lundi 30 juin 2008

Des homos sans droit de cité...



Les homos des quartiers sans droit de cité
Discriminations . L’homophobie dans les banlieues s’exprime « avec plus de violence qu’ailleurs » (1). Loin des drag queens et de la techno, notre enquête dans les quartiers populaires.

Jim observe, assis sur une rambarde, suivant du regard le ballet black, blanc, beur qui défile. La nuit tombée, entre Aubervilliers et La Villette, à l’abri de la circulation, mais pas des regards des promeneurs nocturnes, les berges du canal Saint-Denis se transforment en lieu de drague gay. Un point de rencontre particulièrement fréquenté par les jeunes des quartiers riverains, qu’ils soient en Seine-Saint-Denis ou dans le Nord-Est parisien. Survet’-casquette-baskets, bou- bous ou tenues plus classiques, tous les styles se croisent, s’abordent, s’enlacent. Quand on est homo de l’autre côté du périphérique ou dans un quartier dit sensible, mieux vaut ne pas s’en vanter, voire s’en cacher.

Antony n’habite pas ce qu’on appelle une cité. À vingt ans, il vit chez ses parents, à Varennes-sur-Seine, en Seine-et-Marne. « Si tu te montres, ça craint. Je ne tiens pas mon copain par la main, témoigne ce DJ. Il y a trois ans, je l’ai dit à un ami qui l’a répété. Je me suis fait agresser par des adolescents. Il y a des gens qui ont coupé les ponts avec moi quand ils ont su que j’étais gay. Ce sont les jeunes et les personnes âgées qui nous acceptent le moins. C’est encore plus difficile pour les Noirs et les Beurs », précise le jeune homme, qui « met de l’argent de côté pour se rapprocher un jour de Paris ».

« Je fais tout pour passer inaperçu »

À seulement dix-neuf ans, Karim Hammour, lui, a déjà franchi le pas. Originaire des Yvelines, il habite à présent le deuxième arrondissement de la capitale. « Quand je retourne en banlieue, je m’habille, je parle, je marche différemment. Je fais tout pour passer inaperçu, raconte cet étudiant à la Sorbonne. Le poids familial est énorme. Certains parents, s’ils l’apprennent, ne veulent plus jamais en entendre parler. La religion n’est qu’un prétexte, car l’homosexualité n’est pas clairement réprimée dans le Coran. D’ailleurs, pendant mes vacances en Algérie, je me suis rendu compte que l’homosexualité était présente partout. »

Pour Karim, le tabou vient non seulement de « l’ignorance », de « l’amalgame par la génération précédente entre l’homosexualité et le sida », mais aussi de « l’absence de modèle masculin populaire auquel on pourrait se référer. On sait qu’on est différent mais on ne sait pas si on est seul. Il y a des homos qui peuvent refouler au point de devenir homophobe », affirme-t-il.

Dans ces quartiers, les lieux de rencontre entre gays sont inexistants. « On a trop peur d’être surpris, ce qui entraînerait des expéditions punitives. » Trouver l’âme soeur est donc quasiment impossible. Restent les chats sur Internet mais la solution la plus viable est de rejoindre Paris, considéré comme un refuge et le Marais comme l’Eldorado. « Là-bas, je m’en fous », se réjouit Antony. « Je ne me cache plus du tout », confirme Karim. Slimane, lui, est discret par nature. À vingt-huit ans, il a retrouvé une sérénité. À sa majorité, il quitte Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise) pour s’installer à Paris, où il reste neuf années. « Je ne m’épanouissais pas. Ou je m’enterrais ou je tentais l’aventure. Cela m’a permis de construire ma personnalité », confie-t-il.

Aujourd’hui, Slimane est retourné vivre en banlieue. À Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Qui plus est en couple. « Mais si j’avais été trop efféminé, je ne l’aurais pas fait. Cela aurait été trop dangereux. On apprend à se préserver car on ne peut pas se révolter contre un groupe. Il faut l’accepter. » Pour les sorties, en revanche, la capitale reste son lieu de prédilection. « Je me sens plus libre. » Il pourrait aussi s’y réinstaller, avec son compagnon. « Ce sera quand même plus simple. » Travaillant dans l’immobilier, Slimane a aussi des talents d’acteur. Il a tourné dans deux films, dont un qui n’est pas sans lien avec sa vie. Beurs appart raconte en effet l’histoire de jeunes gays de banlieue qui se retrouvent dans l’appartement parisien d’un ami pour vivre leur sexualité. Dans cette fiction, Slimane joue le rôle du Parisien… mais il est hétérosexuel !

« peur de se faire traiter de pédé »


Paris l’eldorado, mais aussi Paris le refuge. Comme l’a constaté Alice Guéna, présidente du MAG (2), association de jeunes LGBT, situé dans le 20e arrondissement, mais qui intervient régulièrement dans des établissements scolaires de banlieue : « Certaines personnes passent dans notre local pour se changer, parce qu’ils ont peur de se faire traiter de pédé. C’est une insulte banalisée liée au machisme. En milieu scolaire, l’homosexualité est complètement néantisée. Les homophobes font en sorte de ne pas être confrontés à la question. Pour eux, il n’y pas d’homosexuels. Ou alors, c’est un truc de Blanc, car on ne peut pas être homo et noir ou homo et musulman. Il y a pourtant d’autres interdits qui ne sont pas respectés, comme l’alcool et le sexe avant le mariage, mais ces écarts-là ne font pas, à leurs yeux, des mauvais musulmans. »

Ne pas tomber dans la stigmatisation

Mais la responsable associative refuse de tomber dans la stigmatisation. « On ne peut pas déterminer à l’avance si une personne sera homophobe en fonction de son milieu socioculturel ou de sa situation économique. Il y a beaucoup d’ignorance. Avec de la pédagogie, on peut calmer les tensions. Si l’homosexualité était plus visible, avec une meilleure représentation à la télé par exemple, il y aurait moins de préjugés. Il faut un culot monstre pour s’assumer. En tant qu’association, on ne donne pas de consignes, on encourage seulement les personnes à se protéger. Ce serait génial qu’un mouvement homo émerge des banlieues. Pour l’instant, ils ne pensent pas pouvoir faire changer les choses dans leurs quartiers », analyse Alice Guéna.

En Seine-Saint-Denis, le conseil général, à l’initiative de l’ancienne présidence communiste, a pris les devant en créant, en décembre 2006, un réseau d’aide et d’action pour lutter contre toutes les discriminations. L’Espace 93 pour l’égalité des droits rassemble des associations locales et nationales, des centres sociaux et des organisations d’aide aux familles. Devant le besoin évident de sensibilisation des milieux populaires à la question de l’identité sexuelle, un engagement des pouvoirs publics est devenu plus qu’urgent.

(1) Selon le rapport 2006 de SOS Homophobie.

(2) Mouvement d’affirmation des jeunes gais, lesbiennes,

bi et trans, (MAG),

106, rue de Montreuil,

à Paris. Permanences

les vendredis de 18 heures

à 22 heures et samedis

de 16 heures à 21 heures.

Ludovic Tomas

vendredi 27 juin 2008

Ecole de la tolérance....???



En France, les homosexuels ne sont pas près d’être à la noce

A quelques jours de la Marche des fiertés (ancienne Gay Pride) qui aura lieu le 28 juin à Paris, le mot d’ordre de cette manifestation festive et politique est désormais entériné : « Pour une école sans aucune discrimination ». Noble intention, mais que sont devenues les revendications de toujours sur le mariage et l’adoption ?

Le 16 juin dernier, des centaines de couples américains ont pu officialiser leur union après que la Cour suprême de Californie eut pris la décision de légaliser le mariage homosexuel. Dans cet état en majorité conservateur, San Francisco et Los Angeles font office d’îlots de tolérance où les gays et les lesbiennes peuvent désormais vivre leur amour au grand jour et sous le couvert de la loi. Cinq jours auparavant, en Europe, le « vieux continent », c’est la Norvège qui est devenue le septième pays au monde à légaliser le mariage homosexuel après les Pays-Bas et le Portugal en 2001, la Belgique en 2003, l’Espagne et le Canada en 2005 et l’Afrique du Sud en 2006. Et en France, c’est pour quand ?

On se souvient que la question était déjà tombée sur le tapis lors des débats présidentiels pour l’élection de 2007 avec un bilan en demi-teinte. D’un côté, Ségolène Royal s’était engagée prudemment, une fois le train lancé par Dominique Strauss-Kahn, à « avancer résolument sur les deux sujets du mariage et de l’adoption ». D’un autre côté, le candidat Sarkozy, plus mal à l’aise, avait néanmoins confirmé son attachement au triptyque « un père, une mère, un enfant ».

L’école de la tolérance

Depuis, le débat n’a guère eu l’occasion d’être relancé si ce n’est le 17 mai dernier où Rama Yade, secrétaire d’Etat chargé des affaires étrangères et des droits de l’homme, s’est engagée au nom du gouvernement à reconnaître la journée mondiale contre l’homophobie. Les plus optimistes ont interprété cette décision comme un signe d’évolution des mentalités sur le mode du « c’est mieux que rien. » Les pessimistes ont considéré plus laconiquement que ce genre de décision ne coûtait pas grand-chose au gouvernement et que le mariage homosexuel n’était décidément pas près d’être légalisé en France.

