mardi 7 août 2007

Une enquête sur l'homosexualité




Les ambassades néerlandaises ont reçu la consigne d'enquêter sur la situation et les droits éventuels des homosexuels dans les 36 pays avec lesquels les Pays-Bas entretiennent des rapports de coopération.
A l'issue de cette enquête, ils pourraient décider soit de faire pression sur les gouvernements les plus répressifs, soit d'aider les groupes de défense des homosexuels, voire d'adapter les montants de leur aide financière.
Même si cette dernière mesure a les faveurs de certaines organisations non gouvernementales et de défenseurs de la cause homosexuelle, elle ne semble pas privilégiée, a priori, par le ministère de la coopération, qui ne l'exclut cependant pas complètement. Dix-neuf des 36 Etats qui bénéficient de l'aide des Pays-Bas, dont le Nigeria et l'Indonésie, répriment l'homosexualité en la punissant, selon les cas, d'amendes, de la détention à perpétuité ou de la peine de mort. La puissante Association néerlandaise pour l'intégration de l'homosexualité (COC) - le plus ancien mouvement gay au monde, créé en 1946 - a convaincu le nouveau ministre de la coopération, le travailliste Bert Koenders, de dresser un inventaire mondial du droit des homosexuels.
M. Koenders a, en parallèle, invité ses ambassadeurs à faire pression sur les régimes les plus répressifs, mais a précisé qu'il ne s'agissait pas d'exporter le modèle néerlandais, qui autorise notamment le mariage entre personnes du même sexe. Une disposition qui, il faut le noter, a fait récemment l'objet de modifications, les fonctionnaires municipaux pouvant invoquer leur refus de célébrer de telles unions.
La question du droit des homosexuels dans le monde est vive aux Pays-Bas depuis qu'en 2006, le gouvernement chrétien libéral de l'époque a longuement hésité à accorder le droit d'asile à des homosexuels iraniens. Alors que la ministre de l'immigration, Rita Verdonk, affirmait qu'ils ne courraient aucun risque s'ils étaient expulsés vers leur pays d'origine, l'opposition et diverses associations rappelaient l'exécution de deux homosexuels iraniens en 2005. Les demandeurs d'asile ont finalement reçu un titre de séjour.
Les autorités néerlandaises manifestent leur intérêt pour les conclusions auxquelles sont arrivés, en 2006, des experts internationaux qui ont mis au point les principes dits de Jogjakarta, du nom de la ville indonésienne où ils ont été signés. Le groupe, qui a établi que 91 Etats répriment toujours l'homosexualité, a fixé des normes juridiques et des recommandations afin d'assurer une égalité entre toutes les personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ce texte a été présenté, en mars, au Comité des droits de l'homme des Nations unies. Comité devant lequel, en 2005, 54 Etats avaient demandé une action contre les violations flagrantes des droits des personnes homosexuelles, lesbiennes, bisexuelles ou transsexuelles.
Jean-Pierre Stroobants

Aucun commentaire: