lundi 22 janvier 2007

L'Islam est-il homophobe ?....




L'ISLAM EST-IL HOMOPHOBE ?


D’abord, il y a eu l’affaire du Queen Boat et la condamnation à grand spectacle
de 23 homosexuels égyptiens.

Puis vint la mort par décapitation de trois homos en Arabie Saoudite.
De quoi alimenter les pires préjugés sur l’Islam.

Mais la troisième grande religion monothéiste est-elle vraiment homophobe ?

Eléments de réponse.

Source : Jean-François Laforgerie, Didier Roth-Bettoni


Il aura fallu la mort horrible de trois homosexuels décapités en Arabie Saoudite
en raison de leur homosexualité, et la condamnation presque concomitante
de 23 autres en Egypte à des peines de prison pour que le monde s’émeuve et proteste.

Alors qu’en Occident les droits des gays progressent, alors que la société semble accepter
en son sein les homosexuels et entreprend de les protéger contre les discriminations,
cette "justice" d’un autre âge choque.

D’autant que ces affaires surviennent à un moment historique où, à la suite des attentats du 11 septembre
et des menaces des terroristes islamistes, l’Islam dans son ensemble n’a pas très bonne presse
et où tous les amalgames sont possibles.

C’est oublier un peu vite l’extrême diversité de cette religion qui, par sa structure même
(absence d’autorité suprême à l’image du pape chez les chrétiens par exemple),
permet à toutes les interprétations des textes sacrés de coexister et de se développer,
des plus fondamentalistes (comme dans l’Afghanistan des Talibans, en Iran ou en Arabie Saoudite)
aux plus modernistes (celles qui prônent l’adaptation des règles du Coran aux évolutions de la société).

La question homosexuelle ne se pose donc pas de manière uniforme d’un pays à l’autre,
d’une société à l’autre même si on sent bien, depuis quelques années,
la pression de plus en plus grande des groupes les plus extrémistes dans tout le monde musulman : même des pays officiellement laïques
(c’est-à-dire où la Constitution et les lois ne découlent pas de la charia)
comme la Turquie ou l’Egypte y sont soumis.

Fragilisés, les pouvoirs de ces pays sont acculés à donner des gages à leurs opposants :
dans ces conditions, les homosexuels, minorité toujours peu acceptée même si elle n’est pas
explicitement interdite, forment des boucs émissaires idéaux.

C’est à l’évidence une des raisons de la médiatisation, voulue par le ministère égyptien de l’Intérieur,
du procès qui a abouti à la condamnation des 23 Egyptiens, ce qui a eu également pour résultat
de détourner l’attention de la crise que traverse par ailleurs le pays.

On avait connu un phénomène équivalent en Malaisie en 1998 lorsque le chef de l’Etat
avait fait emprisonner son plus dangereux rival sur l’accusation de "sodomie",
ce qui suffisait à jeter sur lui le discrédit et l’opprobre.

Le cas de l’Arabie Saoudite est différent puisque ce pays, l’un des plus rétrogrades du monde,
a toujours appliqué ce type de sentence. Ce qui a changé, c’est le fait que l’Occident,
sensibilisé aux atteintes aux droits de l’homme (dans lesquelles est incluse désormais l’homophobie),
s’est ému publiquement de ce qui jusque-là passait inaperçu.

La situation actuelle est donc complexe et il est un peu rapide de taxer l’Islam
dans son ensemble d’homophobie. Car contrairement à ce que tentent de laisser croire les fondamentalistes,
il n’existe pas qu’un seul Islam qui serait celui, appliqué à la lettre, des origines.

Certes, comme la Bible ou la Torah, le Coran n’est guère tendre envers les homosexuels,
et comme dans l’Eglise catholique et chez les Juifs, les hiérarques religieux ont tendance aujourd’hui
encore à rejeter les homosexuels.

Mais c’est, à l’inverse de ce qui existe en Occident où l’Eglise et l’Etat sont généralement séparés,
l’imbrication de plus en plus profonde des Etats et d’une religion incarnée par ses extrémistes
les plus virulents qui pose si crûment le problème.

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