La cause serait-elle donc entendue et faudrait-il juste admettre que la France n’est pas prête à statuer officiellement sur l’union entre deux personnes du même sexe ? C’est en tout cas, l’opinion qui semble dominer dans les esprits, y compris chez les premiers concernés. Interrogé dans les colonnes du quotidien Libération du 23 juin, Alain Piriou, porte-parole de l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et train (Inter-LGBT) s’explique ainsi sur le choix du mot d’ordre de la Marche des Fiertés édition 2008. « Nous savons que ce n’est pas cette année qu’une marche de 500 000 personnes fera changer d’avis Nicolas Sarkozy qui a clairement dit qu’il était contre le mariage et l’adoption par des couples du même sexe. Plutôt que de perdre notre temps, autant le mettre à profit pour avancer. Cette année, on a choisi le thème spécifique de l’école. Sur la question de l’homophobie, l’Education nationale est un acteur incontournable ». Un mot d’ordre qui s’inscrit directement dans les orientations prises par Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale et Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur. Concrètement, il s’agit d’abord de rendre systématique l’affichage de la ligne Azur dans les lycées. Une « solution » qui doit permettre aux adolescents victimes de violences homophobes ou soucieux de s’informer de trouver des interlocuteurs formés. Dans les universités et les grandes écoles ensuite, il est prévu, dès la prochaine rentrée, qu’une campagne de lutte contre l’homophobie soit initiée auprès des étudiants voire des enseignants grâce à des modules de formation spécifiques.

Même si la décision mérite d’être saluée, est-ce une raison suffisante pour baisser les bras au sujet des revendications sur le mariage et l’adoption ? La question reste en suspens et provoquera certainement des réactions.

Pour savoir si l’ensemble des associations ou des groupes activistes gays et lesbiens adhère à cette résignation officielle, il suffira de tendre l’oreille samedi 28 juin dans les rues de Paris et de prendre le temps de déchiffrer les slogans. A suivre

mardi 17 juin 2008

Raction ferme après les propos d'un maire de La Réunion



Réaction : L’indignation de l’ARPS
Depuis 20 ans, l’Association Réunionnaise pour la Prévention du Sida (ARPS) mène des actions de prévention des risques liés à la sexualité. Elle réagit ici face aux propos tenus par Mr Ramakistin et repris par le JIR.

NOTRE association intervient notamment sur les lieux de rencontre homosexuels tel que la Souris Chaude. Contrairement a ce que suggère Mr le Maire de Trois Bassin, relayé avec beaucoup de complaisance par certains organes de presse, il ne s’agit pas de dépravés ni de pervers. Les gens que nous rencontrons sont des gens ordinaires homo bisexuels, votre voisin, votre collègue de travail, votre fils peut être... Il s’agit d’hommes jeunes, ou moins jeunes, qui ont souvent du mal à vivre une vie amoureuse sereine dans une société qui reste homophobe, il faut bien l’admettre, vivre son homosexualité reste difficile à La Réunion. Difficile pour un garçon de tenir la main de son compagnon dans la rue ou de draguer à une terrasse de café. L’homophobie ambiante et parfois le rejet familial, contribuent au malaise profond de nombreux jeunes homos. Les difficultés liées à l’orientation sexuelle sont une des premières causes de suidde chez les jeunes (7 à 10 fois plus de suicides chez les jeunes homosexuels que chez les hétérosexuels du même âge). L’homophobie induit chez certains homosexuels une mauvaise image de soi qui favorise les prises de risques. La lutte contre l’homophobie est un élément clé pour la prévention des risques.

Les propos tenus par Mr Ramakistin Maire de trois Bassin et repris par le JIR dans son édition du 11 juin 2008 ont provoqué l’indignation de l’ARPS. Les termes de gazages, de nettoyage et les confusions entre pédophilie et homosexualité sont indignes.

Nous sommes convaincus que ces propos participent à la stigmatisation des homosexuels. La lutte contre la discrimination en fonction l’orientation sexuelle est inscrite dans la loi et doit être respectée par tous.
Le mélange des problématiques offensant la "communauté" homo bisexuelle doit être dénoncé.
La prostitution, le harcèlement, le racket et la toxicomanie n’ont strictement rien à voir avec l’homosexualité et ne sont pas une spécificité de la souris chaude.

Nous demandons à ce que la presse et nos élus reviennent à des propos plus sereins et respectueux des libertés Individuelles.

DR Alain Vice président de l’ARPS

Association Réunionnaise pour la Prévention du sida
11 bis rue Saint Jacques 97400 SAINT DENIS REUNION www.arps-info.com

dimanche 15 juin 2008

Ne pas s'imaginer toujours seul !



>"Montrer aux personnes qu'elles ne sont pas forcément seules"
CGLBT Rennes homophobie homosexualité hétérosexualité

Comme chaque année depuis quinze ans, à l'initiative du centre gay, lesbien, bi et trans de Rennes (CGLBT), une marche des Fiertés était organisée cet après-midi. Plus de 500 personnes étaient présentes durant le défilé. Alors qu'en est-il aujourd'hui de la place des homosexuels dans notre société ? Eléments de réponse avec Françoise Bagnaud, co-présidente de l'association.
Françoise Bagnaud, au delà du caractère festif, quel est l'enjeu de ce type de manifestation ?



Il y a plusieurs enjeux. Le premier est de rapeller que l'on vit dans un pays, un monde, où un certain nombre de personnes ne sont pas hétérosexuelles. Et ces personnes n'ont pas les mêmes droits que les autres. Il y a une discrimination. Discrimination par rapport au mariage, par rapport à l'homoparentalité, par rapport au droit à l'adoption. Le deuxième enjeu est que bon nombre de personnes homosexuelles, ont un sentiment de honte, ou sont stigmatisées, par rapport aux autres. Le fait qu'il y a une marche chaque année permet de montrer aux personnes qu'elles ne sont pas forcément seules. Il existe des associations, un collectif, notamment.





Justement aujourd'hui, y-a-t-il une évolution dans la perception et l'intégration de l'homosexualité ?



Oui tout à fait. Prenons cette année, la ville de Rennes nous a apporté leur aide, en matériel et nous a aidé à construire le chapiteau. Ce n'est pas le cas dans toutes les villes. Aujourd'hui, à Rennes, on y voit plus clair. Les médias eux aussi, permettent aux choses d'évoluer, grâce à des reportages, des fictions ou des séries, évoquant et intégrant l'homosexualité.





Et par rapport à la population ?



En terme de mentalité, c'est difficile à mesurer. Certes on est loin des années 70, où l'on considérait l'homosexualité comme une maladie mentale. Mais aujourd'hui, il y a encore un bon nombre de personnes qui souffrent, qui ne savent pas comment faire. Et il y a aussi des personnes qui sont clairement homophobes, on a pu le voir aujourd'hui, qui nous insultent et ne nous acceptent pas. Je pense qu'il y a vraiment une question sociale. Les gens disent "je ne suis pas homophobe", et dans le même temps, sont contre le mariage homosexuel, ce qui est une certaine forme d'homophobie. Or, ils ne veulent pas de différences entre les personnes de couleur blanche et les personnes de couleur noire, d'origine arabe ou autre. Et bien c'est la même chose pour nous. Pourquoi y aurait-il des différences entre les personnes hétérosexuelles et homosexuelles ?!





Dans le domaine professionel, vous ressentez encore des discriminations ?



Oui c'est perceptible. Même si aujourd'hui, il y a une loi qui a interdit cette discrimination. Après ça ne suffit pas toujours. Rien qu'hier, une personne que l'on connaît, a perdu son emploi parce qu'elle avait dit qu'elle était homosexuelle...





Et où se place l'Etat aujourd'hui dans ces évolutions ?



Il y a un discours et des faits. Le discours, tend au changement et à la reconnaissance. Dans les faits, c'est plus complexe. Par exemple, sur la question du mariage, tout est à faire, et aujourd'hui, l'Etat tient une position assez fermée là-dessus. Concernant le Pacs (ndlr : depuis 1999), c'est une avancée mais ça continue aussi à stigmatiser les personnes homosexuelles.

samedi 14 juin 2008

Un article squr la Gambie !




GAMBIE: Climat de peur au sein de la communauté homosexuelle


DAKAR, 13 juin 2008 (IRIN) - Le président gambien Yahya Jammeh, qui a menacé, à la mi-mai, d’expulser ou de faire décapiter les lesbiennes et les gays du pays, selon des témoignages, devrait retirer l’intégralité de ses propos, a demandé l'organisation Human Rights Watch (HRW) dans un courrier adressé au Président le 10 juin.

Yahya Jammeh a en effet retiré sa menace de tuer les homosexuels, mais pas de les expulser, selon la déclaration de l'organisation de défense des droits humains HRW. Ses propos, tenus, selon HRW, au cours d’un discours prononcé en mai, « encouragent la haine [et] contribuent à créer un climat dans lequel les droits fondamentaux peuvent être violés en toute impunité ».

« C’est très dangereux, lorsque des dirigeants politiques ont recours à des déclarations homophobes pour essayer de s’assurer un soutien politique. Quand on fait ce type de déclarations, des violences s’ensuivent souvent, parfois immédiatement, parfois plus tard. Les gens pensent en effet qu’on ne risque rien en agressant ces personnes », a expliqué à IRIN Scott Long, qui dirige le programme de défense des droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transsexuels de HRW, au cours d’un entretien téléphonique, depuis New York.

« Ni la religion, ni la culture ne peuvent justifier les appels à la violence de masse et au meurtre », avait souligné Juliana Cano Nieto, chercheuse au programme de défense des droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transsexuels de HRW, dans la lettre adressée par HRW au président Jammeh.

Terreur

Selon ce qu’a rapporté HRW, le Président aurait donné aux homosexuels 24 heures pour quitter le pays, les menaçant de rechercher et d’arrêter les gays, et de les expulser de chez eux.

Selon la BBC, M. Jammeh a également juré de « couper la tête » à tous les homosexuels, et d’imposer des lois contre l’homosexualité.

« Nous sommes dans un pays majoritairement musulman et je n’accepterai jamais ni ne devrai accepter ces individus [les homosexuels] dans ce pays », aurait déclaré le Président, selon les propos rapportés dans les pages du journal gambien The Daily Observer.

Le 16 mai, au lendemain du discours présidentiel, la police gambienne avait arrêté deux Sénégalais, vraisemblablement soupçonnés d’être homosexuels.

« Les membres de la communauté underground gay et lesbienne sont terrifiés », a indiqué M. Long, de HRW. « Ces déclarations les poussent à vivre d’autant plus cachés ; ça ne fait qu’intensifier le climat de peur ».

L’impact, à long terme, dépendra de la réaction de la société civile, selon M. Long. « Ce qui s’est passé au Zimbabwe, par exemple, est instructif. Mugabe avait diabolisé les homos là-bas, en 1994 et […] finalement, le même genre de tactiques de stigmatisation et de haine employées contre les lesbiennes et les gays avait abouti à des violations plus générales des droits humains de tous ».

Violation des conventions internationales

D’après Human Rights Watch, les déclarations du président Jammeh vont à l’encontre de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, tous deux signés par la Gambie.

L’article 28 de la Charte africaine stipule que « chaque individu a le devoir de respecter et de considérer ses semblables sans discrimination aucune, et d'entretenir avec eux des relations qui permettent de promouvoir, de sauvegarder et de renforcer le respect et la tolérance réciproques ».

Selon M. Long, les organismes juridiques ont ainsi une base suffisante pour donner suite à l’affaire. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, chargé d’examiner les violations des droits humains en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, pourrait notamment étudier la question.

Il serait également « possible de porter [les propos du président] à l’attention » de la Commission africaine des droits de l’homme, de plus en plus investie dans l’étude des facteurs de violence en Afrique.

Une législation nationale plus stricte

Les actes homosexuels sont illégaux en Gambie –selon l’article 144 du code pénal, les actes sexuels consensuels entre hommes sont passibles de 14 années d’emprisonnement- et depuis 2005, la loi s’applique également aux femmes, selon un rapport publié en mai 2008 par l’International Lesbian and Gay Association (ILGA).

Les actes homosexuels sont interdits dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi que dans 86 Etats-membres des Nations Unies, d’après l’ILGA.

« Les anciennes colonies britanniques ont souvent les pires lois, parce qu’elles remontent souvent directement à la législation victorienne et ne renvoient pas à la culture ni à l’histoire africaine ; ce sont des vestiges du colonialisme », a observé M. Long.

Et la loi risque de devenir encore plus stricte. D’après la BBC, le président gambien a en effet annoncé qu’il instaurerait bientôt dans le pays une nouvelle loi contre les pratiques homosexuelles, plus stricte encore que les législations appliquées ailleurs, « y compris en Iran ».

Pression internationale

Les gouvernements membres de l’Union européenne, sous présidence slovène, ont préparé une déclaration commune et sont actuellement en négociations avec le ministère gambien des Affaires étrangères sur la question, selon Graham Birse, Haut commissaire britannique par intérim.

« Nous avons décidé que nous devrions véhiculer un message commun et nous nous sommes tous alignés sur ce message », a déclaré à IRIN un représentant gouvernemental, ajoutant : « évidemment, nous ne sommes pas d’accord avec les déclarations du Président ».

Mais pour M. Long, ce serait en « faisant honte au Président, en l’embarrassant » que les organisations internationales auraient le plus de poids.

Selon lui, ces efforts pourraient même commencer à porter leurs fruits, puisque le président Jammeh nie désormais avoir tenu tout propos sur la décapitation des gays.

En parallèle, Human Rights Watch reste à l’affût des prochains faits et gestes du gouvernement et surveille le comportement adopté par la police et d’autres acteurs à la suite de ses déclarations.

« Nous surveillons la situation grâce à nos contacts dans le pays, pour nous tenir au courant de la façon dont la police, et d’autres, agissent par rapport à ces déclarations, et nous attendons de voir ce que le gouvernement va faire maintenant », a déclaré M. Long à IRIN. « Si l’on s’en prend même à des personnes aussi marginalisées, cela pourrait créer un précédent en faveur d’une violation plus générale des droits humains ».

jeudi 12 juin 2008




Homosexualité et jeunesse africaine au XXIe siècle
L’homosexualité chez les jeunes Africains est une pratique courante qui tend désormais à se banaliser avec le consentement des populations presque résignées à cette évolution des mœurs.

« L’homosexualité est une tare blanche qui ne s’applique pas aux Africains ». Cette déclaration, un peu à l’image de son auteur, est de Robert Mugabe, président éternel de cet enfer austral qu’est le Zimbabwe. Loin d’être isolée, cette sortie sans ambages reflète l’opinion de la forte majorité d’Africains sur un sujet qui dérange et dont on aimerait ne pas en discuter. L’ancien président nigérian affirme lui que l’homosexualité est « perversion du droit divin », tandis que son homologue ougandais le président Yoweri Museweni trouve que les homosexuels sont coupables de « crimes contre nature ». Selon Alex Siewe dans Jeune Afrique : « l’Eglise a condamné sans réserve l’homosexualité pendant la guerre coloniale ; les régimes marxistes ou de parti unique ont présenté plus tard ces pratiques comme une déviance propre à la bourgeoisie, conséquence du capitalisme décadent ; aujourd’hui, c’est paradoxalement au nom d’un retour à des valeurs ancestrales africaines que le sujet est combattu avec véhémence comme une maladie occidentale ».

Pourtant, malgré ses discours, la réalité semble de nos jours dépasser l’imagination. L’homosexualité chez les jeunes Africains est une pratique courante qui tend désormais à se banaliser avec le consentement des populations presque résignées à cette évolution des mœurs. En dehors de quelques pays maghrébins tenus sous pression par des islamistes plus que vigilants, en Afrique subsaharienne, certains jeunes ne se cachent plus et affirment sans complexe leur choix. Ainsi, il n’est plus surprenant de croiser dans les cybercafés des villes africaines, des jeunes personnes à la recherche d’un partenaire du même sexe, ces « tchat » gay qui sont de plus en plus prisés loin des regards des vieux, ces « has been », qui surjouent à la perfection la comédie du conservatisme. De Cotonou à Douala en passant par Abidjan et Johannesburg, la jeunesse africaine se cherche et se trouve parfois au-delà des barrières et des interdits. Des orgies aux pratiques de la fellation et de la sodomie, les frontières de l’acceptable sont moins immuables. Le désir de bien-être guidant ces générations à la découverte des plaisirs encore inconcevables il y a cinq ans.

Mais qu’est-ce donc que cette homosexualité qui suscite publiquement une telle levée de bouclier de la part des dirigeants africains ? Quelle est donc cette malédiction, cette malchance, qui sous l’ombre blanche cache la plus perverse machination occidentale ?

L’homosexualité est simplement – scandaleusement – le fait d’avoir de l’attirance pour une personne du même sexe que soi. Elle englobe les gays et lesbiennes et se situe bien au-delà de la pratique sexuelle pour symboliser la relation sentimentale. Contrairement aux idées reçues, elle n’est pas le propre de l’Occident, presque chaque civilisation et chaque culture a entretenu – entretient – sa propre histoire avec cette pratique venue du fond des âges. Charles Gueboguo, sociologue camerounais, l’a brillamment démontré dans ses recherches sur l’homosexualité en Afrique, on la retrouve dans les rites, les codes et les coutumes, inscrite en lettres d’hypocrisie sur le marbre froid des traditions ancestrales. Que ce soit chez les vaillants guerriers Massaï du Kenya comme chez les Haoussa du Nigeria, l’homosexualité a traversé les époques, survivant difficilement aux assimilations politiques et institutionnelles des indépendances, pour refaire surface aujourd’hui dans la peau de jeunes Africains décidés à se faire accepter pour ce qu’ils sont.

Il y a quelques mois, au Cameroun, la presse lâchait aux populations des listes de présumés homosexuels sur lesquels se retrouvait tout ce que le pays compte d’hommes influents, de politiciens aux financiers en passant par des sportifs et artistes de renom. Une affaire qui a fait grand bruit et a alimenté pendant les moments de disette les chaumières en attisant un peu plus la haine des homosexuels, décidément responsables de toute la misère du pays. Une autre histoire a été au centre de toutes les attentions dernièrement. Celle de ce groupe de lycéennes accusées d’homosexualité après les avoir surpris s’adonnant à des pratiques « malsaines » et « indécentes » au sein de l’établissement scolaire. Au Cameroun comme dans la quasi-totalité des pays africains qui se respectent, l’homosexualité est un délit passible d’une peine d’emprisonnement et de grosses amendes.

Des dispositions légales qui n’inquiètent pas les jeunes. Car ceux-là même qui les condamnent devant les caméras, viennent à la nuit tombée, dans la discrétion nocturne, solliciter les services d’éphèbes obligés de jeter leurs corps en pâture aux loups pour tenter de survivre à la pauvreté ambiante de nos sociétés. Des fonctionnaires, des businessmen, des hommes ordinaires, mariés ou pas, nourrissent ce marché noir où se libèrent les penchants soigneusement camouflés. Cette schizophrénie a un drôle de nom au Cameroun. C’est le « bilinguisme ». C’est-à-dire l’état d’un homme qui est obligé de jouer à un double jeu pour sauver les apparences. Le jour, hétérosexuel convaincu, chrétien, fidèle et souvent marié, perdu quelquefois dans ce personnage. La nuit, plongé dans l’obscurité, se retrouvant enfin libéré dans les bras d’un autre homme. Le bilinguisme ici c’est savoir parler le langage de la « raison » le jour et celui du « cœur » la nuit. Ainsi, les jeunes sont désormais conscients que le malaise social actuel n’est en fait que les derniers soubresauts d’une société condamnée à se regarder dans les yeux et à accepter cette partie d’elle qui loin de la déshonorer, la réconcilie avec son identité.

