lundi 16 juillet 2007

Ne pas se taire !




Ne nous taisons pas sur les violations des droits de l’homme en Turquie !


Publié le : 15-07-2007



Lettre d’information de la Commission LGBT pour les droits de l’homme
(Collectif Kaos – Lamba – MorEl – Pembe Hayat)

(traduction Yevrobatsi)


Les associations homosexuelles d’Ankara, d’Istanbul et d’Izmir tiennent à rappeler les violations des droits de l’homme que subissent les gays, les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels. Nous lançons un appel à toutes les personnes concernées par la discrimination et la violence.

Jusqu’à maintenant, les personnes homosexuelles n’entraient en contact avec les associations homosexuelles que lorsqu’elles étaient soumises à une forme de discrimination et de violence. Toutefois, ces associations ne pouvaient enregistrer les informations de manière régulière, ou elles le faisaient en oubliant des points importants destinés à assurer la véracité des faits, dans le « cadre du dossier ». Elles ne pouvaient ensuite ni accéder aux informations consignées, ni suivre le processus de l’enquête.

Alors que ces mêmes associations homosexuelles déclarent haut et fort lutter pour les droits de l’homme, elles apportent en général des réponses standard et mémorisées aux violations que subissent les personnes homosexuelles, faisant l’impasse sur des questions telles que : « Combien de violations ces personnes ont-elles subi l’année dernière et comment se répartissent ces violations ? » ou « Quelles sont les violations les plus fréquentes ? ». En outre, les autres organisations de défense des droits de l’homme [en Turquie] ne s’intéressent pas de manière systématique aux victimes homosexuelles et ne recourent pas systématiquement aux dispositifs de défense de ces droits dans leur cas.

Prenant acte de ces manques et de ces urgences, des associations telles que Kaos GL à Izmir, Pembe Hayat (La Vie en rose) et Lambda Istanbul ont commencé à travailler sur un projet intitulé « Un usage efficace des dispositifs de défense des droits de l’homme pour les personnes LGBT ». Grâce à ce projet, conçu pour résoudre l’ensemble de ces problèmes, et à la mobilisation des associations homosexuelles, le but est de leur permettre d’utiliser les dispositifs nationaux et internationaux de défense de ces droits, et aussi de mettre un terme, contrôler et recenser les violations que subissent les personnes homosexuelles.
Les associations Kaos GL et Pembe Hayat à Ankara, Kaos GL à Izmir et l’association LGBT Lambda à Istanbul lancent un appel à toutes les personnes homosexuelles pour qu’elles fassent état des violations des droits de l’homme qu’elles subissent.

Nos libertés d’association ne s’arrêteront pas !

En tant que personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels), nos droits sont violés dans tous les domaines de notre existence et nous subissons une discrimination. Et pourtant, lorsque nous voulons lutter contre ces abus et cette discrimination, on empêche notre Collectif d’agir. Plusieurs obstacles bureaucratiques, institutionnels et sociaux font barrage à la mise en place d’associations de personnes LGBT. Nous devons lever ces obstacles.
Nous pensons que les violations à l’encontre des associations LGBT, qui se sont produites en mai dernier contre la liberté de conscience, d’expression et d’association, sont graves, car elles témoignent des problèmes que rencontrent les personnes LGBT dans ce domaine. Au nom de la démocratie et d’un monde de liberté, nous demandons l’élimination de tous les obstacles à la liberté d’association.
Lorsque nous voulons créer une association en tant qu’homosexuels, ils veulent nous en empêcher, en brandissant l’article « Nul ne peut former une association contraire à la loi et à la morale ». En refusant le classement de l’affaire par le service du directeur des poursuites, Kaos GL a achevé son processus d’organisation. Toutefois, les mutuelles LGBT Lambdaistanbul et Pembe Hayat (La Vie en rose), qui demandent un même statut d’association, sont confrontées à des obstructions de la part des gouverneurs d’Ankara et d’Istanbul. Après les avoir enregistrées au service des associations, ces deux services ont demandé par lettre au bureau du procureur la fermeture de ces deux associations.

Les Directions des poursuites à Ankara et à Istanbul ont à nouveau refusé le dossier du service des associations, au motif que ces associations ne contrevenaient pas à la loi et à la morale. Mais les services des associations des gouverneurs d’Ankara et d’Istanbul ont contesté cette décision et en ont appelé à la juridiction supérieure. La 5e Cour d’assises d’Istanbul décida d’instruire le dossier. Actuellement, la mutuelle LGBT Lambdaistanbul, qui avait lutté pour les droits des homosexuels, fait l’objet d’une demande de fermeture. Notre association ne peut être fermée. Notre liberté d’association ne s’arrêtera pas !

Par ailleurs, la mutuelle LBGT Pembe Hayat, après avoir organisé une assemblée générale, agissant ainsi en accord avec la décision de la Direction des poursuites, a été frappée d’une amende de 498 livres turques, au motif d’avoir « organisé une assemblée générale avant la date légale », attitude discriminante et restrictive des libertés quant aux moyens d’organiser une ONG, qui n’est pas démocratique, mais contraire au développement de la société civile. Nous protestons contre cette attitude. Nous condamnons les interventions non civiles à l’encontre de la société civile.

Le 15 mai 2007, les militants se sont rendus au commissariat d’Esat pour faire une déclaration de presse afin de protester contre les détentions arbitraires, les mauvais traitements et les amendes injustes, dans ce même commissariat qui utilise la loi criminelle contre les drag-queens et les transsexuels. Mais les policiers qui étaient en service tentèrent de les en empêcher. Aux yeux de la presse, les membres de la mutuelLe LGBT Pembe Hayat ont été soumis à de mauvais traitements et à la torture. Nous ne permettrons pas ces entraves à notre liberté de pensée, d’expression et d’association. Nous continuerons à dénoncer les violations des droits de l’homme et à nous battre pour les droits des homosexuels.

La section turque d’Egitimsen Hatay Dortyol a déposé une plainte criminelle contre l’association étudiante LGBT de l’Université Bilgi d’Istanbul au motif qu’elle avait autorisé une association d’étudiants homosexuels. Le Haut Conseil de l’Education (YOK) a aussi ouvert une enquête contre l’université Bilgi d’Istanbul et demandé à être défendu. Nous condamnons ces tentatives contre la liberté d’association des lesbiennes, des gays, des drag-queens et des transsexuels.

L’accès aux sites internet des associations Kaos GL, Pembe Hayat et Lambdaistanbul est bloqué sur tous les ordinateurs du campus de l’Université Anadolu à Eskisehir. Les étudiants de cette université lisent un avertissement « Sujet gay, lesbien et bisexuel » ou « Contenu adulte », avec un encadré « L’accès à ce site est bloqué ». Ce blocage est une violation des droits de l’homme contre la liberté de pensée, d’expression et d’association des personnes LGBT. Nous protestons contre cette attitude à notre encontre et ce déni contre la liberté d’expression, d’information et de communication des personnes LGBT, qui n’est dû qu’au fait que nous sommes lesbiennes, gays, drag-queens et transsexuels !
Ces tentatives de déni contre l’organisation des personnes LGBT constituent une discrimination et une agression contre la liberté d’association.

Nous ne resterons pas silencieux sur ces agressions.