dimanche 15 juin 2008

Ne pas s'imaginer toujours seul !



>"Montrer aux personnes qu'elles ne sont pas forcément seules"
CGLBT Rennes homophobie homosexualité hétérosexualité

Comme chaque année depuis quinze ans, à l'initiative du centre gay, lesbien, bi et trans de Rennes (CGLBT), une marche des Fiertés était organisée cet après-midi. Plus de 500 personnes étaient présentes durant le défilé. Alors qu'en est-il aujourd'hui de la place des homosexuels dans notre société ? Eléments de réponse avec Françoise Bagnaud, co-présidente de l'association.
Françoise Bagnaud, au delà du caractère festif, quel est l'enjeu de ce type de manifestation ?



Il y a plusieurs enjeux. Le premier est de rapeller que l'on vit dans un pays, un monde, où un certain nombre de personnes ne sont pas hétérosexuelles. Et ces personnes n'ont pas les mêmes droits que les autres. Il y a une discrimination. Discrimination par rapport au mariage, par rapport à l'homoparentalité, par rapport au droit à l'adoption. Le deuxième enjeu est que bon nombre de personnes homosexuelles, ont un sentiment de honte, ou sont stigmatisées, par rapport aux autres. Le fait qu'il y a une marche chaque année permet de montrer aux personnes qu'elles ne sont pas forcément seules. Il existe des associations, un collectif, notamment.





Justement aujourd'hui, y-a-t-il une évolution dans la perception et l'intégration de l'homosexualité ?



Oui tout à fait. Prenons cette année, la ville de Rennes nous a apporté leur aide, en matériel et nous a aidé à construire le chapiteau. Ce n'est pas le cas dans toutes les villes. Aujourd'hui, à Rennes, on y voit plus clair. Les médias eux aussi, permettent aux choses d'évoluer, grâce à des reportages, des fictions ou des séries, évoquant et intégrant l'homosexualité.





Et par rapport à la population ?



En terme de mentalité, c'est difficile à mesurer. Certes on est loin des années 70, où l'on considérait l'homosexualité comme une maladie mentale. Mais aujourd'hui, il y a encore un bon nombre de personnes qui souffrent, qui ne savent pas comment faire. Et il y a aussi des personnes qui sont clairement homophobes, on a pu le voir aujourd'hui, qui nous insultent et ne nous acceptent pas. Je pense qu'il y a vraiment une question sociale. Les gens disent "je ne suis pas homophobe", et dans le même temps, sont contre le mariage homosexuel, ce qui est une certaine forme d'homophobie. Or, ils ne veulent pas de différences entre les personnes de couleur blanche et les personnes de couleur noire, d'origine arabe ou autre. Et bien c'est la même chose pour nous. Pourquoi y aurait-il des différences entre les personnes hétérosexuelles et homosexuelles ?!





Dans le domaine professionel, vous ressentez encore des discriminations ?



Oui c'est perceptible. Même si aujourd'hui, il y a une loi qui a interdit cette discrimination. Après ça ne suffit pas toujours. Rien qu'hier, une personne que l'on connaît, a perdu son emploi parce qu'elle avait dit qu'elle était homosexuelle...





Et où se place l'Etat aujourd'hui dans ces évolutions ?



Il y a un discours et des faits. Le discours, tend au changement et à la reconnaissance. Dans les faits, c'est plus complexe. Par exemple, sur la question du mariage, tout est à faire, et aujourd'hui, l'Etat tient une position assez fermée là-dessus. Concernant le Pacs (ndlr : depuis 1999), c'est une avancée mais ça continue aussi à stigmatiser les personnes homosexuelles.

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