Dans les lycées, les collèges, les universités, les zones rurales et urbaines, l’homosexualité se vit tous les jours, chez les jeunes. Si le lesbiannisme est plutôt largement toléré par les jeunes, au point où il s’érige en fantasme sexuel absolu, la gay attitude souffre encore d’une incompréhension, dans des cas, assez violente. Il n’est pas surprenant d’entendre des adolescents fiers de leur hétérosexualité trouver que les législations ne vont pas loin dans la répression de l’homosexualité, qu’il faudrait les exécuter sur la place publique. Mais souvent les mêmes jeunes, dans leur intimité, n’hésitent pas à sodomiser leurs amies et à exiger cette fellation qui moralement est aussi répréhensible. De nos jours, il suffit de discuter avec des jeunes, des deux sexes d’ailleurs, pour comprendre que l’épanouissement sexuel est une quête qui brise les chaînes de la morale et s’émancipe des carcans du rigorisme calviniste.

N’est-ce pas dans cette optique de libération que le droit à la différence s’affirme et que le droit de choisir émerge pour s’ancrer dans les consciences. Il n’est pas pour moi question de faire l’apologie de la déviance et du libertinage, certains diront du vagabondage, sexuel chez les jeunes Africains. Le but, c’est de souligner que chaque génération a ses aspirations et ses idéaux. Ses mœurs et son langage. Tandis que le « string » traumatise les parents, les éducateurs ou les religieux, que les jeans sexy et les minijupes ultra courtes provoquent des arrêts cardiaques dans les rues des métropoles africaines, ce style hautement tendancieux est revendiqué et assumé par des générations qui vivent simplement leur temps, comme d’autres avant eux.

La question de l’homosexualité chez les jeunes Africains, en ce siècle nouveau et fébrile, est une illustration du changement profond qui est en train de se faire au cœur de nos sociétés. Une évolution qui se fait dans la souffrance, se frayant péniblement un chemin jusqu’à une reconnaissance claire des pouvoirs publics, que ce soit dans l’accès aux soins antiviraux (VIH/SIDA), que ce soit dans la prise en compte du taux de suicide particulièrement inquiétant chez les jeunes homosexuels. Peut-être un pas symbolique vers la fin du calvaire, la célébration d’une journée mondiale contre l’homophobie. Une journée arc-en-ciel. Gay en somme.

lundi 18 février 2008

L'homosexualité en Afrique...

Mythe ou réalité d´un amour qui n´ose pas dire son nom ?
--------------------------------------------------------------------------------

L’objectif de cet article est de retracer la réalité historique et contemporaine du vécu homosexuel dans plusieurs sociétés africaines. L’homosexualité dans toutes ses formes, a toujours été connue de l’Afrique, et ce, bien avant l’avènement des missions civilisatrices. De nos jours, elle tend à être de plus en plus visible dans les grandes zones urbaines africaines. Il apparaît donc intéressant d’un point de vue sociologique se saisir son sens, et voire, sa puissance au-delà des clichés mystificateurs admis. Il est aujourd’hui très difficile de discuter des questions de sexualités en Afrique en mettant en marge l’homosexualité/le lesbianisme sans risque de parcellisation de la réalité socio-sexuelle. Pour cause, les mœurs et les habitudes sexuelles constituent désormais l’un des aspects des comportements sociaux où l’on peut lire les dynamiques de changement, parfois les plus inattendus. En effet, notre société est entrée dans une ère de révolution et de ‘‘libération sexuelle’’ caractérisée fondamentalement par de nombreuses mutations : montée de la sexualité prénuptiale, développement du marché/commerce sexuel, mais aussi une « visibilisation » de l’homosexualité.

De plus en plus, les hommes comme les femmes choisissent de « vivre différemment leur vie sexuelle et « d’aller à l’encontre » d’une forme d’amour devenue traditionnelle et modèle conventionnel ». Dans ce sens, c’est une lapalissade que de dire que l’homosexualité en Afrique est sortie du champ des mythes, de l’imaginaire pour désormais tutoyer l’espace public au quotidien, entre clandestinité et visibilité homéopathique. C’est ce qui permet de poser la problématique de l’homosexualité en Afrique où les sociétés sont restées fondamentalement homophobes et hétérosexistes.

L’homosexualité est un terme dont les charges culturelles, idéologiques exigent, pour plus de prudence dans son usage, des éclaircissements. Ainsi, cette communication n’a pas la prétention d’intégrer un camp idéologique particulier (défenseur/répresseurs), mais veut simplement analyser un type de comportement sexuel en pleine effervescence dans nos sociétés jadis acquises presque exclusivement à la cause hétérosexuelle. Bozon disait que la sociologie de la sexualité à ce niveau sera un travail infini de contextualisation sociale et culturelle, qui vise à établir les relations multiples et parfois méconnues des phénomènes sexuels à d’autres processus sociaux . Elle permettra une construction sociologique de cette réalité socio-sexuelle en ressortant les logiques d’action qui motivent les personnes impliquées dans ces échanges particuliers pour le commun africain, la perception de ce « choix sexuel » autant par la société, les systèmes religieux que par les homosexuels eux-mêmes. Ce choix méthodologique se justifie par l’option de saisir dans sa complexité un phénomène aussi marginal : « du dedans » à partir du vécu des homosexuels, et « du dehors » à partir des structures sociales (familles, religions, institutions, etc.). Pour ce faire, une définition opératoire de ce qu’est l’homosexualité, il faut se méfier du piège des mots surtout la presse qui en utilise et abuse. La notion d’homosexualité : entre nature et culture.

Il n’est pas aisé de discourir sur l’homosexualité, surtout dans un contexte social comme celui de l’Afrique acquis aux valeurs pro-natalistes, et enclin à l’hétérosexualité, sans écueils. La notion et la pratique de l’homosexualité sont toujours entachées de beaucoup de convictions issues de multiples orientations psycho-idéologiques. Généralement l’hétérosexualité est toujours perçue à partir d’une construction tacite des identités de genre sur la base de tabous, de la supposée nature humaine ou en prenant pour prétexte les différences biologiques, les normes religieuses et les valeurs traditionnelles pour attribuer des trais essentiels de personnalité, des capacités et des rôles spécifiques à l’un et l’autre sexe. Elle traduit un passage du biologique au socioculturel . Elle a été formalisée sur la base des préjugés y relatifs et de la doxa. On comprend dès lors pourquoi les gens diront « on est né, on a trouvé que la norme c’est l’hétérosexualité et on s’y est habitué. C’est devenu le modèle que toutes les religions ont prôné ».

Dans chaque communauté, hommes et femmes sont toujours au cœur d’une spécialisation fonctionnelle bâtie sur la base du fait qu’on est homme ou femme. Etre femme veut dire qu’on est naturellement appelé à se livrer aux rôles associés à la reproduction, à la maternité de préférence. En revanche, les statuts masculins corroborent avec des activités liées au sexe fort, c’est-à-dire ‘‘pénibles’’ ou nécessitant de ‘‘grands efforts’’, de ‘‘grosses énergies’’, bref à la virilité, etc. L’accent est mis sur les compétences ou aptitudes physiques préjugées inégales entres hommes et femmes, par nature. Déjà enfant, le garçon reçoit du père ou de la mère un ballon de football alors que la fille une poupée. Inspirée de l’approche sociobiologique telle que définie et mise au point par E. O. Wilson, la construction sociale de la normalité sexuelle (notamment l’hétérosexualité) est une approche systématique des comportements sociaux et des identités masculine et féminine sur des bases essentiellement biologiques et naturelles, concevant toujours comme « normale » une attirance que peut avoir un homme pour une femme et vice versa (hétérosexualité). En effet dans son ouvrage L’humaine nature, Wilson met en exergue un déterminisme génétique des comportements sociaux à partir des différences liées soit à ‘‘la nature masculine’’ soit à ‘‘la nature féminine’’. Car la personnalité, les attitudes, les aptitudes, les rôles familiaux et sociaux des femmes comme ceux des hommes sont déterminés par leur nature biologique. Ces deux termes désignent alors des conduites sociales et des idées qui tablent sur des différences biologiques pour opérer une séparation entre les hommes et les femmes dans les domaines aussi variés que celui de la sexualité.

En effet pour Wilson, c’est à la fois la nature de l’homme et celle de la femme qui les prédisposerait différentiellement à s’attirer mutuellement et non l’inverse. Ainsi, sur cette base des caractéristiques biologiques et naturelles (émotion, tendresse, sentiments), les femmes seront orientées vers le sexe opposé, de même que les hommes, également par nature (tendance à l’affirmation de soi, agressivité, virilité, etc.). En fonction de ce portrait-robot, les femmes semblent peu aptes à mener une vie professionnelle, tandis que les hommes sont amputés d’une bonne partie de leurs sentiments. En claire, ‘‘Hommes et femmes se voient attribuer des tempéraments et des rôles étroitement déterminés par leur patrimoine génétique,’’ lesquelles régissent de fait leur nature sexuelle.

Ce sont ces stéréotypes qui définissent les attentes de la société à l’égard de chaque sexe en terme de comportement sexuel. C’est cette conception que l’on retrouve dans plusieurs sociétés, et qui prennent valeur de modèles avec des fondements religieux importants (islam, christianisme, judaisme, animisme), car ces stéréotypes acquièrent une dimension normative et s’imposent finalement comme des modèles orientant les choix matrimoniaux et les orientations sexuelles des acteurs sociaux. Dès lors, et comme c’est la cas dans la plupart des sociétés africaines, l’instinct de maternité est assignée à la femme/féminité et être lesbienne est désormais perçu comme une négation de son identité féminine, de même qu’être homosexuel apparaît comme un rejet de sa virilité, une forme de bestialité. Cette conception, essentiellement culturaliste des identités de genre et des rapports sexuels ayant sous-tendu les comportements sexuels et nuptiaux, s’est reproduite par le processus de socialisation, les pratiques éducatives des parents en faisant aujourd’hui de l’hétérosexualité le plus grand bonheur des acteurs sociaux ou le modèle conventionnel de la vie sexuelle.

A l’inverse de ce modèle, l’orientation homosexuelle est une forme de dépravation des mœurs, fortement réprimée dans la vie courante. Or, l’homosexualité a pour base une attirance pour une personne de sexe identique, comportement que les homosexuels perçoivent eux-mêmes comme un phénomène naturel, aussi normal que paraît le modèle hétérosexuel, d’ailleurs trop valorisé. L’homosexualité est une construction du plaisir sexuel non plus sur la base de valeurs traditionnelles, mais d’un ‘‘sentiment naturellement vécu’’. C’est l’envers d’un choix modélisé (hétérosexualité), mais qui est vécu dans la joie, la sérénité, ou bien comme la vie, avec ses joies, ses peines et ses souffrances, de tous ceux qui s’aiment et vivent ensemble.

L’homosexualité vue par les comportements extérieurs des individus Pour une certaine opinion commune africaine, l’homosexualité est liée au stéréotype sur le caractère efféminé des hommes et celui viril des femmes. Autrement dit, l’homasse serait lesbienne, tandis que l’efféminé serait homosexuel ou gay. Au Sénégal par exemple, le terme pour désigner les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), et par extension les homosexuels, est en wolof « gor jigeen », ce qui veut dire littéralement « homme-femme ». Au Nigéria on parlera du « dan daudu » pour désigner la pratique (daudu) faisant référence aux hommes qui agissent comme des femmes et qui ont des rapports sexuels avec des hommes. En Gunée-Bissau et au Cap-Vert, le terme portugais “viado” (reference à la gazelle avec sa manière feminine de sauter) définit l´homosexuel comme une femme. En Swahili, langue parlée dans plusieurs régions d’Afrique de l’Est, l’homosexualité est traduite par « mke-si mume », littéralement « femme et pas homme ». En somme, l’étiquetage des personnes comme homosexuelles et par extension la définition de l’homosexualité est fonction pour cette opinion de l’inversion dans les rôles de genre qu’il serait possible d’observer chez certains acteurs sociaux. Malheureusement, cette conception dépasse largement l’opinion commune. L’attitude externe à travers la gestuelle ; le fait d’assumer pour certains individus une part de leur féminité (métrosexuels pour les hommes) ou de leur masculinité (pour les femmes) ; l’adoption d’un code vestimentaire où la prédominance d’un caractère psychologique socialement labellisé comme du ressort du féminin et/ou du masculin est non seulement un facteur plein d’incertitudes pour définir l’homosexualité, et partant pour identifier un gay, un HSH, une lesbienne, mais surtout un facteur d’erreur de jugement.

L’homosexualité comme une pathologie et une maladie mentale D’après la doxa, l’homosexualité est également associée à une pathologie proche d’une névrose ou d’un état mental débile. Ce fut le cas pendant une très longue période en Occident avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sous la pression du lobby homosexuel américain, ne raye l’homosexualité de la liste des maladies. En Afrique, l’homosexualité est surtout associée dans les imaginaires à la sorcellerie, tellement elle est jugée anormale. Qui mieux que les sorciers, en effet, ont le don d’agir en dehors de toute logique normative et de toute logique dans l’orthodoxie de ce que la société prescrit comme normale ? Cependant, il faudrait préciser que l’homosexualité est jugée pathologique ou paranormale parce qu’elle correspond davantage avec la manière dont les gens conçoivent et construisent de nos jours le comportement sexuel normal. Il n’y a donc aucune relation fondamentale entre la pratique homosexuelle et un désordre mental ou encore avec une pratique systématique liée à la sorcellerie. Certes dans la logique africaine, il y a une part qui peut être expliquée à travers les pratiques de la sorcellerie, lorsqu’il est prétendu que les sorciers ont deux sexes et qu’ils s’en serviraient, à l’occasion, pour nuire à leurs ennemis en fonction du phénotype (caractéristiques génitales) de ces derniers.

Homosexualité, pédophilie et pédérastie

L’homosexualité est souvent confondue à la pédophilie et à la pédérastie. En Afrique, l’apocope fort péjoratif « pédé » sert souvent d’appellation pour désigner les homosexuels masculins. Si le pédéraste étymologiquement désigne l’amant des jeunes garçons à peine pubères, le pédophile quant à lui sera l’individu qui a une préférence sexuelle pour les enfants, tout sexe confondu. Cependant, la pédérastie ne peut s’assimiler à l’homosexualité, même si le choix de l’objet sexuel enfant est homosexué. L’on peut préférer avoir des relations sexuelles avec des personnes de son sexe sans pour autant avoir une attirance pour les enfants. Il existe certes des exceptions de personnes qui ont ces tendances, mais cet état de chose, somme toute minoritaire, ne devrait pas pousser à postuler pour une généralisation définitionnelle de l’homosexualité en rapport avec la pédérastie. Dans l’appréhension classique de l’homosexualité, il est d’usage de privilégier l’activité, c’est-à-dire le rapport sexuel entre personne de même sexe. C’est cette approche que l’on va par exemple retrouver chez Kinsey ou encore dans de nombreuses approches juridiques prohibant l’homosexualité en Afrique comme le Sénégal (article 319, § 3 du code pénal sénégalais ou le Cameroun (art 342 bis du code pénal camerounais ) . A la lecture de ces codes, il ressort clairement que c’est l’activité confondue à l’homosexualité qui est condamnée ; or, l’homosexualité est cernée avant tout à partir de l’identité, c’est-à-dire la reconnaissance par le sujet ou la sujette de sa spécificité d’homme ou de femme, à laquelle sera associée une identité homosexuelle ou lesbienne.

Comment les homosexuels construisent-ils leur vécu ?

Bien qu’étant de plus en plus visible, l’homosexualité en Afrique n’est pas encore affranchie des contraintes « non sexuelles » et de la pression sociétale qui se dresse contre elle. Une vie truffée de difficultés. L’identité homosexuelle plonge presque toujours les homosexuel(le)s dans une ambiguïté constante d’exprimer leur création amoureuse à cause des pressions sociales, familiales et des religions. Ils font face à la répression sociétale et la maltraitance, à l’intolérance familiale, de l´entourage des violences verbales et physiques. Les homosexuels et les lesbiennes sont le plus souvent victimes d’injures. Quand les termes « pédé », « depso », « homo », « dunx », « toot », « yambar », « yossi », et lesbiennes sont utilisés, c’est parfois pour insulter. La marginalisation qui peut pousser à l’exode ou à la répudiation du cadre familial ou à la perte d’un emploi s´il y en a. La stigmatisation de l’homosexualité par l’entourage proche des homosexuels est souvent forte. Dans la rue, quand ils sont reconnus, ils font souvent l’objet d’insultes et des quolibets du genre : pédales, gouines, porteurs de couches et la liste est loin d’être exhaustive. Pour le sénégalais en général, toute relation homosexuelle n’est moralement pas concevable et ne devrait pas socialement être admise. Un fait complexe : examen de quelques facteurs explicatifs de l’émergence de l’homosexualité en Afrique

- Les médias


Les facteurs sociologiques explicatifs de la propension à l’homosexualité en Afrique sont nombreux. Pour les besoins de cette communication, il ne sera retenu que trois facteurs qui apparaissent capitaux. Le premier facteur explicatif de cette visibilité de la manifestation homosexuelle en Afrique est celui de l’influence des productions des médias, surtout les médias étrangers qui sont reçus en terre africaine. Ceux-ci irriguent d’images fortes et brutales, alimentent le subconscient et l’imaginaire des africains. Loin d’être neutres, ils amplifient ou valorisent certaines représentations au détriment d’autres. Les individus les plus exposés à l’impact des médias sont ceux qui sont en mesure de se procurer des journaux, un appareil récepteur de radio ou de télévision, parfois couplé aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Ceux-ci en s’y exposant, finissent par avoir un large champ de perception des réalités et schèmes de pensées présentés, qui ne sont pas toujours en harmonie avec les modèles de leur groupe d’appartenance. Ils sont ainsi considérés comme exutoire chez certaines catégories de la population, pour combler leurs insatisfactions. Ils s’entourent alors de l’illusion selon laquelle, dans le fond, les médias pensent comme eux. Autrement dit, les médias expriment tout haut, ce qu’ils auraient ou qu’ils ont toujours pensé tout bas. Toujours est-il que ces modèles nouveaux que proposent les médias, dans une époque idéologique de mondialisation des cultures, sont susceptibles d’influencer d’une certaine manière les représentations. Pour les individus, faire comme ils ont vu dans les médias apparaît comme la manifestation d’un alibi discursif, permettant de sortir de la double tactique dans laquelle sont entrés de nombreux africains pour masquer leur vie homosexuelle réelle. Ils sont, par la même, encouragés par ce qu’ils observent dans les médias, et par ce qu’ils croient, à tort ou à raison, être la réalité homosexuelle occidentale. Cette visibilisation de l’homosexualité qu’ont incité les médias en Afrique est aussi l’expression d’une reconnaissance sociale qui ne veut toujours pas dire son nom. Regardons les programmes locaux de nos télévisions ou des revues dakaroises ou les stars du show bis sénégalais et internationaux du football dictent la mode de s´habiller, de se comporter que la presse comme Icône et d´autres de cette même catégorie consacrent à eux. Et que dire des artistes des deux sexes qui assument leur dépigmentation sans problème alors qu´ils sont des formateurs d´opinion. Il y a l´adage en wolof qui dit :”Roy Dakh”. En copiant trop, on deviant des experts de la matière.

