vendredi 27 juin 2008

Ecole de la tolérance....???



En France, les homosexuels ne sont pas près d’être à la noce

A quelques jours de la Marche des fiertés (ancienne Gay Pride) qui aura lieu le 28 juin à Paris, le mot d’ordre de cette manifestation festive et politique est désormais entériné : « Pour une école sans aucune discrimination ». Noble intention, mais que sont devenues les revendications de toujours sur le mariage et l’adoption ?

Le 16 juin dernier, des centaines de couples américains ont pu officialiser leur union après que la Cour suprême de Californie eut pris la décision de légaliser le mariage homosexuel. Dans cet état en majorité conservateur, San Francisco et Los Angeles font office d’îlots de tolérance où les gays et les lesbiennes peuvent désormais vivre leur amour au grand jour et sous le couvert de la loi. Cinq jours auparavant, en Europe, le « vieux continent », c’est la Norvège qui est devenue le septième pays au monde à légaliser le mariage homosexuel après les Pays-Bas et le Portugal en 2001, la Belgique en 2003, l’Espagne et le Canada en 2005 et l’Afrique du Sud en 2006. Et en France, c’est pour quand ?

On se souvient que la question était déjà tombée sur le tapis lors des débats présidentiels pour l’élection de 2007 avec un bilan en demi-teinte. D’un côté, Ségolène Royal s’était engagée prudemment, une fois le train lancé par Dominique Strauss-Kahn, à « avancer résolument sur les deux sujets du mariage et de l’adoption ». D’un autre côté, le candidat Sarkozy, plus mal à l’aise, avait néanmoins confirmé son attachement au triptyque « un père, une mère, un enfant ».

L’école de la tolérance

Depuis, le débat n’a guère eu l’occasion d’être relancé si ce n’est le 17 mai dernier où Rama Yade, secrétaire d’Etat chargé des affaires étrangères et des droits de l’homme, s’est engagée au nom du gouvernement à reconnaître la journée mondiale contre l’homophobie. Les plus optimistes ont interprété cette décision comme un signe d’évolution des mentalités sur le mode du « c’est mieux que rien. » Les pessimistes ont considéré plus laconiquement que ce genre de décision ne coûtait pas grand-chose au gouvernement et que le mariage homosexuel n’était décidément pas près d’être légalisé en France.

La cause serait-elle donc entendue et faudrait-il juste admettre que la France n’est pas prête à statuer officiellement sur l’union entre deux personnes du même sexe ? C’est en tout cas, l’opinion qui semble dominer dans les esprits, y compris chez les premiers concernés. Interrogé dans les colonnes du quotidien Libération du 23 juin, Alain Piriou, porte-parole de l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et train (Inter-LGBT) s’explique ainsi sur le choix du mot d’ordre de la Marche des Fiertés édition 2008. « Nous savons que ce n’est pas cette année qu’une marche de 500 000 personnes fera changer d’avis Nicolas Sarkozy qui a clairement dit qu’il était contre le mariage et l’adoption par des couples du même sexe. Plutôt que de perdre notre temps, autant le mettre à profit pour avancer. Cette année, on a choisi le thème spécifique de l’école. Sur la question de l’homophobie, l’Education nationale est un acteur incontournable ». Un mot d’ordre qui s’inscrit directement dans les orientations prises par Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale et Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur. Concrètement, il s’agit d’abord de rendre systématique l’affichage de la ligne Azur dans les lycées. Une « solution » qui doit permettre aux adolescents victimes de violences homophobes ou soucieux de s’informer de trouver des interlocuteurs formés. Dans les universités et les grandes écoles ensuite, il est prévu, dès la prochaine rentrée, qu’une campagne de lutte contre l’homophobie soit initiée auprès des étudiants voire des enseignants grâce à des modules de formation spécifiques.

Même si la décision mérite d’être saluée, est-ce une raison suffisante pour baisser les bras au sujet des revendications sur le mariage et l’adoption ? La question reste en suspens et provoquera certainement des réactions.

Pour savoir si l’ensemble des associations ou des groupes activistes gays et lesbiens adhère à cette résignation officielle, il suffira de tendre l’oreille samedi 28 juin dans les rues de Paris et de prendre le temps de déchiffrer les slogans. A suivre

Aucun commentaire: