dimanche 15 juillet 2007

L'homosexualité et le foot !


l’homosexualité et le foot

S’il y a bien un sujet tabou dans le monde machiste du football, c’est bien celui de l’homosexualité. Retour sur un sujet tabou voir tragique. A méditer.



zoom - galleria Le football est peut-être le dernier sport médiatique à refouler l’homosexualité. Un sujet véritablement tabou, alors que le tennis en a fait une « tendance » avec le coming-out de Martina Navratilova et de notre française Amélie Moresmo. Si on devait rentrer dans le cliché, le joueur de foot doit avoir de grosses voitures, être à la pointe de la mode, ou encore faire de la pub pour McDo. Alors que les footballeurs sont les premiers à monter au créneau afin de dénoncer le racisme ou encore pour des œuvres caritatives, l’homophobie reste une attitude fréquente dans le milieu professionnel comme amateur. Une cause que tente de défendre une association comme le club de foot : Paris Football Gay. Une attitude nihiliste symbolisée par les propos de David Ginola : « Je n'ai jamais croisé quelqu'un du côté obscur de la force au cours de ma carrière. », faisant de l’homosexualité un tabou au sens biblique de la chose. Une attitude paradoxale alors que le joueur de football n’a jamais autant véhiculé une attitude métrosexuelle. On utilise ce terme pour qualifier des personnes qui font très attention à elles, prennent soin de leur corps, de leur alimentation, etc. Un comportement à la frontière entre l’homosexualité et l’amour tel que le conçoit la Bible. Selon Philippe Liotard, chercheur à l’université de Lyon, « cette négation est révélatrice d'un malaise. Comme si le sport pouvait échapper aux statistiques démographique ». Des études récentes ont prouvé qu’il y a entre 5 et 10% de gays dans notre société. Ce chiffre est indicatif, car la population gay pourrait être bien plus importante sans la barrière des préjugés et des tabous. Alors pourquoi le monde du foot échapperait à ce phénomène ?

Récemment, Andrew Walmsley et Corny Littman, respectivement présidents des clubs de Stonewall (Angleterre) et Sankt Pauli (Allemagne), réputés pour leur engagement en faveur de la cause gay, ont tenté de faire bouger les choses en déclarant connaître des joueurs gays dans les clubs de l’élite en Angleterre, ainsi que dans les sélections nationales. Walmsley ajoutait aussi: « Mais faire son coming-out n'est pas envisageable ». Non seulement ce n’est pas envisageable mais de plus cela peut s’avérer tragique. Ainsi, dans l’histoire du football, trois cas de coming-out ont été recensés. Deux ont fini par une tragédie. Le premier fut Heinz Bonn, un défenseur allemand d’Hambourg dans les années 70, retrouvé assassiné par un prostitué le 5 décembre 1991 dans son appartement d’Hanovre après avoir au préalable sombré dans l’alcool. Autre cas, toujours aussi morbide, avec l’ancien international anglais : Justin Fashanu. D’origine nigériane, il avait vendu ses confessions au News of the World pour 80 000 livres (118 300 euros) en 1990, alors qu’il était encore en activité. On le retrouvera pendu le 2 mai 1998 après avoir été accusé d’abus sur mineur. On peut également citer les noms de l’Uruguayen Wilson Oliver qui a fait son coming-out dans la revue Gay Barcelona. Il devra arrêter sa carrière en raison de la discrimination et de la marginalisation dont il souffre. De même l’arbitre international néerlandais, John Blankenstein, a été écarté de la Coupe du Monde 1990. Pas besoin d’aller chercher hors de nos frontières des témoignages concernant l’homosexualité dans le milieu du foot. Ainsi, en 2001, Jonathan Denis, alors jeune journaliste, a vécu une « belle histoire compliquée » avec un joueur de Sochaux. Il raconte: « Ce joueur sortait avec une fille, avec qui il s'est marié depuis. Sochaux, c'est une petite ville, et notre relation s'est ébruitée. Professionnellement, ça a été un drame pour lui. Du jour au lendemain, il n'était plus sur la feuille de match et ses coéquipiers le regardaient de travers. Il a été totalement exclu du groupe. Ça l'a déprimé et il a dû changer de club ». Au niveau amateur, Yoann Lemaire, joueur de division d’honneur avait décidé de faire son coming-out auprès de ses coéquipiers afin de soulager sa conscience. Finalement mal lui en pris, comme il le confie : « Je me suis planté. C'est une catastrophe. Jamais je ne conseillerai à un joueur de foot de révéler son homosexualité. Je comprends que les pros ne veuillent pas le faire. C'est le meilleur moyen de briser sa carrière et de faire fuir les sponsors. Je ne suis même pas sûr que ça puisse avoir un effet positif. Parce que si ça se passe mal pour le joueur, ça se retournera contre tous les homos ». On voit que le football a encore des efforts, d’énormes efforts, à faire afin de se libérer de son tabou. Des phrases telles que celles tenues par Didier Deschamps, « Cette couleur [le rose du maillot de la Juve ] ne me plaît pas parce qu'en France c'est la couleur des p**** », ou encore Louis Nicollin, « Quelle bande de p**** d'avoir raconté ça [que les matches de Montpellier étaient arrangés] », ne font rien pour libéraliser un phénomène qui ne devrait plus de nos jours être tabou. Il faudra beaucoup de patience, ou le coming-out d’un grand nom du football afin d’en finir une bonne fois pour toute par un mal qui cache une discrimination latente.

L’homosexualité est bien plus qu’un sujet marrant pour les comptoirs de café, il est un sujet tabou qui parfois se termine en véritable tragédie pour les personnes concernées. Donc, pour faire évoluer les mentalités, je ne vous demande pas de comprendre les footballeurs gays mais de les tolérer. Interrogez-vous sur cette question : un footballeur est-il moins fort s’il est gay ? Je vous laisse le soin de répondre à la question, j’ai mon avis à vous d’avoir le votre.

Sébastien Renard

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