samedi 17 mars 2007

Le Forum mondial de Nairobi...



Coming out africain
Fin janvier, le Forum social mondial de Nairobi a pour la première fois réservé une place importante au combat des mouvements LGBT africains. Rencontre avec un militant congolais exilé au Kenya.
mars 2007

Destiné à offrir une plateforme de dialogue et de rencontre aux militants, mouvements sociaux et coalitions des cinq continents, le Forum social mondial s’est tenu, pour la première fois depuis sa création, en Afrique, à Nairobi (Kenya). Visant à remettre l’être humain au centre des préoccupations internationales et offrir une alternative concrète et durable aux dynamiques colonialistes, néo-libérales et capitalistes, le Forum s’articule autour de principes tels que justice sociale, solidarité internationale, égalité entre femmes et hommes, la paix et l’environnement.

Cela dit, ce 7e Forum a aussi été le premier coming-out de l’Afrique, où les minorités sexuelles sont souvent perçues comme perverses, dangereuses, amorales voire démoniaques. Parmi plus de 1300 conférences, ateliers et débats concernant une multitude de sujets génériques (éducation, pauvreté, religion, conflits armés, société civile ou encore droits humains), une cinquantaine ont abordé des questions spécifiquement LGBT (égalité, genre, prostitution, HIV, droit à la différence, aspects juridiques etc.) De surcroît, une tente d’accueil intitulée «Q-Spot» (pour «Queer Spot») servait d’espace de rencontre, d’échange et de dialogue pour les participants désirant s’informer ou découvrir l’univers LGBT. Ils y étaient accueillis par Luzau Basambambo, un journaliste de 37 ans, qui a dû fuir son pays, la République démocratique du Congo, à cause de ses activités politiques et de ses préférences sexuelles. D’abord vers l’Ouganda, où il est incarcéré et torturé à plusieurs reprises et perd son statut de réfugié sans possibilité de faire appel, puis il s’exile au Kenya en 2006, où il écrit et milite actuellement pour les droits LGBT.

Que représente pour toi ce premier Forum africain?

C’est avant tout la convergence de différents groupes LGBT permettant la reconnaissance et la revendication des droits des minorités sexuelles. C’est la première fois qu’il y a une telle visibilité au Kenya et en Afrique, c’est du jamais vu. Ca nous a permis de nous rencontrer et de montrer que l’on existe.

Comment vit-on son homosexualité lorsqu’on est africain?
L’homophobie est omniprésente en Afrique, de la police au gouvernement, en passant par nos voisins. De ce fait l’homosexualité est stigmatisée, les activistes sont ignorés et marginalisés, voire abusés. Les autorités nient l’existence des communautés LGBT et par conséquent les sévices auxquels elles sont soumises. Au sein de la population, la discrimination est ouvertement justifiée et encouragée au nom de la moralité, de la religion ou de l’idéologie.

Qu’en est-il de ton activisme?
Les droits humains doivent être universels et indivisibles. Par conséquent, on ne peut pas avoir une approche sélective, défendre des thèmes «sexy», tels que les enfants ou les femmes, et complètement laisser de côté les droits LGBT. Je me bats donc pour éviter l’exclusion et promouvoir nos prérogatives afin qu’un autre monde soit possible à l’avenir.

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