vendredi 19 octobre 2007

Quand l'Europe sacrifie les gays polonais !







Sur fond de traité simplifié, les homos polonais ignorés
Union européenne.
Florence Tamagne Université Lille-III

Fruit de longs mois de négociations, le «traité simplifié», présenté comme une victoire de Sarkozy, repose sur un compromis en forme d'abdication de la part de l'Union européenne face à la Pologne des jumeaux Kaczynski (du parti Droit et justice, PiS, conservateur). Elle n'appliquera pas la charte des droits fondamentaux, en particulier les dispositions concernant les droits des minorités sexuelles.


1. Quelles sont les discriminations ?


Bien que l'article 32 de la Constitution et le code du travail dénoncent toute forme de discrimination, 13 % des gays et des lesbiennes polonais ont déjà subi des violences physiques, plus de 50 % des violences psychologiques et plus de 80 % jugent nécessaire de dissimuler leur orientation sexuelle sur leur lieu de travail. Dans un pays à très forte majorité catholique, l'homosexualité continue d'être vue comme un péché. Les dernières marches pour l'égalité (l'équivalent de la Gay Pride) ont été le théâtre de violentes attaques organisées par les jeunes skinheads de la Ligue des familles polonaises (LPR), ancienne alliée du PiS : jets de pierres et d'œufs pourris, slogans haineux aux relents antisémites («Gazons les pédés !») et antieuropéens («Pédophiles et pédérastes, voilà les euroenthousiastes !»), sous les yeux de forces de police visiblement peu enclines à intervenir.


2. Y a-t-il homophobie d'Etat ?


En 1932 la Pologne, sous l'influence du code pénal napoléonien, était l'un des premiers pays d'Europe à décriminaliser l'homosexualité. Aujourd'hui, la presse de droite n'hésite pas à affirmer qu'il s'agit d'une importation occidentale, étrangère à la tradition polonaise, et elle dénonce l'action du «lobby rose international», qui aurait infiltré les institutions européennes. Le chef de la LPR, Roman Giertych, ancien ministre de l'Education, a été limogé en août, mais le Premier ministre, Jaroslaw Kaczynski, n'exclut pas de ressusciter son projet d'interdire la «promotion de l'homosexualité à l'école». Son frère jumeau, le président Kaczynski, est lui aussi un homophobe notoire qui demeure persuadé que l'homosexualité conduit l'humanité à son «extinction». Parmi les partis en lice pour les législatives du 21 octobre, seule la coalition de centre gauche (Gauche et démocrates, LiD) s'affirme contre l'homophobie et pour les droits des homosexuels, mais elle a peu de chance de l'emporter.


3. Comment tentent de réagir les militants gays et lesbiens ?


Aujourd'hui, les groupes gays et lesbiens sont peu nombreux ; une subculture avec des pubs ou des clubs homosexuels n'existe que dans les grandes villes. Pour les deux principales organisations lesbiennes gay, bi et trans (LGBT), Lambda Warszawa et Campagne contre l'homophobie (KPH), il est essentiel non seulement de créer une identité homosexuelle positive, mais aussi de mobiliser l'opinion. En 2010, l'Euro Pride se tiendra à Varsovie, choix qui a valeur de symbole, puisque la Pologne sera le premier pays d'Europe de l'Est à accueillir la manifestation. Pour Tomasz Szypula, secrétaire général de KPH, «le plus important est que nous avons une chance d'être plus visibles et de créer une vraie communauté avec des leaders, ce qui nous permettra d'être assez forts pour influencer la politique polonaise. Je compte aussi sur les organisations LGBT de toute l'Europe pour qu'elles nous témoignent leur solidarité. L'Euro Pride à Varsovie sera un retour aux racines de l'idée de "fierté". Cela ne sera pas seulement un moment de joie, mais aussi un cri fort pour demander le respect». -- Voilà comment l'europe renie ses principes humanistes au profit d'un pays homophobe !

Amitiés de René

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