne me dérange plus. Autrefois, je ne l’aurais jamais admis. Pas même à un autre homosexuel”. Cette assurance tranquille est assez récente chez lui. Elle date en fait de sept ans. Un nouvel état d’esprit résultant d’une rencontre. Avant ça, Laurent était d’une timidité maladive et craignait toujours de déranger par sa seule présence. Laurent refuse toutefois d’établir une corrélation entre ce mal-être qu’il a traîné jusqu’à l’âge de 21 ans et les abus sexuels répétés dont il a été victime à partir de l’âge de six ans. “Je n’avais que six ans lorsqu’un cousin, de dix ans mon aîné, a fait des attouchements sur ma personne. Je croyais que c’était un jeu. Cela s’est répété. Le plus dur, c’était quand je ne le voulais plus et que c’était forcé. Les abus ont duré longtemps et puis ce fut le viol”. A l’adolescence, Laurent se sent attiré émotionnellement par les filles avec qui il sort et a même des rapports sexuels. Mais en parallèle, il sort aussi avec des garçons mais là, précise-t-il, c’est purement sexuel. Lorsque sa mère le questionne sur son orientation sexuelle après avoir lu un article sur l’homosexualité dans un magazine féminin, il lui dit la vérité. Et pour lui faire plaisir, il accepte de consulter un psychologue et même un prêtre. Cela ne l’empêche pas de continuer à mener sa double vie. “ J’avais du mal à me situer et à savoir quelle était mon orientation sexuelle”. Le théâtre, que cet ancien élève du collège St-Joseph pratique, l’aide dans une certaine mesure à briser sa timidité. Sa sœur aînée l’entraîne dans son sillage lorsqu’elle sort et cela l’oblige à ne pas vivre en ermite. Le fait que sa sœur et son petit ami acceptent sa bisexualité est aussi pour lui un soulagement. Mais il a beau avoir des relations avec des filles et des garçons, il se sent toujours différent des autres. Lesdites relations ne l’apaisent pas. Et même le théâtre qu’il fait auprès de plusieurs troupes, bien que plaisant, n’amène pas le résultat escompté. “Bien que mes amies et mes petits copains étaient au courant de ma bisexualité, en public, je me conformais à ce que la société attendait de moi”. Lorsqu’il rencontre Clarel Broudou, le metteur en scène et directeur de la troupe Artistes en Liberté, ce dernier est le seul à lui faire confiance. “Alors que les autres me critiquaient ouvertement, lui, m’a encouragé et m’a fait confiance. Il a suffi de cela pour que j’aie confiance en moi”. A travers Clarel Broudou, qui est devenu son meilleur ami, il rencontre l’homme qui partage aujourd’hui sa vie à mi-temps. “Pas en raison du qu’en-dira-t-on mais pour des raisons pratiques”. Laurent déclare n’avoir eu aucune difficulté à vivre son homosexualité. Pas même à la firme où il est travaille. “Au bureau, je me sens un peu à l’écart car certains hommes ont du mal à accepter l’idée générale de l’homosexualité. Mais une fois qu’ils me connaissent, ça va. D’autres m’évitent, de peur d’être catalogués d’homosexuels. Mais je ne prends pas cela comme de l’homophobie car c’est un choix personnel. Tant que l’on me dit bonjour, ça va. Avec mes collègues filles, ça se passe super bien”. Il ajoute ensuite qu’en groupe, les gens ont tendance à se prononcer contre l’homosexualité. “Lorsque tu les interroges individuellement, cela ne les dérange pas. Comme quoi, la pression du groupe est plus forte. Beaucoup de personnes acceptent les travestis et pas les homosexuels car dans leur tête, un homosexuel est génétiquement mal constitué et doit forcément vouloir changer de sexe pour devenir femme. Ce n’est pas vrai”. Il n’est pas du genre à s’afficher. Bien que lui et son copain soient très tactiles, ils ne se promèneront pas bras-dessus, bras-dessous, ni ne se bécoteront en public. “ La société dans laquelle on vit n’a pas encore évolué et n’accepte pas l’homosexualité. Tout comme ce n’est pas bien vu de marcher en bikini à Port-Louis. Que tu sois homosexuel ou hétéro, tu dois respecter les autres. C’est une question de pudeur et de respect”. Laurent aurait pu mener sa petite vie tranquille, sans se soucier d’autrui. “J’ai toujours pensé qu’il me fallait aller vers les autres. Je refuse que ma vie ne se résume qu’au travail et qu’à ma relation amoureuse”. Lorsqu’il apprend que le mouvement qui va devenir le Collectif Arc-en-Ciel est en gestation, il s’y intéresse et assiste aux réunions. Il est agréablement surpris par la composition du premier comité de direction. “J’ai été agréablement surpris de voir que chaque groupe était représenté et qu’il y avait une réelle volonté de faire changer les mentalités”. La première année de la constitution du collectif, Laurent se porte volontaire comme trésorier. La deuxième, il agit comme porte-parole. Cette année, il a été élu président. Le message du collectif reste inchangé. Il veut que l’homosexuel ait une reconnaissance légale. “Nous attendons avec impatience l’Equal Opportunity Bill qui devrait aplanir toutes les difficultés pour nous”. Tout comme il réclame la dépénalisation de la sodomie. Pour mieux faire connaître le collectif, Laurent veut aussi le faire enregistrer auprès du Mauritius Council for Social Service. Et pour venir à bout de l’homophobie, il pense à des campagnes d’explications auprès des familles qui s’interrogent sur l’orientation sexuelle de leur enfant, de même qu’auprès des jeunes. “Il faut expliquer ce qu’est l’homosexualité, montrer que ce n’est pas une perversion, ni une déviation sexuelle. Que cela n’a rien à voir avec le sexe mais que c’est une histoire d’amour entre deux personnes de sexe identique. Il faut expliquer ce qu’est chaque composante de la communauté des LGBT pour éviter les amalgames”. Laurent porte un regard surprenant sur l’homophobie. Le plus grand homophobe, selon lui, est l’homosexuel lui-même. “Il ne s’accepte pas car il est mal dans sa peau. Comment ne pas l’être quand la société l’a conditionné à être pendant longtemps ce qu’il n’est pas ? C’est ça, aller contre sa nature. Mais il est si mal dans sa peau qu’il n’accepte généralement pas les autres travestis, lesbiennes, bisexuels. Comment voulez-vous qu’on l’accepte s’il ne supporte pas les gens qui sont pratiquement comme lui ?”. Laurent ajoute que le collectif a aussi été créé pour une plus grande solidarité entre les différents groupes le constituant . “Le changement doit aussi s’opérer à l’intérieur de la communauté des LGBT”, dit Laurent.
-->Marie-Annick SAVRIPÈNE

