lundi 2 juillet 2007

Halte à l'homophobie !



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Halte à l'homophobie !

Hostilité explicite ou implicite à l'encontre des homosexuels relevant de la peur, de la haine, de l'aversion ou encore de la désapprobation envers l'homosexualité, l'homophobie latente ou décomplexée de notre société (dite moderne !) continue de faire des ravages. Les préjugés et les discriminations anti-homosexuels ont plus que jamais la cote. Il serait bon de mettre fin à cette persécution sociale et religieuse qui relève d'un autre temps. C'est une simple question d'humanisme.

Un petit rappel historique s'impose. Ce n'est que le 27 juillet 1982 que la France vote l'abrogation du délit d'homosexualité, à l'initiative de Robert Badinter.

L'homosexualité est retirée de la liste des maladies mentales de l'OMS seulement en 1991. En France, la loi du 30 décembre 2004 créant la « Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité » a, pour lutter contre l'homophobie, complété les dispositions de la loi sur la presse de 1881 en faisant des délits de l'injure, la diffamation, l'incitation à la haine ou à la discrimination envers des personnes ou groupes de personnes en raison de leur orientation sexuelle par tous les moyens d'expression publique.

De nos jours, les actes homosexuels sont encore passibles de peine de mort dans sept pays : Afghanistan, Arabie saoudite, Iran, nord du Nigeria, Mauritanie, Soudan et Yémen. Ces législations sont effectivement appliquées. L'homosexualité est toujours punie d'emprisonnement (de quelques mois à la perpétuité), de sévices corporels, de déportation ou de travaux forcés dans une soixantaine de pays dont : Algérie, Bangladesh, Botswana, Cameroun, Chine, République démocratique du Congo, Émirats arabes unis, Équateur, Éthiopie, Îles Fidji, Guyana, Jamaïque, Kenya, Libye, Malaisie, Maroc, Mozambique, Nicaragua, Nigeria, Oman, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Tanzanie, Togo, Zambie. Cette liste n'est pas exhaustive. En Grande Bretagne l'interdiction des homosexuels était en vigueur dans l'armée jusqu'à il y a un an.

Rappelons aussi que de 1941 à 1945 de nombreux homosexuels furent déportés dans les camps de concentration nazis. Le triangle rose qu'ils portaient sur la poitrine est devenu, avec le drapeau arc-en-ciel, l'un des symboles de ralliement gays.

Que l'hostilité envers les homosexuels relève de la peur irrationnelle ou bien de la désapprobation morale, elle a dans tous les cas des conséquences dommageables. Une enquête publiée par l'Institut de veille sanitaire (InVS) indique que les tentatives de suicide sont cinq fois plus élevées chez les homosexuels que chez les autres, et encore plus chez les moins de 25 ans. Cela doit nous interpeller. Le rejet systématique de l'homosexualité par la société est dévastateur. Force est de constater que les préjugés homophobes sont toujours aussi tenaces, malgré les avancées législatives. Les passages à tabac, les moqueries, les mises à l'écart, les insultes « tapette », « tantouse », « pédé », etc. sont monnaie courante.

Certains argueront qu'ils ne sont pas homophobes, au sens où ils n'ont ni peur des homosexuels ni peur de devenir homosexuel, mais voient dans l'homosexualité une perversion morale. Ce débat sémantique n'a aucun sens, il ne fait que dissimuler les conséquences de l'homophobie : humiliation, isolement, exclusion, solitude, repli sur soi, dépression et suicide.

Les hommes politiques Emmanuel Hamel, François Abadie et Bernard Seillier ont, en séance de lecture au Sénat lors des discussions sur le Pacs, déclaré, entre autres, que l'acronyme Pacs signifiait « Pacte de contamination sidaïque » ou bien que « les citoyens normaux n'ont pas à payer pour les pédés », ou enfin que le projet en question était une « quête pathétique des homosexuels à l'égard du mariage, [qui] allait précipiter la société vers une aggravation de ses pathologies, déjà perceptibles par la drogue, les suicides... ». Les débats sur le PACS à l'Assemblée nationale seront prétextes à certaines répliques : « Il n'y a qu'à les stériliser », « et les animaux de compagnie ? ».

On a tout entendu lors de ce débat, que le Pacs détruirait la structure familiale et remettrait en cause les fondements mêmes de la société. La droite a eu un comportement honteux, excessif et lâche lors de la discussion. Seule Roselyne Bachelot a démontré tout son courage et sa force de conviction à la tribune en se prononçant en faveur de cette mesure.

Le député UMP Christian Vanneste avait affirmé que l'homosexualité était « une menace pour l'humanité ». « Je n'ai parlé que d'infériorité morale et sociale du comportement homosexuel par rapport au comportement hétérosexuel qui conduit au mariage et à la procréation » ou encore « L'homosexualité n'est pas innée, mais acquise [...]. Si l'homosexualité est acquise, elle peut aussi être rééduquée. »

On peut estimer que l'homophobie est un effet de l'« hétérocentrisme », c'est-à-dire la suprématie du modèle social hétérosexuel, présenté comme le seul existant par défaut dans les sociétés actuelles.

Curieusement, lorsque l'on parle de l'homosexualité, on pense davantage à l'union de deux hommes qu'à l'union de deux femmes, comme si la première était plus à même de choquer. Une hypothèse est que l'homophobie n'est qu'une conséquence de la conception machiste de la société aussi bien chez les hommes que chez les femmes, qui impose à l'homme un devoir de domination et de virilité. Ce carcan interdit à l'homme d'apparaître en situation d'infériorité. La femme est son faire-valoir. Cela explique que les hommes efféminés soient traités de « tapette » puis de « pédé », et qu'inversement tous les homosexuels soient perçus comme efféminés. L'homme pénétré effraie l'homophobe car il contredit l'ordre « naturel » des choses, comme si la pénétration d'un homme pouvait être le symbole d'une perte d'intégrité et de virilité. En sorte, c'est le fait qu'un homme puisse être pénétré qui contredit le schéma stéréotypé dévolu aux sexes : la femme est passive, l'homme actif. Or, entre deux hommes, la notion de rôle actif et de rôle passif est réduite à néant.

