lundi 18 février 2008

L'homosexualité en Afrique...

Mythe ou réalité d´un amour qui n´ose pas dire son nom ?
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L’objectif de cet article est de retracer la réalité historique et contemporaine du vécu homosexuel dans plusieurs sociétés africaines. L’homosexualité dans toutes ses formes, a toujours été connue de l’Afrique, et ce, bien avant l’avènement des missions civilisatrices. De nos jours, elle tend à être de plus en plus visible dans les grandes zones urbaines africaines. Il apparaît donc intéressant d’un point de vue sociologique se saisir son sens, et voire, sa puissance au-delà des clichés mystificateurs admis. Il est aujourd’hui très difficile de discuter des questions de sexualités en Afrique en mettant en marge l’homosexualité/le lesbianisme sans risque de parcellisation de la réalité socio-sexuelle. Pour cause, les mœurs et les habitudes sexuelles constituent désormais l’un des aspects des comportements sociaux où l’on peut lire les dynamiques de changement, parfois les plus inattendus. En effet, notre société est entrée dans une ère de révolution et de ‘‘libération sexuelle’’ caractérisée fondamentalement par de nombreuses mutations : montée de la sexualité prénuptiale, développement du marché/commerce sexuel, mais aussi une « visibilisation » de l’homosexualité.

De plus en plus, les hommes comme les femmes choisissent de « vivre différemment leur vie sexuelle et « d’aller à l’encontre » d’une forme d’amour devenue traditionnelle et modèle conventionnel ». Dans ce sens, c’est une lapalissade que de dire que l’homosexualité en Afrique est sortie du champ des mythes, de l’imaginaire pour désormais tutoyer l’espace public au quotidien, entre clandestinité et visibilité homéopathique. C’est ce qui permet de poser la problématique de l’homosexualité en Afrique où les sociétés sont restées fondamentalement homophobes et hétérosexistes.

L’homosexualité est un terme dont les charges culturelles, idéologiques exigent, pour plus de prudence dans son usage, des éclaircissements. Ainsi, cette communication n’a pas la prétention d’intégrer un camp idéologique particulier (défenseur/répresseurs), mais veut simplement analyser un type de comportement sexuel en pleine effervescence dans nos sociétés jadis acquises presque exclusivement à la cause hétérosexuelle. Bozon disait que la sociologie de la sexualité à ce niveau sera un travail infini de contextualisation sociale et culturelle, qui vise à établir les relations multiples et parfois méconnues des phénomènes sexuels à d’autres processus sociaux . Elle permettra une construction sociologique de cette réalité socio-sexuelle en ressortant les logiques d’action qui motivent les personnes impliquées dans ces échanges particuliers pour le commun africain, la perception de ce « choix sexuel » autant par la société, les systèmes religieux que par les homosexuels eux-mêmes. Ce choix méthodologique se justifie par l’option de saisir dans sa complexité un phénomène aussi marginal : « du dedans » à partir du vécu des homosexuels, et « du dehors » à partir des structures sociales (familles, religions, institutions, etc.). Pour ce faire, une définition opératoire de ce qu’est l’homosexualité, il faut se méfier du piège des mots surtout la presse qui en utilise et abuse. La notion d’homosexualité : entre nature et culture.

Il n’est pas aisé de discourir sur l’homosexualité, surtout dans un contexte social comme celui de l’Afrique acquis aux valeurs pro-natalistes, et enclin à l’hétérosexualité, sans écueils. La notion et la pratique de l’homosexualité sont toujours entachées de beaucoup de convictions issues de multiples orientations psycho-idéologiques. Généralement l’hétérosexualité est toujours perçue à partir d’une construction tacite des identités de genre sur la base de tabous, de la supposée nature humaine ou en prenant pour prétexte les différences biologiques, les normes religieuses et les valeurs traditionnelles pour attribuer des trais essentiels de personnalité, des capacités et des rôles spécifiques à l’un et l’autre sexe. Elle traduit un passage du biologique au socioculturel . Elle a été formalisée sur la base des préjugés y relatifs et de la doxa. On comprend dès lors pourquoi les gens diront « on est né, on a trouvé que la norme c’est l’hétérosexualité et on s’y est habitué. C’est devenu le modèle que toutes les religions ont prôné ».

