dimanche 21 janvier 2007

Rubrique cinéma...



LES FILLES DU BOTANISTE
Dans le jardin des interdits

Valérie Lesage


Dans un pays qui a quasiment consacré le mariage gai, on oublie parfois qu’ailleurs dans le monde, l’homosexualité est non seulement taboue, mais interdite. Les Filles du botaniste, dont l’histoire se situe dans la Chine des années 80, vient nous rappeler le sort cruel réservé aux couples de même sexe à une époque encore récente.

Li Min (Mylène Jampanoï), une jeune orpheline, part étudier chez un botaniste réputé. Intimidée par cet homme froid et autoritaire, elle trouve néanmoins la douceur et le réconfort chez la fille du professeur. Obligée de partager la vie solitaire de son père, au cœur d’un jardin insulaire isolé, An se réjouit de l’arrivée de la stagiaire.

Petit à petit, les deux jeunes femmes voient leur amitié se transformer en histoire d’amour passionnée. Et elles imaginent une dangereuse solution pour ne plus se séparer.

Le scénariste et réalisateur Dai Sijie (Balzac et la petite tailleuse chinoise) s’applique à montrer la naissance de l’amour à force de petits détails, surtout à travers le regard de l’orpheline. Il le fait dans une savoureuse lenteur et en résulte une délicate sensualité, magnifiée par des images d’une grande beauté, tournées dans la campagne viêtnamienne. (Évidemment, la Chine n’aurait pas autorisé le tournage d’un film qui se trouve à dénoncer son manque d’ouverture à l’égard de l’homosexualité.)

Toutefois, le parti pris du réalisateur pour un esthétisme très soigné semble parfois devenir un piège. Comme si, en voulant faire beau, il oubliait parfois de faire vrai. Comme si l’émotion parvenait mal à traverser le vernis des images.

Ici et là, on se dira que ça frôle la mièvrerie. Par contre, il faut bien se rappeler que cette histoire, c’est le premier amour de deux jeunes filles qui ont tout à découvrir et qui n’ont jamais eu sur elles de regards aussi caressants.

On se dira aussi que les personnages du botaniste et de son fils sont montrés sous des dehors un peu simplistes et qu’il aurait mieux valu leur donner un peu plus de profondeur.

Cela dit, Les Filles du botaniste parvient à vraiment toucher dans ses derniers instants. Et en dépit de certaines maladresses, le film est quand même intéressant.

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