mardi 6 février 2007

Excellent article sur l'homoparentalité....






L'homoparentalité agite scientifiques et politiques

La principale association de parents gays a organisé un débat à Paris.
Par Sandrine CABUT
QUOTIDIEN : lundi 5 février 2007

Des scientifiques pour convaincre les politiques d'aller plus loin sur la question de l'homoparentalité. C'est le pari qu'avait fait l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) en organisant samedi à Paris un débat entre candidats à la présidentielle et scientifiques. Pari en partie gagné. Si la communiste Marie-George Buffet est la seule à s'être physiquement déplacée, les cinq partis de gouvernement étaient représentés. Patrick Bloche (PS) a parlé au nom de Ségolène Royal, Noël Mamère (Verts) en celui de Dominique Voynet, Laurent Wauquiez (UMP) pour Nicolas Sarkozy, et Jean-Christophe Lagarde (UDF) pour François Bayrou. Mais, avant de s'exprimer sur ce sujet qui concerne déjà 200 000 enfants en France, ils ont dû écouter.

Un millier de références. Les arguments de l'APGL, d'abord. L'association vient de recenser, dans un guide, toutes les enquêtes, études universitaires, thèses, etc. publiées sur l'homoparentalité dans le monde. Soit un millier de références, dont plus de 300 françaises. «La plupart ne montrent aucune différence de développement entre les enfants de couples homo et ceux de parents hétérosexuels, les rares études négatives ont été inspirées par les milieux religieux, relève Martine Gross, présidente honoraire de l'APGL. Les politiques nous ont souvent opposé le manque de recul, cet argument ne peut plus tenir la route. Il est temps de légiférer pour apporter à ces enfants la même protection juridique qu'aux autres.»
Histoire de prolonger sa démonstration, l'APGL avait convié trois jeunes chercheurs. «La paternité gay s'inscrit dans les changements de paternité actuelle, elle n'a pas de caractères très spécifiques», explique Emmanuel Gratton, dont la thèse de sociologie a porté sur des hommes gays devenus pères ou avec un projet de paternité. Martha Mailfert, doctorante elle aussi en sociologie, a enquêté auprès de familles lesbiennes. Sa thèse ne nie pas des difficultés au quotidien ­ notamment pour la reconnaissance de la «co-mère» ­ mais elle estime que le «problème des enfants n'est pas tant dans la structure des familles que dans le regard des autres». Comme le confirment d'autres scientifiques présents, c'est contre la stigmatisation et les discriminations qu'il faut aujourd'hui lutter.
«Il y a quelque chose d'un peu douloureux à démontrer que les enfants d'homos sont comme les autres», relève le psychanalyste Serge Hefez . L'obstétricien Israël Nisand se dit lui aussi «choqué de voir que des chercheurs doivent encore travailler sur le sujet». Et de lâcher, sous un tonnerre d'applaudissements : «On sait que la discrimination peut amener jusqu'à la mort. Il faut que des non-homosexuels défendent le droit des homosexuels à vivre normalement dans notre pays.» Plus provocateur, l'anthropologue Maurice Gaudelier clame que «ce qui fait la société c'est le politique et le religieux, pas la famille. Si la famille évolue, ça ne va pas foutre en l'air la société. Le catastrophisme est non fondé».
Mea-culpa. A gauche, les politiques en sont déjà convaincus. Marie-George Buffet commence par un mea-culpa, rappelant que le «PC n'a pas toujours été linéaire sur ce sujet». Depuis, son parti s'est prononcé en faveur du mariage gay, de l'ouverture de l'adoption aux homosexuels et de l'IAD (insémination avec donneurs) pour les lesbiennes. «Je vais continuer à porter ce combat, promet-elle. Je pense que l'opinion est prête.» Même ouverture chez les Verts, où Noël Mamère avait été le premier à célébrer un mariage gay, à Bègles, en 2004. Patrick Bloche rappelle les deux propositions de loi déposées par le PS en juin 2006 sur le mariage et les conditions d'exercice de la parentalité.

Mais à droite, UMP et UDF restent figées sur les questions du mariage et de l'adoption gays. «Notre volonté est de se centrer sur les questions concrètes», assure Laurent Wauquiez (UMP), qui propose de transformer le Pacs en un contrat célébré en mairie, et d'améliorer le statut du beau parent. A l'UDF, encore divisée sur le sujet, Jean-Christophe Lagarde évoque la création d'un «contrat d'union sociale avec les mêmes droits que le mariage», et la possibilité d'adoption simple par le deuxième parent. Des avancées, mais insuffisantes aux yeux des militants.

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