Dans chaque communauté, hommes et femmes sont toujours au cœur d’une spécialisation fonctionnelle bâtie sur la base du fait qu’on est homme ou femme. Etre femme veut dire qu’on est naturellement appelé à se livrer aux rôles associés à la reproduction, à la maternité de préférence. En revanche, les statuts masculins corroborent avec des activités liées au sexe fort, c’est-à-dire ‘‘pénibles’’ ou nécessitant de ‘‘grands efforts’’, de ‘‘grosses énergies’’, bref à la virilité, etc. L’accent est mis sur les compétences ou aptitudes physiques préjugées inégales entres hommes et femmes, par nature. Déjà enfant, le garçon reçoit du père ou de la mère un ballon de football alors que la fille une poupée. Inspirée de l’approche sociobiologique telle que définie et mise au point par E. O. Wilson, la construction sociale de la normalité sexuelle (notamment l’hétérosexualité) est une approche systématique des comportements sociaux et des identités masculine et féminine sur des bases essentiellement biologiques et naturelles, concevant toujours comme « normale » une attirance que peut avoir un homme pour une femme et vice versa (hétérosexualité). En effet dans son ouvrage L’humaine nature, Wilson met en exergue un déterminisme génétique des comportements sociaux à partir des différences liées soit à ‘‘la nature masculine’’ soit à ‘‘la nature féminine’’. Car la personnalité, les attitudes, les aptitudes, les rôles familiaux et sociaux des femmes comme ceux des hommes sont déterminés par leur nature biologique. Ces deux termes désignent alors des conduites sociales et des idées qui tablent sur des différences biologiques pour opérer une séparation entre les hommes et les femmes dans les domaines aussi variés que celui de la sexualité.

En effet pour Wilson, c’est à la fois la nature de l’homme et celle de la femme qui les prédisposerait différentiellement à s’attirer mutuellement et non l’inverse. Ainsi, sur cette base des caractéristiques biologiques et naturelles (émotion, tendresse, sentiments), les femmes seront orientées vers le sexe opposé, de même que les hommes, également par nature (tendance à l’affirmation de soi, agressivité, virilité, etc.). En fonction de ce portrait-robot, les femmes semblent peu aptes à mener une vie professionnelle, tandis que les hommes sont amputés d’une bonne partie de leurs sentiments. En claire, ‘‘Hommes et femmes se voient attribuer des tempéraments et des rôles étroitement déterminés par leur patrimoine génétique,’’ lesquelles régissent de fait leur nature sexuelle.

Ce sont ces stéréotypes qui définissent les attentes de la société à l’égard de chaque sexe en terme de comportement sexuel. C’est cette conception que l’on retrouve dans plusieurs sociétés, et qui prennent valeur de modèles avec des fondements religieux importants (islam, christianisme, judaisme, animisme), car ces stéréotypes acquièrent une dimension normative et s’imposent finalement comme des modèles orientant les choix matrimoniaux et les orientations sexuelles des acteurs sociaux. Dès lors, et comme c’est la cas dans la plupart des sociétés africaines, l’instinct de maternité est assignée à la femme/féminité et être lesbienne est désormais perçu comme une négation de son identité féminine, de même qu’être homosexuel apparaît comme un rejet de sa virilité, une forme de bestialité. Cette conception, essentiellement culturaliste des identités de genre et des rapports sexuels ayant sous-tendu les comportements sexuels et nuptiaux, s’est reproduite par le processus de socialisation, les pratiques éducatives des parents en faisant aujourd’hui de l’hétérosexualité le plus grand bonheur des acteurs sociaux ou le modèle conventionnel de la vie sexuelle.

A l’inverse de ce modèle, l’orientation homosexuelle est une forme de dépravation des mœurs, fortement réprimée dans la vie courante. Or, l’homosexualité a pour base une attirance pour une personne de sexe identique, comportement que les homosexuels perçoivent eux-mêmes comme un phénomène naturel, aussi normal que paraît le modèle hétérosexuel, d’ailleurs trop valorisé. L’homosexualité est une construction du plaisir sexuel non plus sur la base de valeurs traditionnelles, mais d’un ‘‘sentiment naturellement vécu’’. C’est l’envers d’un choix modélisé (hétérosexualité), mais qui est vécu dans la joie, la sérénité, ou bien comme la vie, avec ses joies, ses peines et ses souffrances, de tous ceux qui s’aiment et vivent ensemble.

L’homosexualité vue par les comportements extérieurs des individus Pour une certaine opinion commune africaine, l’homosexualité est liée au stéréotype sur le caractère efféminé des hommes et celui viril des femmes. Autrement dit, l’homasse serait lesbienne, tandis que l’efféminé serait homosexuel ou gay. Au Sénégal par exemple, le terme pour désigner les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), et par extension les homosexuels, est en wolof « gor jigeen », ce qui veut dire littéralement « homme-femme ». Au Nigéria on parlera du « dan daudu » pour désigner la pratique (daudu) faisant référence aux hommes qui agissent comme des femmes et qui ont des rapports sexuels avec des hommes. En Gunée-Bissau et au Cap-Vert, le terme portugais “viado” (reference à la gazelle avec sa manière feminine de sauter) définit l´homosexuel comme une femme. En Swahili, langue parlée dans plusieurs régions d’Afrique de l’Est, l’homosexualité est traduite par « mke-si mume », littéralement « femme et pas homme ». En somme, l’étiquetage des personnes comme homosexuelles et par extension la définition de l’homosexualité est fonction pour cette opinion de l’inversion dans les rôles de genre qu’il serait possible d’observer chez certains acteurs sociaux. Malheureusement, cette conception dépasse largement l’opinion commune. L’attitude externe à travers la gestuelle ; le fait d’assumer pour certains individus une part de leur féminité (métrosexuels pour les hommes) ou de leur masculinité (pour les femmes) ; l’adoption d’un code vestimentaire où la prédominance d’un caractère psychologique socialement labellisé comme du ressort du féminin et/ou du masculin est non seulement un facteur plein d’incertitudes pour définir l’homosexualité, et partant pour identifier un gay, un HSH, une lesbienne, mais surtout un facteur d’erreur de jugement.

L’homosexualité comme une pathologie et une maladie mentale D’après la doxa, l’homosexualité est également associée à une pathologie proche d’une névrose ou d’un état mental débile. Ce fut le cas pendant une très longue période en Occident avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sous la pression du lobby homosexuel américain, ne raye l’homosexualité de la liste des maladies. En Afrique, l’homosexualité est surtout associée dans les imaginaires à la sorcellerie, tellement elle est jugée anormale. Qui mieux que les sorciers, en effet, ont le don d’agir en dehors de toute logique normative et de toute logique dans l’orthodoxie de ce que la société prescrit comme normale ? Cependant, il faudrait préciser que l’homosexualité est jugée pathologique ou paranormale parce qu’elle correspond davantage avec la manière dont les gens conçoivent et construisent de nos jours le comportement sexuel normal. Il n’y a donc aucune relation fondamentale entre la pratique homosexuelle et un désordre mental ou encore avec une pratique systématique liée à la sorcellerie. Certes dans la logique africaine, il y a une part qui peut être expliquée à travers les pratiques de la sorcellerie, lorsqu’il est prétendu que les sorciers ont deux sexes et qu’ils s’en serviraient, à l’occasion, pour nuire à leurs ennemis en fonction du phénotype (caractéristiques génitales) de ces derniers.

Homosexualité, pédophilie et pédérastie

L’homosexualité est souvent confondue à la pédophilie et à la pédérastie. En Afrique, l’apocope fort péjoratif « pédé » sert souvent d’appellation pour désigner les homosexuels masculins. Si le pédéraste étymologiquement désigne l’amant des jeunes garçons à peine pubères, le pédophile quant à lui sera l’individu qui a une préférence sexuelle pour les enfants, tout sexe confondu. Cependant, la pédérastie ne peut s’assimiler à l’homosexualité, même si le choix de l’objet sexuel enfant est homosexué. L’on peut préférer avoir des relations sexuelles avec des personnes de son sexe sans pour autant avoir une attirance pour les enfants. Il existe certes des exceptions de personnes qui ont ces tendances, mais cet état de chose, somme toute minoritaire, ne devrait pas pousser à postuler pour une généralisation définitionnelle de l’homosexualité en rapport avec la pédérastie. Dans l’appréhension classique de l’homosexualité, il est d’usage de privilégier l’activité, c’est-à-dire le rapport sexuel entre personne de même sexe. C’est cette approche que l’on va par exemple retrouver chez Kinsey ou encore dans de nombreuses approches juridiques prohibant l’homosexualité en Afrique comme le Sénégal (article 319, § 3 du code pénal sénégalais ou le Cameroun (art 342 bis du code pénal camerounais ) . A la lecture de ces codes, il ressort clairement que c’est l’activité confondue à l’homosexualité qui est condamnée ; or, l’homosexualité est cernée avant tout à partir de l’identité, c’est-à-dire la reconnaissance par le sujet ou la sujette de sa spécificité d’homme ou de femme, à laquelle sera associée une identité homosexuelle ou lesbienne.

Comment les homosexuels construisent-ils leur vécu ?

Bien qu’étant de plus en plus visible, l’homosexualité en Afrique n’est pas encore affranchie des contraintes « non sexuelles » et de la pression sociétale qui se dresse contre elle. Une vie truffée de difficultés. L’identité homosexuelle plonge presque toujours les homosexuel(le)s dans une ambiguïté constante d’exprimer leur création amoureuse à cause des pressions sociales, familiales et des religions. Ils font face à la répression sociétale et la maltraitance, à l’intolérance familiale, de l´entourage des violences verbales et physiques. Les homosexuels et les lesbiennes sont le plus souvent victimes d’injures. Quand les termes « pédé », « depso », « homo », « dunx », « toot », « yambar », « yossi », et lesbiennes sont utilisés, c’est parfois pour insulter. La marginalisation qui peut pousser à l’exode ou à la répudiation du cadre familial ou à la perte d’un emploi s´il y en a. La stigmatisation de l’homosexualité par l’entourage proche des homosexuels est souvent forte. Dans la rue, quand ils sont reconnus, ils font souvent l’objet d’insultes et des quolibets du genre : pédales, gouines, porteurs de couches et la liste est loin d’être exhaustive. Pour le sénégalais en général, toute relation homosexuelle n’est moralement pas concevable et ne devrait pas socialement être admise. Un fait complexe : examen de quelques facteurs explicatifs de l’émergence de l’homosexualité en Afrique

- Les médias


Les facteurs sociologiques explicatifs de la propension à l’homosexualité en Afrique sont nombreux. Pour les besoins de cette communication, il ne sera retenu que trois facteurs qui apparaissent capitaux. Le premier facteur explicatif de cette visibilité de la manifestation homosexuelle en Afrique est celui de l’influence des productions des médias, surtout les médias étrangers qui sont reçus en terre africaine. Ceux-ci irriguent d’images fortes et brutales, alimentent le subconscient et l’imaginaire des africains. Loin d’être neutres, ils amplifient ou valorisent certaines représentations au détriment d’autres. Les individus les plus exposés à l’impact des médias sont ceux qui sont en mesure de se procurer des journaux, un appareil récepteur de radio ou de télévision, parfois couplé aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Ceux-ci en s’y exposant, finissent par avoir un large champ de perception des réalités et schèmes de pensées présentés, qui ne sont pas toujours en harmonie avec les modèles de leur groupe d’appartenance. Ils sont ainsi considérés comme exutoire chez certaines catégories de la population, pour combler leurs insatisfactions. Ils s’entourent alors de l’illusion selon laquelle, dans le fond, les médias pensent comme eux. Autrement dit, les médias expriment tout haut, ce qu’ils auraient ou qu’ils ont toujours pensé tout bas. Toujours est-il que ces modèles nouveaux que proposent les médias, dans une époque idéologique de mondialisation des cultures, sont susceptibles d’influencer d’une certaine manière les représentations. Pour les individus, faire comme ils ont vu dans les médias apparaît comme la manifestation d’un alibi discursif, permettant de sortir de la double tactique dans laquelle sont entrés de nombreux africains pour masquer leur vie homosexuelle réelle. Ils sont, par la même, encouragés par ce qu’ils observent dans les médias, et par ce qu’ils croient, à tort ou à raison, être la réalité homosexuelle occidentale. Cette visibilisation de l’homosexualité qu’ont incité les médias en Afrique est aussi l’expression d’une reconnaissance sociale qui ne veut toujours pas dire son nom. Regardons les programmes locaux de nos télévisions ou des revues dakaroises ou les stars du show bis sénégalais et internationaux du football dictent la mode de s´habiller, de se comporter que la presse comme Icône et d´autres de cette même catégorie consacrent à eux. Et que dire des artistes des deux sexes qui assument leur dépigmentation sans problème alors qu´ils sont des formateurs d´opinion. Il y a l´adage en wolof qui dit :”Roy Dakh”. En copiant trop, on deviant des experts de la matière.

- La crise


Le flux des productions médiatiques étrangères qui se déverse en Afrique a trouvé un champ social en état de crise. La crise sociale apparaît ainsi comme le deuxième facteur explicatif de la visibilité accrue de l’homosexualité dans la sphère sociale africaine. L’Afrique est en crise, elle vit la crise depuis les années quatre vingt. La crise ou le concept de crise se présente comme un moment de perturbations, de graves difficultés, de turbulences, de tensions et de conflits que connaît une société à un moment donné. En effet, l’étymologie du mot crise est en lui-même révélateur de ce qui précède. Il est issu du jargon médical et vient du grec « krisis » qui veut dire étape décisive, moment critique. C’est donc un moment décisif dans l’évolution d’une maladie, moment décisif qui à son tour détermine l’issue de l’évolution de ladite maladie. C’est pourquoi, transposée dans le champ social, la crise est cet état qui provoque une série de déséquilibres, de troubles, de malheurs ou de dysfonctionnements sociaux. Au plan économique, malgré quelques indicateurs encourageants pour certains Etats où la tendance économique est à la reprise, il en ressort que cette relance est encore au niveau macro-économique, le quotidien des individus étant pour la majeure partie, stable, c’est-à-dire économiquement très faible. En Afrique donc, certains individus confrontés à la misère sont parvenus à développer des tactiques de survie. Ainsi certains homosexuels, comme c’est le cas au Senegal pensent que le « courir derrière un homme confortable donne l’argent », entendez l’homosexualité est source d’enrichissement, de capitalisation économique pour devenir riche matériellement. Cette croyance trouve son origine loin dans le temps et elle place ainsi l’homosexualité comme un fétichisme fallacieux, capable de procurer des gains. La crise a poussé certains individus homosexuels en Afrique, à se faire de plus en plus voir, notamment dans les grands hôtels, les plages, les boîtes de nuit à la recherche de clients, européens de préférence comme les prostituées d´ailleurs pour une conquête du plus offrant. C’est ce qui peut aussi être observé quand certains homosexuels africains vont surfer sur les sites de dialogue gays (sites sénégalais et français d´ailleurs. Assez faire un tour dans certains sites sénégalais comme seneweb.com et setsima.com dans le net et vous voyez combien de sénégalais font la raquete virtuelle, de même les étrangers en visite dans notre pays). Ils recherchent, pour bon nombre d’entre eux, des partenaires européens riches, susceptibles de leur faire vivre leur rêve et de leur permettre de libérer leur sexualité en Occident, sans plus avoir besoin d’user de la tactique de camouflage. Celle-ci consiste à se doter d’un partenaire de l’autre sexe, pour masquer à l’entourage social sa véritable identité homosexuelle. Le partenaire de camouflage est alors désigné dans certains milieux gays au Sénégal le « nebeutou » c’est-à-dire littéralement la couverture.

Quand Fatou Diome interpelle la société sénégalaise dans Kétala Le roman Kétala de Fatou Diome sorti en 2006 aux Editions Flammarion nous montre l´hypocrisie de la société sénégalaise face à l´homosexualité. L’héroïne, Mémoria, est mariée de force à Makhou, malgré l’homosexualité de ce dernier ? Il accepte cette union car elle l’arrange. Avec un père homme d’affaires et une mère médecin, il vit son homosexualité en cachette. Ses parents sont au courant mais se doivent de préserver l’image respectable de leur famille. Ils décident donc de le marier à une de ses cousines, Mémoria donc, qui refuse. Mais sous la pression de son père, elle finit par céder. Elle est même séduite et devient amoureuse, quand elle finit par découvrir son homosexualité et veut divorcer. Craignant ce qu’on va dire, ils décident de s’installer à Paris où Mémoria se met en tête de changer l’orientation sexuelle de Makhou. Malheureusement pour elle, ce dernier découvre les possibilités de vivre librement son homosexualité loin des yeux de la communauté. Combien d´hommes ou de femmes hétérosexuels, chefs de familles ont une double vie au Senegal ? Au moins chaque sénégalais sait, connait ou a un membre de famille dans cette catégorie. Pour Fatou Diome, c’était une façon de poser le problème. Il faut arrêter de sacrifier les filles pour protéger la virilité des hommes ainsi que l’image de la famille et accepter que l´homosexualité existe bel et bien dans la société sénégalaise. Eviter le cas du cameroun en 2006 et l´impérieuse nécessité du professionalisme de certaine presse

Il y a juste presque deux ans, trois journaux camerounais (La Météo, l´Anecdote et Nouvelle Afrique avaient publié une liste de plus de 50 présumés homosexuels. Un « outing » forcé de personnalités qui fait scandale à l´époque. Plusieurs personnalités camerounaises ont été classées dans trois journaux locaux comme étant homosexuelles. Il y avait des ministres, journalistes de la télévision, artistes (Manu Dibango) et sportifs (Yannick Noah) etc. La Météo avait amorcé l’outing une dizaine de jours avant, puis L’Anecdote et Nouvelle Afrique ont suivi. Cette affaire a eu à créer des suites judiciaires, et une explosion dans un contexte général d’homophobie, notamment prêchée par les chefs religieux chrétiens ou musulmans et surtout la population. Les cas des journaux camerounais et celui d´Icône, il n y a pas de différence. Si au pays de Paul Biya, on a osé donner des noms de présumés homosexuels, à Dakar les photos à l´appui sont synonymes d´une mort annoncée. L’impérieuse nécessité du professionnalisme dans certaine presse.

L´attitude de ces principaux quotidiens privés est à questionner. Celui de Ícone qui declare qu´il veut rendre service à la société devait en premier lieu se préoccuper sur d´autres choses beaucoup plus importantes pour les sénégalais à savoir la chereté de la vie, la misère de la population et la bonne leçon. Maintenant il a beaucoup d´équation à résoudre le concernant. Qui sommes-nous pour juger ? Dans le cas camerounais comme sénégalais, il existe le non-respect de l’éthique et de la déontologie professionnelle. Même si Ícone a déclencher le débat, les autres journaux ne sont pas en reste. Assez voir leurs titres pour voir qu´ils alimentent sans le savoir l´homophobie de la population avec des mots qui sonnent comme de l´insulte (toot, dunx, gorjiggen, pédés, yambar, etc.

C’est pourtant depuis le 2 février que le sujet est pratiquement sur toutes les lèvres dans les grandes villes, et même dans l’arrière-pays. L’organe de régulation des médias sénégalais et le Synpics doivent rappeler à l’ordre les journaux privés à scandale ou journalisme marron qui ont publié les photos ou des noms d’homosexuels présumés, mais cette dénonciation publique de l’homosexualité continue à faire débat obscur au Sénégal. J´invite mes confrères à faire usage de leur capacité de discernement et de responsabilité. Je les appelle également à faire preuve de prudence dans le traitement de questions susceptibles de créer ou d’agrandir la fracture sociale. Parait-il qu´il y a beaucoup de familles qui ont rejetés leurs fils impliqués dans le “fameux mariage de petit-Mbao”. Ce week-end, dans les colonnes du journal Le Quotidien, un partisan du Parti démocratique sénégalais (Pds) se défoule comme dans le cas du Cameroun de que le gouvernement de Me Abdoulaye Wade regorge d´homosexuels. La vie privée des hommes publics doit être respectée. Si les journaux continuent sur cette lancée, on est pas loin du cas camerounais ou on étalait les noms de plusieurs ministres supposés gays. Que vont devenir leurs familles ? Je me rappelle en 2000 quand je voulais traiter ce sujet au nivau du Sud Quotidien, on m´avait déconseiller à l´époque que le sujet est tellement sensible et une moindre imprudence, peut condamner à “mort” la personne citée. On ne peut pas, sous prétexte de la liberté d’écrire, dire n’importe quoi sur n’importe qui, n’importe quand. Ici au Sénégal, la pire des injures qu’on puisse faire à un homme est de le traiter d’homosexuel, parce que chez nous c’est un délit. Ce n’est pas accepté et ce n’est pas acceptable et c´est plus grave encore pour le ministre. Le véritable problème qui se pose est celui du mérite. Je crois qu’il (le propriétaire de Icône) voulait dénoncer des pratiques condamnables dans certains cercles qui pourrissent le climat au Sénégal, mais il est tombé dans un piège (avec des problèmes qu´il affronte) car ce genre d’information est très difficile à traiter.

Où se trouvaient les imam Mbaye Niang et moralisateurs quand une proxenète était élue députée à l´Assemblée Nationale ?

Quin e dit rien consent dit l´adage. Je suis loin de défendre l´homosexualité encore une fois de plus. Depuis un certain temps, on nous tympanise sur la morale, les bonnes moeurs, les coutumes et traditions en commençant par les soi-disants moralisateurs comme les Imam Mbaye Niang, Latif Guèye, Iyane Sow et autres associations religieuses. Même vivant loin du pays, je suis attentivement toutes les actualités politiques, économiques, socials ou sportives de mon pays. Et une non participation à ces débats signifie qu´on est surement aveugle. Depuis “Goudi Ton, Teuguel Down” au “mariage gay”, les sénégalais de toute couche sociale confondue font leur sermon. Mais il y a beaucoup des choses qui sont pires et que personne n´en parle. On dit même dans le jargon des sénégalais que la nuit tous les chats sont noirs.

J´aimerai que ces soi-disants Imams et moralisateurs se défoulent pour crier le mal vivre des sénégalais, des marabouts violeurs, de la corruption qui gangrène la société et l´administration publique, la marasme de nos hôpitaux, les milliards de l´argent public distribués çà et là, le “nouveau système de corryption connu comme petit-fils de tel chef religieux ou domou Sokhna” pour avoir les bénédictions du pouvoir, etc. Ma question est de savoir où ils se trouvaient quand une grande dame de la société qui accueille dans sa demeure de jeunes prostituées avait été élue députée à l´assemblée nationale sur la liste nationale du parti socialiste à la 19º position ? Pourquoi la bonne moralité n´avait jamais fait échos à l´époque ? Pourquoi ils ne parlent pas de la dépigmentation comme phénomène de société et même dans les grandes familles religieuses ? Comment expliquez alors la présence d´un travesti três connu à Fatick dans les loges de la tribune d´honneur à coté du gouverneur de la région, du commandant de la zone et de quelques dignitaires le jour de défilé de l´indépendance dans la ville de Macky Sall sous le régime socialiste em 1984 ou 85 ? Pourtant il y avait pas mal de chefs religieux et d´hommes de la république. La tolérance aux homosexuels a toujours existé depuis le gouvernement de Senghor en passant par Abdou Diouf. J´ai été surpris dans une contribution de Souleymane Jules Diop quand il souligne que des ministres sous Senghor disputaient un homologue comorien en visite au palais de l´Avenue Roume. Quant á la réaction de la police lors de cette manifestation du vendredi dernier n´est qu´une continuité de ce qu´elle a toujours fait sous le règne de l´alternance. Rappelons que l´opposition, les syndicalistes, les étudiants ont subi la même répression de cette police.

Dans ce contexte, le débat sur l’homosexualité couvre un autre débat et une autre césure entre « le haut » et « le bas » de la société. Ce clivage pourrait se résumer par cette question : comment se produit et se reproduit l’ordre public au Sénégal ?

Le jour ou les gays brésiliens étaient hostiles aux chefs d´états africains Le 12 juin 2006 avant l´ouverture de la 2ª Ciad (Conference des Intellectuels africains et de la Diáspora), environ plus de 50 intégrants du mouvement gay du Brésil avaient réalisé une manifestation contre 24 pays africains qui criminalisent l´homosexualité. Avec des banderoles et pancartes hostiles, ils ont demandé au président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva de rompre les ralations diplomatiques avec les « pays homophobiques » et avaient comparé les lois qui combattent l´homosexualité À l´exclavage. « Em Afrique, les gays sont traités somme des esclaves », disait une des pancartes. Le mardi 11, leur président avait remis une lettre critique à Lula sur la criminalisation de l´homosexualité en Afrique. Selon les slogans qui se lisaient sur les pancartes, il y avait « Il ne suffit pas de faire venir des intellectuels africains et de la diaspora noire pour discuter sur la renaissance africaine, si dans le continent les gays et lesbiennes sont traités comme des animaux jusqu´à la peine de mort. Devant les caméras des télévision, le président des gays du Brésil ne cessait de dire : »Il ne suffit pas de trasmettre aux africains la connaissance brésilienne sur la prévention du Sida ou pardonner les dettes, mais aussi de les Donner une expérience gouvernementale du programme Brésil sans homophobie. C´était une manifestation surprise à la conférence et à quelques dizaines de mètres à l´arrivé des chefs d´Etats et de gouvernements africains à leur tête, Me Abdoulaye Wade, John Kuffor du Ghana, Pedro Pires du Cap-Vert, Alpha Oumar Konaré du Mali, des dizaines d´ambassadeurs africains accrédités au Brésil, artistes et étudiants africains. On lisait chez les africains, une certaine nervosité puisqu´à un moment donné, on avait oublié la conference pendant Presque 30 minuit devant la police et les gardes du corps. Une situation qui a laissé encore plus le comité d´organisation et le président Lula sans explication envers les africains.

Modérer les mots pour un apaisement au niveau de la presse

Comme d´habitude, je dévore chaque jour avant d´aller au travail tous les journaux nationaux et étrangers sur le net. Mais en lisant quelques journaux du samedi 16 février dans le net, les quelques titres me font peur sur la question qui fait alimente depuis le début du mois de février la presse. Avec la marche interdite contre l´homosexualité la rivalité de la une est choquante. Il parait que c´était une guerre entre l´islam et l´état du Sénégal. Répression d´une manifestation contre les homosexuels : l´état lapide les fidèles écrit Le Quotidien, Marche contre les goorjigeen avorté, à moins d´un mois du sommet de l´Oci, le Sénégal mate ses religieux avait titré l´Observateur, Quant à Walfadjri qui titrait : « Manif contre les homosexuels : La police réprime et ferme la Grande Mosquée de Dakar », « La police transforme la grande mosquée de Dakar en champ de tirs » d´aprés l´Office. On discute pas ici sur la position de l´islam concernant l´homosexualité, mais le rôle de la presse. Sans avoir l´intention, une révolte générale pourrait naître à partir de ce point de vue. L´exemple de la radion des 4 collines est là au Rwanda même si les contextes ne sont pas les mêmes. Celui qui réprime l´homosexualité peut se baser de que l´ètat du Sénégal est contre l´islam et l´homophobie peut faire le jour sans se préoccuper avec la justice du pays. On ne doit pas faire la justice avec ses propres mains, mais l´homophobie peut gagner sa place. Loin de critiquer la position de la presse ou de donner des leçons de l´éthique et de la déontologie, mais elle est essentielle pour avancer notre société. A lire les réactions des internautes dans divers journaux nationaux, j´ai peur pour les homosexuels tellement que les discours sont violents envers tous ceux qui défendent le droit et la justicesans parler des homosexuels qui sont devenus des proies faciles. L’homophobie peut se définir comme toute attitude ou tout acte qui va dans le sens d’un rejet, d’une injustice ou d’une violence envers une personne homosexuelle ou identifiée comme telle. Lutter contre cette forme de discrimination contribue à un mieux être physique, mental et social de tous les jeunes.

Pour conclure, l’homosexualité en Afrique à travers l’histoire ou de nos jours, est loin d’être une construction mythique. C’est une réalité palpable et visible. C’est le fait de vouloir nier son existence au début par les occidentaux, ensuite par les africains eux-mêmes, qui relève d’une construction mythique dont le but de cet article était de dé-« mythifier », mais aussi d’essayer de donner une sens sociologique à ses manifestations dans les sociétés africaines contemporaines.