On en est arrivé à l'équation homosexuel = efféminé = faible = séropositif = pervers = malade. Cet amalgame immonde est une arme de destruction massive.

Une expérience menée par l'American Psychologist Association montre que l'homophobie peut être le résultat de désirs homosexuels refoulés : sur un public d'hommes se disant hétérosexuels - et se déclarant homophobes ou non - auxquels on a fait visionner des images érotiques homosexuelles, 44% des non-homophobes ont montré des traces d'excitation, contre 80 % des homophobes. De même, 24 % des non-homophobes étaient en érection complète contre 54 % pour les homophobes.

On trouve le plus grand nombre d'homophobes parmi les hommes, surtout les jeunes. L'homophobie peut être simplement culturelle ; ce n'est ni une peur innée ni une réflexion construite qui en est à l'origine, mais souvent un trait culturel acquis au contact d'une société globalement homophobe par habitude. Beaucoup des jeunes se disant dégoûtés par l'homosexualité n'ont en effet aucun avis réel sur la question et ne sont pas capables d'expliquer leur homophobie. Celle-ci fait partie de la culture dans laquelle ils se développent, souvent influencée par la religion.

Sida

Ajoutons que le Sida a considérablement retardé la lutte contre l'homophobie, une grande partie de la société étant persuadée que les pratiques homosexuelles étant plus libres et supposées plus dangereuses, les homosexuels contribuent plus que les autres à propager le Sida. Cela a renforcé l'idée d'une communauté homosexuelle. Enfin, cessons de parler de communauté homosexuelle. A-t-on déjà parlé de communauté hétérosexuelle ? Le fait d'accorder un statut spécial participe de la discrimination. L'orientation sexuelle ne constitue pas la caractéristique première, essentielle et congénitale d'un être humain ! Ce n'est qu'une des nombreuses composantes de la personnalité. Dans le même ordre d'idée, la Gay Pride est peut-être contre-productive car elle véhicule une image unique et fantaisiste.

Condamnation religieuse

Dans une lettre datée de 1986, le cardinal Ratzinger, aujourd'hui devenu pape sous le nom de Benoît XVI, décrivait l'homosexualité comme un « mal moral », « un désordre objectif qui est contraire à la sagesse créatrice de Dieu ». Mgr Ratzinger recommandait qu'un « souci spécial devrait être porté sur les personnes de cette condition, de peur qu'ils soient menés à croire que l'activité homosexuelle est une option moralement acceptable ». Il concluait sa lettre en souhaitant que soit retiré « tout appui envers un organisme qui cherche à contredire ces enseignements ».

En juillet 1992, le Vatican envoie une lettre aux évêques américains signée par le cardinal Ratzinger, dans laquelle les discriminations envers les homosexuels sont justifiées dans certains domaines : le droit à l'adoption, les homosexuels dans l'armée, l'homosexualité des enseignants. Ratzinger soutient que tenir compte de l'orientation sexuelle n'est pas « injuste ». Poursuivant le raisonnement, il n'hésite pas à affirmer qu'en demandant des droits, les gays et les lesbiennes encourageraient les violences homophobes. « Ni l'Église ni la société ne devraient être étonnées quand les réactions irrationnelles et violentes augmentent ».

Le grand rabbin Richard Wertenschlag tenait les propos suivants dans Lyon Capitale le 13 février 2007

“Les homosexuels ont des problèmes médicaux de type génétique ou des problèmes de pulsions. Il faut donc mettre des parapets, des limites, ou alors on devient une société décadente avec des zoophiles et des pédophiles.”

“L'homosexualité est contraire aux codes voulus par Dieu.”
“Il ne faut pas aller plus loin que le Pacs qui est déjà une grande concession !”
“Les homosexuels n'ont pas de respect pour les croyants puisqu'ils voulaient faire une gay pride à Jérusalem. Pourquoi pas sur la place Saint-Pierre ou à la Mecque ?”

Le mufti suprême de la région de Talgat Tajuddin en Russie a également déclaré à l'occasion de la Gay Pride : "S'ils vont dans la rue, il faudra les frapper. Tous les gens normaux le feront, qu'ils soient musulmans ou orthodoxes." Il a ajouté que le prophète Mahomet a ordonné de tuer les homosexuels, car "leur comportement conduirait à la fin de l'espèce humaine".

Les « fidèles » prennent désormais de plus en plus leurs distances avec ces directives, mais le chemin pour le « désendoctrinement » reste long.

Enfin, les « homophobes tolérants (!) » qui disent ne rien avoir contre l'homosexualité du moment qu'elle est dissimulée, ou du moins pas affichée, condamnent de fait les homosexuels à l'isolement : sur son lieu de travail, dans sa famille ou son cercle d'amis, on imagine mal l'intéressé dire « ce week-end avec ma copine... » comme les autres.

Alors ceci est un appel à tous les progressistes. Nous sommes au XXIe siècle. Tous ceux qui se font les chantres de l'antiracisme devraient être aux premières loges de la lutte contre l'homophobie, bien plus destructrice. Car contrairement au racisme, la victime ne peut pas se tourner vers un soutien familial ou communautaire. Nous ne pouvons plus tolérer cette violence gratuite.

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