- La crise


Le flux des productions médiatiques étrangères qui se déverse en Afrique a trouvé un champ social en état de crise. La crise sociale apparaît ainsi comme le deuxième facteur explicatif de la visibilité accrue de l’homosexualité dans la sphère sociale africaine. L’Afrique est en crise, elle vit la crise depuis les années quatre vingt. La crise ou le concept de crise se présente comme un moment de perturbations, de graves difficultés, de turbulences, de tensions et de conflits que connaît une société à un moment donné. En effet, l’étymologie du mot crise est en lui-même révélateur de ce qui précède. Il est issu du jargon médical et vient du grec « krisis » qui veut dire étape décisive, moment critique. C’est donc un moment décisif dans l’évolution d’une maladie, moment décisif qui à son tour détermine l’issue de l’évolution de ladite maladie. C’est pourquoi, transposée dans le champ social, la crise est cet état qui provoque une série de déséquilibres, de troubles, de malheurs ou de dysfonctionnements sociaux. Au plan économique, malgré quelques indicateurs encourageants pour certains Etats où la tendance économique est à la reprise, il en ressort que cette relance est encore au niveau macro-économique, le quotidien des individus étant pour la majeure partie, stable, c’est-à-dire économiquement très faible. En Afrique donc, certains individus confrontés à la misère sont parvenus à développer des tactiques de survie. Ainsi certains homosexuels, comme c’est le cas au Senegal pensent que le « courir derrière un homme confortable donne l’argent », entendez l’homosexualité est source d’enrichissement, de capitalisation économique pour devenir riche matériellement. Cette croyance trouve son origine loin dans le temps et elle place ainsi l’homosexualité comme un fétichisme fallacieux, capable de procurer des gains. La crise a poussé certains individus homosexuels en Afrique, à se faire de plus en plus voir, notamment dans les grands hôtels, les plages, les boîtes de nuit à la recherche de clients, européens de préférence comme les prostituées d´ailleurs pour une conquête du plus offrant. C’est ce qui peut aussi être observé quand certains homosexuels africains vont surfer sur les sites de dialogue gays (sites sénégalais et français d´ailleurs. Assez faire un tour dans certains sites sénégalais comme seneweb.com et setsima.com dans le net et vous voyez combien de sénégalais font la raquete virtuelle, de même les étrangers en visite dans notre pays). Ils recherchent, pour bon nombre d’entre eux, des partenaires européens riches, susceptibles de leur faire vivre leur rêve et de leur permettre de libérer leur sexualité en Occident, sans plus avoir besoin d’user de la tactique de camouflage. Celle-ci consiste à se doter d’un partenaire de l’autre sexe, pour masquer à l’entourage social sa véritable identité homosexuelle. Le partenaire de camouflage est alors désigné dans certains milieux gays au Sénégal le « nebeutou » c’est-à-dire littéralement la couverture.

Quand Fatou Diome interpelle la société sénégalaise dans Kétala Le roman Kétala de Fatou Diome sorti en 2006 aux Editions Flammarion nous montre l´hypocrisie de la société sénégalaise face à l´homosexualité. L’héroïne, Mémoria, est mariée de force à Makhou, malgré l’homosexualité de ce dernier ? Il accepte cette union car elle l’arrange. Avec un père homme d’affaires et une mère médecin, il vit son homosexualité en cachette. Ses parents sont au courant mais se doivent de préserver l’image respectable de leur famille. Ils décident donc de le marier à une de ses cousines, Mémoria donc, qui refuse. Mais sous la pression de son père, elle finit par céder. Elle est même séduite et devient amoureuse, quand elle finit par découvrir son homosexualité et veut divorcer. Craignant ce qu’on va dire, ils décident de s’installer à Paris où Mémoria se met en tête de changer l’orientation sexuelle de Makhou. Malheureusement pour elle, ce dernier découvre les possibilités de vivre librement son homosexualité loin des yeux de la communauté. Combien d´hommes ou de femmes hétérosexuels, chefs de familles ont une double vie au Senegal ? Au moins chaque sénégalais sait, connait ou a un membre de famille dans cette catégorie. Pour Fatou Diome, c’était une façon de poser le problème. Il faut arrêter de sacrifier les filles pour protéger la virilité des hommes ainsi que l’image de la famille et accepter que l´homosexualité existe bel et bien dans la société sénégalaise. Eviter le cas du cameroun en 2006 et l´impérieuse nécessité du professionalisme de certaine presse

Il y a juste presque deux ans, trois journaux camerounais (La Météo, l´Anecdote et Nouvelle Afrique avaient publié une liste de plus de 50 présumés homosexuels. Un « outing » forcé de personnalités qui fait scandale à l´époque. Plusieurs personnalités camerounaises ont été classées dans trois journaux locaux comme étant homosexuelles. Il y avait des ministres, journalistes de la télévision, artistes (Manu Dibango) et sportifs (Yannick Noah) etc. La Météo avait amorcé l’outing une dizaine de jours avant, puis L’Anecdote et Nouvelle Afrique ont suivi. Cette affaire a eu à créer des suites judiciaires, et une explosion dans un contexte général d’homophobie, notamment prêchée par les chefs religieux chrétiens ou musulmans et surtout la population. Les cas des journaux camerounais et celui d´Icône, il n y a pas de différence. Si au pays de Paul Biya, on a osé donner des noms de présumés homosexuels, à Dakar les photos à l´appui sont synonymes d´une mort annoncée. L’impérieuse nécessité du professionnalisme dans certaine presse.

L´attitude de ces principaux quotidiens privés est à questionner. Celui de Ícone qui declare qu´il veut rendre service à la société devait en premier lieu se préoccuper sur d´autres choses beaucoup plus importantes pour les sénégalais à savoir la chereté de la vie, la misère de la population et la bonne leçon. Maintenant il a beaucoup d´équation à résoudre le concernant. Qui sommes-nous pour juger ? Dans le cas camerounais comme sénégalais, il existe le non-respect de l’éthique et de la déontologie professionnelle. Même si Ícone a déclencher le débat, les autres journaux ne sont pas en reste. Assez voir leurs titres pour voir qu´ils alimentent sans le savoir l´homophobie de la population avec des mots qui sonnent comme de l´insulte (toot, dunx, gorjiggen, pédés, yambar, etc.

C’est pourtant depuis le 2 février que le sujet est pratiquement sur toutes les lèvres dans les grandes villes, et même dans l’arrière-pays. L’organe de régulation des médias sénégalais et le Synpics doivent rappeler à l’ordre les journaux privés à scandale ou journalisme marron qui ont publié les photos ou des noms d’homosexuels présumés, mais cette dénonciation publique de l’homosexualité continue à faire débat obscur au Sénégal. J´invite mes confrères à faire usage de leur capacité de discernement et de responsabilité. Je les appelle également à faire preuve de prudence dans le traitement de questions susceptibles de créer ou d’agrandir la fracture sociale. Parait-il qu´il y a beaucoup de familles qui ont rejetés leurs fils impliqués dans le “fameux mariage de petit-Mbao”. Ce week-end, dans les colonnes du journal Le Quotidien, un partisan du Parti démocratique sénégalais (Pds) se défoule comme dans le cas du Cameroun de que le gouvernement de Me Abdoulaye Wade regorge d´homosexuels. La vie privée des hommes publics doit être respectée. Si les journaux continuent sur cette lancée, on est pas loin du cas camerounais ou on étalait les noms de plusieurs ministres supposés gays. Que vont devenir leurs familles ? Je me rappelle en 2000 quand je voulais traiter ce sujet au nivau du Sud Quotidien, on m´avait déconseiller à l´époque que le sujet est tellement sensible et une moindre imprudence, peut condamner à “mort” la personne citée. On ne peut pas, sous prétexte de la liberté d’écrire, dire n’importe quoi sur n’importe qui, n’importe quand. Ici au Sénégal, la pire des injures qu’on puisse faire à un homme est de le traiter d’homosexuel, parce que chez nous c’est un délit. Ce n’est pas accepté et ce n’est pas acceptable et c´est plus grave encore pour le ministre. Le véritable problème qui se pose est celui du mérite. Je crois qu’il (le propriétaire de Icône) voulait dénoncer des pratiques condamnables dans certains cercles qui pourrissent le climat au Sénégal, mais il est tombé dans un piège (avec des problèmes qu´il affronte) car ce genre d’information est très difficile à traiter.

Où se trouvaient les imam Mbaye Niang et moralisateurs quand une proxenète était élue députée à l´Assemblée Nationale ?

Quin e dit rien consent dit l´adage. Je suis loin de défendre l´homosexualité encore une fois de plus. Depuis un certain temps, on nous tympanise sur la morale, les bonnes moeurs, les coutumes et traditions en commençant par les soi-disants moralisateurs comme les Imam Mbaye Niang, Latif Guèye, Iyane Sow et autres associations religieuses. Même vivant loin du pays, je suis attentivement toutes les actualités politiques, économiques, socials ou sportives de mon pays. Et une non participation à ces débats signifie qu´on est surement aveugle. Depuis “Goudi Ton, Teuguel Down” au “mariage gay”, les sénégalais de toute couche sociale confondue font leur sermon. Mais il y a beaucoup des choses qui sont pires et que personne n´en parle. On dit même dans le jargon des sénégalais que la nuit tous les chats sont noirs.

J´aimerai que ces soi-disants Imams et moralisateurs se défoulent pour crier le mal vivre des sénégalais, des marabouts violeurs, de la corruption qui gangrène la société et l´administration publique, la marasme de nos hôpitaux, les milliards de l´argent public distribués çà et là, le “nouveau système de corryption connu comme petit-fils de tel chef religieux ou domou Sokhna” pour avoir les bénédictions du pouvoir, etc. Ma question est de savoir où ils se trouvaient quand une grande dame de la société qui accueille dans sa demeure de jeunes prostituées avait été élue députée à l´assemblée nationale sur la liste nationale du parti socialiste à la 19º position ? Pourquoi la bonne moralité n´avait jamais fait échos à l´époque ? Pourquoi ils ne parlent pas de la dépigmentation comme phénomène de société et même dans les grandes familles religieuses ? Comment expliquez alors la présence d´un travesti três connu à Fatick dans les loges de la tribune d´honneur à coté du gouverneur de la région, du commandant de la zone et de quelques dignitaires le jour de défilé de l´indépendance dans la ville de Macky Sall sous le régime socialiste em 1984 ou 85 ? Pourtant il y avait pas mal de chefs religieux et d´hommes de la république. La tolérance aux homosexuels a toujours existé depuis le gouvernement de Senghor en passant par Abdou Diouf. J´ai été surpris dans une contribution de Souleymane Jules Diop quand il souligne que des ministres sous Senghor disputaient un homologue comorien en visite au palais de l´Avenue Roume. Quant á la réaction de la police lors de cette manifestation du vendredi dernier n´est qu´une continuité de ce qu´elle a toujours fait sous le règne de l´alternance. Rappelons que l´opposition, les syndicalistes, les étudiants ont subi la même répression de cette police.

Dans ce contexte, le débat sur l’homosexualité couvre un autre débat et une autre césure entre « le haut » et « le bas » de la société. Ce clivage pourrait se résumer par cette question : comment se produit et se reproduit l’ordre public au Sénégal ?

Le jour ou les gays brésiliens étaient hostiles aux chefs d´états africains Le 12 juin 2006 avant l´ouverture de la 2ª Ciad (Conference des Intellectuels africains et de la Diáspora), environ plus de 50 intégrants du mouvement gay du Brésil avaient réalisé une manifestation contre 24 pays africains qui criminalisent l´homosexualité. Avec des banderoles et pancartes hostiles, ils ont demandé au président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva de rompre les ralations diplomatiques avec les « pays homophobiques » et avaient comparé les lois qui combattent l´homosexualité À l´exclavage. « Em Afrique, les gays sont traités somme des esclaves », disait une des pancartes. Le mardi 11, leur président avait remis une lettre critique à Lula sur la criminalisation de l´homosexualité en Afrique. Selon les slogans qui se lisaient sur les pancartes, il y avait « Il ne suffit pas de faire venir des intellectuels africains et de la diaspora noire pour discuter sur la renaissance africaine, si dans le continent les gays et lesbiennes sont traités comme des animaux jusqu´à la peine de mort. Devant les caméras des télévision, le président des gays du Brésil ne cessait de dire : »Il ne suffit pas de trasmettre aux africains la connaissance brésilienne sur la prévention du Sida ou pardonner les dettes, mais aussi de les Donner une expérience gouvernementale du programme Brésil sans homophobie. C´était une manifestation surprise à la conférence et à quelques dizaines de mètres à l´arrivé des chefs d´Etats et de gouvernements africains à leur tête, Me Abdoulaye Wade, John Kuffor du Ghana, Pedro Pires du Cap-Vert, Alpha Oumar Konaré du Mali, des dizaines d´ambassadeurs africains accrédités au Brésil, artistes et étudiants africains. On lisait chez les africains, une certaine nervosité puisqu´à un moment donné, on avait oublié la conference pendant Presque 30 minuit devant la police et les gardes du corps. Une situation qui a laissé encore plus le comité d´organisation et le président Lula sans explication envers les africains.

Modérer les mots pour un apaisement au niveau de la presse

Comme d´habitude, je dévore chaque jour avant d´aller au travail tous les journaux nationaux et étrangers sur le net. Mais en lisant quelques journaux du samedi 16 février dans le net, les quelques titres me font peur sur la question qui fait alimente depuis le début du mois de février la presse. Avec la marche interdite contre l´homosexualité la rivalité de la une est choquante. Il parait que c´était une guerre entre l´islam et l´état du Sénégal. Répression d´une manifestation contre les homosexuels : l´état lapide les fidèles écrit Le Quotidien, Marche contre les goorjigeen avorté, à moins d´un mois du sommet de l´Oci, le Sénégal mate ses religieux avait titré l´Observateur, Quant à Walfadjri qui titrait : « Manif contre les homosexuels : La police réprime et ferme la Grande Mosquée de Dakar », « La police transforme la grande mosquée de Dakar en champ de tirs » d´aprés l´Office. On discute pas ici sur la position de l´islam concernant l´homosexualité, mais le rôle de la presse. Sans avoir l´intention, une révolte générale pourrait naître à partir de ce point de vue. L´exemple de la radion des 4 collines est là au Rwanda même si les contextes ne sont pas les mêmes. Celui qui réprime l´homosexualité peut se baser de que l´ètat du Sénégal est contre l´islam et l´homophobie peut faire le jour sans se préoccuper avec la justice du pays. On ne doit pas faire la justice avec ses propres mains, mais l´homophobie peut gagner sa place. Loin de critiquer la position de la presse ou de donner des leçons de l´éthique et de la déontologie, mais elle est essentielle pour avancer notre société. A lire les réactions des internautes dans divers journaux nationaux, j´ai peur pour les homosexuels tellement que les discours sont violents envers tous ceux qui défendent le droit et la justicesans parler des homosexuels qui sont devenus des proies faciles. L’homophobie peut se définir comme toute attitude ou tout acte qui va dans le sens d’un rejet, d’une injustice ou d’une violence envers une personne homosexuelle ou identifiée comme telle. Lutter contre cette forme de discrimination contribue à un mieux être physique, mental et social de tous les jeunes.

Pour conclure, l’homosexualité en Afrique à travers l’histoire ou de nos jours, est loin d’être une construction mythique. C’est une réalité palpable et visible. C’est le fait de vouloir nier son existence au début par les occidentaux, ensuite par les africains eux-mêmes, qui relève d’une construction mythique dont le but de cet article était de dé-« mythifier », mais aussi d’essayer de donner une sens sociologique à ses manifestations dans les sociétés africaines contemporaines.

samedi 26 janvier 2008

Homosexualité et Guadeloupe ....



Les Antillais et l’homosexualité : l’appel à la tolérance des « Konxs » Interview de Julien Dalle, réalisateur de ce film guadeloupéen Le Festival international cinéma et femme (Fémi), qui se déroule jusqu’au 2 février en Guadeloupe, présente en sélection officielle un film résolument décalé : Les Konxs. A travers son premier long-métrage, le réalisateur Julien Dalle désirait lancer un vibrant appel à l’acceptation de la différence. Pour faire passer le message, ce jeune homme de 28 ans a choisi le thème de l’homosexualité, encore mal vue aux Antilles. Il aborde au passage d’autres thèmes, comme le racisme en France et aux Antilles. Interview.
vendredi 25 janvier 2008, par Habibou Bangré



Au départ, les Konxs - une bande de copains d’enfance guadeloupéens - voulaient juste tourner en France un film entre potes. Mais Julien Dalle s’est pris au jeu. Il a écrit un scénario et a au final réalisé un long métrage. Le pitch ? Les Konxs - une contraction des mots « con » et « sérieux » - partagent tout, parfois même les petites amies. A Paris, ils jouent au football, échangent à propos du travail, du racisme, d’une Guadeloupe que certains rêvent de retrouver au plus vite... L’osmose est parfaite, jusqu’au jour où l’homosexualité d’un membre du groupe est percée à jour. Une faute grave car elle viole la dernière des trois règles fondamentales de la bande : honorer le boulot, honorer le siwo (la fête, en créole) et honorer les femmes. Divisé sur le cas de l’accusé, les Konxs organisent un procès avec un juge négropolitain, le surnom donné aux Antillais ayant grandi en métropole… Le thème de l’homosexualité est le vecteur d’un vibrant message de tolérance, d’acceptation de l’autre dans sa différence, que Julien Dalle fait passer en évoquant au passage le racisme aux Antilles et en France. A l’occasion du Festival international cinéma et femme, qui s’est ouvert ce jeudi en Guadeloupe, le réalisateur de 28 ans s’est confié à Afrik.
Afrik.com : L’homosexualité n’est pas bien vue aux Antilles. Le Festival du cinéma de la Guadeloupe a-t-il tout de suite été preneur du film ? Julien Dalle : Immédiatement. Ils avaient déjà entendu parler du film et nous ont directement donné leur accord pour que le film soit dans la sélection officielle. Il y a eu un bouche à oreille efficace pour ce film et aujourd’hui on le voit sur les sites de discussion d’Internet. Beaucoup aimeraient le voir sortir au cinéma.
Afrik.com : Pourquoi avoir choisi l’homosexualité pour parler du thème plus global de la tolérance ? Julien Dalle : A l’époque, et bien avant les problèmes qu’il y a entre les artistes de dancehall et les homosexuels, je trouvais que c’était un bon thème pour mettre le feu aux poudres dans une bande d’amis et ensuite pour décliner tous les autres thèmes qui sont présents dans le film. Je pensais que ce thème était particulièrement intéressant parce que justement aux Antilles on a parfois certaines intolérances qui sont peut-être plus exacerbées et qui peuvent donner lieu à des comportements plus extrêmes. Je me suis dit que si cette bande d’amis de garçons machos avait un ami homosexuel parmi eux, les réactions pourraient être diverses et certaines pourraient être extrêmes.
Afrik.com : A-t-il été difficile de décider lequel des Konxs allait jouer le rôle de l’homosexuel ? Julien Dalle : Au début j’avais pensé à l’un des membres, Jean-François, parce que je trouvais qu’il avait un côté un peu spirituel, un peu mystérieux, qui pouvait correspondre à quelqu’un qui avait quelque chose à cacher. Le deuxième choix était Gerald, qui a une personnalité à la fois très forte, très virile et très douce. Jean-François a préféré ne pas accepter le rôle mais ça a été une très bonne chose qu’il n’ait pas eu un rôle aussi lourd à porter. Lourd non pas parce que c’est un rôle d’homosexuel mais parce que c’est le rôle principal du film, qui nécessitait énormément d’implication. Or, dans le tournage, Jean-François a pris une part très importante dans la réalisation et l’organisation. Ce qu’il faut noter surtout c’est qu’il n’y avait pas d’homosexuels dans le groupe donc ça a été un choix très difficile à faire. Les volontaires ne se sont pas bousculés au portillon.
Afrik.com : Parmi les autres thèmes abordés, il y a notamment le fort attachement à la Guadeloupe, l’île natale des Konxs. Certains parlent même de retourner aux Antilles… Julien Dalle : Aux Antilles, les gens reviennent souvent quand ils ont fini leurs études et je trouvais intéressant de développer ce thème parce qu’un certain nombre de personnes rentrent par dépit ou par choix. D’autres rentrent sans s’être vraiment ouvertes à la nouvelle culture européenne qu’ils avaient découverte pendant trois ou quatre ans ou veulent rester en métropole plus longtemps pour apprendre plus.
Afrik.com : L’un des Konxs parle de la Guadeloupe comme de son « pays ». Cela donne le sentiment que pour lui cette île est un pays à part même si elle est officiellement un département français… Julien Dalle : Tout à fait. Les Antillais considèrent la Guadeloupe comme un pays. C’est dû au fait - un peu comme la Bretagne ou le pays Basque où il y a un certain poids historique qui fait que la culture est sensiblement différente de la France métropolitaine – qu’il y a un fort sentiment presque nationaliste alors qu’on n’est qu’un département. On considère que l’on est Guadeloupéen avant tout et aussi Français. Ce qui est valable de façon analogue pour la Martinique. Et puis, historiquement, la Guadeloupe est quand même une île où on amenait les gens qui étaient un peu plus rebelles que les autres. Il s’est passé tout un tas de choses qui ont montré que les Guadeloupéens étaient très fortement encrés dans ce « nationalisme ». Dernier exemple en date : c’est le « non » au référendum européen sur la constitution. Le taux de « non » en Guadeloupe était bien plus élevé que la moyenne nationale et qu’en Martinique.
Afrik.com : Le film dénonce le racisme en France mais aussi le racisme entre antillais… Julien Dalle : Le racisme en France n’empêche plus autant de vivre, il ne crée plus autant de problèmes qu’avant. Les choses évoluent positivement mais le racisme est quand même présent. Une étude du Cran a statistiquement montré que beaucoup de gens subissaient des actes racistes aujourd’hui. J’ai trouvé intéressant de le montrer un peu. Quant au racisme entre les membres du Konxs, il visait à montrer qu’aux Antilles on est quand même assez conscients de la couleur de peau des gens et que quand on souffre d’un problème il faut se demander si on ne le crée pas aussi chez soi…
Afrik.com : Autre « racisme » abordé : celui entre les Antillais nés aux Antilles et ceux nés en métropole, appelés « négropolitains »… Julien Dalle : Exactement. Il y a une seule « communauté antillaise » et malgré ça on arrive encore à segmenter entre Antillais qui viennent des Antilles, les Antillais qui sont issus de deuxième génération, etc. Comme la deuxième partie du film parle plus sur la division du groupe, je trouvais intéressant d’aller chercher un juge chez les négropolitains parce qu’il est à même de comprendre les problèmes à la fois des Français et des Antillais.
Afrik.com : Quels retours avez-vous eu du film ? Julien Dalle : Premièrement, que les gens l’aient beaucoup aimé ou trouvé moyen, il y a quelque chose qui est quand même général c’est que les gens étaient marqués, intéressés, par le film. De manière globale les gens apprécient beaucoup ce film parce que, à ce que les professionnels nous en disent, il est un peu à part dans le monde de l’audiovisuel qui est aujourd’hui très réglementé, qui l’est de plus en plus et le sera de plus en plus. Avoir un projet un peu frais comme ça, fait par des amateurs déterminés encadrés par des professionnels, a donné un produit que je pense qu’on peut dire unique sur le marché du cinéma. Il a vraiment une authenticité. Je pense que c’est ce qui ressort du feed-back des téléspectateurs. Ce film parle à toutes les minorités. Beaucoup de Maghrébins qui ont vu le film se sont sentis concernés. Ils ont fait la transposition à leur cas personnel et c’est le cas aussi pour la plupart des Africains qui sont venus me parler.
Afrik.com : La colonne vertébrale du film étant la tolérance, comptez-vous le diffuser dans des écoles, des lycées… ? Julien Dalle : Absolument. Ce film a un message de tolérance, d’ouverture d’esprit, d’ouverture au voyage. Tous ces thèmes-là me semblent intéressants pour les lycéens qui sont eux-mêmes amenés à partir en France plus tard. Ça leur donne une vision de la vie qu’ont les Antillais en France, des problèmes qu’ils rencontrent, la différence de culture qui s’y opère. Beaucoup de gens nous sollicitent pour qu’on passe le film dans les lycées et les écoles. On le fera de toute façon, aux Antilles, en France (dans l’Ile-de-France, où il y a énormément d’Antillais et de minorités), mais on a quand même comme priorité de sortir le film dans les salles de cinéma, puis à la télévision et puis de le montrer au plus grand nombre, par exemple au cours d’actions où les places seraient à un prix plus raisonnable ou lors de soirées à thème.
Afrik.com : Une sortie en France est-elle prévue bientôt ? Julien Dalle : Nous sommes en discussion avec un certain nombre de salles de cinéma qui démarchent les longs-métrages. Nous avons aujourd’hui au niveau des Antilles une proposition de diffusion et nous cherchons aujourd’hui à démarcher le film en France, principalement d’ailleurs en Ile-de France, où il y a environ 800 000 Antillais et négropolitains, mais aussi énormément d’Africains.

mercredi 23 janvier 2008

Merci amis blacks....



Un gai merci aux Noirs
Par : Gilles Marchildon

Compte tenu que l'on souligne le Mois de l'histoire des Noirs en février, il est particulièrement intéressant de constater, chez nos voisins américains, la montée de l'étoile politique du candidat présidentiel démocrate Barack Obama. Le Mois de l'histoire des Noirs nous invite aussi à réfléchir à l'impact qu'a eu le mouvement des droits civils, c'est-à-dire de l'émancipation des Noirs, particulièrement aux États-Unis, sur les droits des personnes LGBT. Célébré depuis longtemps aux États-Unis, le Mois de l'histoire des Noirs ne fut rendu officiel au Canada qu'en 1995, après un vote à la Chambre des Communes du Canada initié par une députée noire, Madame Jean Augustine.
La Ligue nationale des Noirs du Canada et la Ligue des Noirs du Québec (www.liguedesnoirs.org), ainsi que des écoles, des musées et des centres communautaires, entre autres, organisent des activités en février pour rendre honneur aux populations noires qui ont dû lutter contre l'esclavage pour obtenir leurs droits civils.
Il est très approprié de repenser au combat du révérend Martin Luther King fils contre la discrimination à l'égard des personnes noires pendant les années '60 chez nos voisins du Sud.
Le révérend King situait son action dans un contexte plus large d'émancipation de tous et de toutes. Ses paroles, selon lesquelles «une injustice à l'égard d'une seule personne est une injustice envers nous tous», trouvent écho dans la démarche pour l'égalité des personnes LGBT. Vu son assassinat le 4 avril 1968 (dont nous marquerons le quarantième anniversaire dans quelques semaines), le révérend King n'a pas connu l'époque où l'on discute ouvertement de l'homosexualité. On ne peut savoir ce qu'il aurait dit sur l'égalité des personnes LGBT ni, par exemple, le droit égal au mariage des couples de même sexe. La question n'était absolument pas dans l'esprit des gens, il y a quatre décennies. L'homosexualité était perçue comme une maladie ou un acte criminel. Toutefois, on peut examiner sous la loupe ses propos du 28 août 1963 alors qu'il prononça son fameux discours «I Have A Dream» (J'ai un rêve). Dans son allocution, il a traité de la liberté d'être qui nous sommes, sans crainte, puis de son rêve de voir les divers groupes vivre en solidarité harmonieuse. Bien sûr, il visait surtout l'égalité des personnes noires et blanches, mais il espérait également que des personnes de différentes croyances religieuses puissent se côtoyer. Ce même discours, prononcé de nos jours, aurait pu facilement inclure les personnes LGBT. Même si aucun écrit ni discours du révérend King ne mentionne l'homosexualité, ses gestes démontrent toutefois une grande tolérance et une grande solidarité.
L'auteur Earl Ofari Hutchinson croit que le révérend King a révélé sa sympathie pour les personnes homosexuelles par sa longue association avec son acolyte politique et ami, Bayard Rustin, qu’il a même protégé. L'homosexualité de M. Rustin était bien connue et peu dissimulée. Pour cette raison, on fit pression sur le révérend King pour se débarrasser de M. Rustin. Or, King résista et accorda même une place importante de conseiller à Bayard Rustin. L'épouse du révérend, Coretta Scott King, avant son décès en janvier 2006, a suggéré que son époux aurait été un allié dans la cause de l'égalité pour les personnes LGBT. Selon une école de pensée, le mouvement des droits civils initié par le révérend King est en partie responsable du succès des mouvements des femmes et des personnes LGBT. On y voit une progression naturelle.
Paul Robinson, professeur d'histoire à la Stanford University en Californie, a déclaré que la «libération gaie» représente une troisième vague qui surgit des remous politiques des années '60 et '70. Il a suggéré que la libération gaie est une «extension logique» du tumulte social qui a servi de berceau pour le mouvement des droits civils et ensuite, le féminisme. Le professeur Robinson n'est pas le seul à avoir établi un lien entre l'émancipation des personnes noires et celle des personnes LGBT.
Déjà, en août 1970, le fondateur des Panthères Noires, Huey Newton, prononça un discours qui en secoua sans doute plusieurs. «Peu importe vos opinions personnelles et vos insécurités au sujet de l'homosexualité et les divers mouvements de libération parmi les homosexuels et les femmes, dit-il, nous devons essayer de nous unir avec eux d'une façon révolutionnaire.» M. Newton ajouta que les femmes et les homosexuels étaient des groupes de personnes opprimées. Par conséquent, de véritables révolutionnaires se devaient d'être en solidarité avec eux. Il est normal que cette solidarité soit réciproque. Alors, en ce Mois de l'histoire des Noirs, je tiens à exprimer un «gai merci» aux personnes noires pour leur combat au nom de l'égalité. *Gilles Marchildon est l’ancien directeur général d'Égale Canada, un groupe pancanadien qui se porte à la défense des personnes lesbiennes, gaies,