vendredi 19 octobre 2007

Quand l'Europe sacrifie les gays polonais !







Sur fond de traité simplifié, les homos polonais ignorés
Union européenne.
Florence Tamagne Université Lille-III

Fruit de longs mois de négociations, le «traité simplifié», présenté comme une victoire de Sarkozy, repose sur un compromis en forme d'abdication de la part de l'Union européenne face à la Pologne des jumeaux Kaczynski (du parti Droit et justice, PiS, conservateur). Elle n'appliquera pas la charte des droits fondamentaux, en particulier les dispositions concernant les droits des minorités sexuelles.


1. Quelles sont les discriminations ?


Bien que l'article 32 de la Constitution et le code du travail dénoncent toute forme de discrimination, 13 % des gays et des lesbiennes polonais ont déjà subi des violences physiques, plus de 50 % des violences psychologiques et plus de 80 % jugent nécessaire de dissimuler leur orientation sexuelle sur leur lieu de travail. Dans un pays à très forte majorité catholique, l'homosexualité continue d'être vue comme un péché. Les dernières marches pour l'égalité (l'équivalent de la Gay Pride) ont été le théâtre de violentes attaques organisées par les jeunes skinheads de la Ligue des familles polonaises (LPR), ancienne alliée du PiS : jets de pierres et d'œufs pourris, slogans haineux aux relents antisémites («Gazons les pédés !») et antieuropéens («Pédophiles et pédérastes, voilà les euroenthousiastes !»), sous les yeux de forces de police visiblement peu enclines à intervenir.


2. Y a-t-il homophobie d'Etat ?


En 1932 la Pologne, sous l'influence du code pénal napoléonien, était l'un des premiers pays d'Europe à décriminaliser l'homosexualité. Aujourd'hui, la presse de droite n'hésite pas à affirmer qu'il s'agit d'une importation occidentale, étrangère à la tradition polonaise, et elle dénonce l'action du «lobby rose international», qui aurait infiltré les institutions européennes. Le chef de la LPR, Roman Giertych, ancien ministre de l'Education, a été limogé en août, mais le Premier ministre, Jaroslaw Kaczynski, n'exclut pas de ressusciter son projet d'interdire la «promotion de l'homosexualité à l'école». Son frère jumeau, le président Kaczynski, est lui aussi un homophobe notoire qui demeure persuadé que l'homosexualité conduit l'humanité à son «extinction». Parmi les partis en lice pour les législatives du 21 octobre, seule la coalition de centre gauche (Gauche et démocrates, LiD) s'affirme contre l'homophobie et pour les droits des homosexuels, mais elle a peu de chance de l'emporter.


3. Comment tentent de réagir les militants gays et lesbiens ?


Aujourd'hui, les groupes gays et lesbiens sont peu nombreux ; une subculture avec des pubs ou des clubs homosexuels n'existe que dans les grandes villes. Pour les deux principales organisations lesbiennes gay, bi et trans (LGBT), Lambda Warszawa et Campagne contre l'homophobie (KPH), il est essentiel non seulement de créer une identité homosexuelle positive, mais aussi de mobiliser l'opinion. En 2010, l'Euro Pride se tiendra à Varsovie, choix qui a valeur de symbole, puisque la Pologne sera le premier pays d'Europe de l'Est à accueillir la manifestation. Pour Tomasz Szypula, secrétaire général de KPH, «le plus important est que nous avons une chance d'être plus visibles et de créer une vraie communauté avec des leaders, ce qui nous permettra d'être assez forts pour influencer la politique polonaise. Je compte aussi sur les organisations LGBT de toute l'Europe pour qu'elles nous témoignent leur solidarité. L'Euro Pride à Varsovie sera un retour aux racines de l'idée de "fierté". Cela ne sera pas seulement un moment de joie, mais aussi un cri fort pour demander le respect». -- Voilà comment l'europe renie ses principes humanistes au profit d'un pays homophobe !

Amitiés de René

samedi 6 octobre 2007